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L'infarctus en baisse chez les hommes
Publié le 06/11/2012
INFOGRAPHIE - En revanche, les cas augmentent chez les femmes jeunes, du fait du tabagisme.
C'est plutôt une bonne nouvelle pour tous ceux qui œuvrent à la prévention en particulier, mais aussi pour tous les Français. Le nombre de personnes hospitalisées pour infarctus du myocarde dans notre pays a baissé de manière régulière au cours des dernières années, entre 2002 et 2008. Sauf, pour les femmes de 35 à 54 ans, pour qui l'attaque cardiaque est en augmentation nette depuis quelques années. Ces données, publiées mardi 6 novembre dans le
Bulletin épidémiologique hebdomadaire, montrent que la prise en charge des facteurs de risque cardiaque va dans le bon sens mais qu'il faut désormais s'intéresser aux femmes, souvent encore exclues du dépistage et de la prévention du risque coronarien.
Pour ce qui est de la mortalité par infarctus et non plus seulement des hospitalisations, la tendance est également à la baisse depuis deux décennies environ. Cette diminution de la mortalité ne peut pas être mise seulement sur le compte de la prévention, mais elle est aussi liée aux améliorations du traitement de l'infarctus, avec la thrombolyse (dissolution médicamenteuse d'un caillot obstruant une artère du cœur) ou l'angioplastie (ouverture mécanique de la lumière de l'artère obstruée) en urgence.
Moins d'infarctus chez les plus de 65 ansLe fait de s'intéresser à l'évolution du nombre de cas d'infarctus dans le temps (et pas seulement à la mortalité) permet de vérifier la pertinence des stratégies de prévention, qui passent par la lutte contre le tabagisme, l'obésité, l'hypertension, le diabète, l'hypercholestérolémie… Pour mesurer l'évolution de l'infarctus, les médecins de l'Institut de veille sanitaire, de la Caisse nationale d'assurance-maladie et du service de cardiologie de l'hôpital Georges-Pompidou, à Paris, se sont penchés sur les bases nationales de données produites par l'Agence technique de l'information sur l'hospitalisation pour les années 2002-2008. Pour l'année 2008, 56 102 personnes ont été hospitalisées en France pour un infarctus. Globalement, 66 % d'entre elles étaient des hommes, 33 % des femmes. Les moins de 65 ans représentent 40,5 % des cas et les 65-84 ans, 44,5 %. L'âge moyen au moment de l'hospitalisation est de 68,2 ans, mais il est plus bas pour les hommes (64,5 ans) que pour les femmes (75,5 ans).
Au-delà de ces données brutes qui affichent encore une très nette prédominance masculine, c'est l'évolution dans le temps qui est le plus remarquable: entre 2002 et 2008, le nombre de personnes hospitalisées pour infarctus a diminué de 7,4 %. En particulier, le nombre de cas a nettement diminué chez les personnes de plus de 65 ans (-13,6 %) mais a augmenté chez les plus jeunes ( 3,6 %). Mais si l'on tient compte de l'augmentation de la population et de son vieillissement, le taux (standardisé sur l'âge) des patients hospitalisés pour infarctus a diminué pendant cette période de 17,2 %.
Tabac, diabète et obésitéLa comparaison entre hommes et femmes, de 2002 à 2008, apporte des éléments préoccupants en ce qui concerne les secondes. Ainsi, pour ce qui est de la gent masculine, la baisse des hospitalisations pour infarctus touche toutes les tranches d'âge mais est le plus marquée pour les plus de 65 ans. Chez les femmes, on observe une augmentation nette chez les moins de 65 ans, associée à une réduction chez les plus âgées. Comment expliquer l'évolution favorable pour les hommes et défavorable pour les femmes? «Les études transversales réalisées à plusieurs reprises par les registres Monica ont permis d'observer une réduction de la prévalence de l'hypertension ­artérielle et de l'hypercholestérolémie…, soulignent les auteurs de l'enquête. Mais trois facteurs de risque vasculaire ont eu une évolution préoccupante en France au cours de la dernière décennie et pourraient être responsables de l'augmentation des infarctus du myocarde chez les femmes jeunes: le tabac, le diabète et l'obésité.»
Par ailleurs, si les données de mortalité après infarctus montrent, elles aussi, une évolution favorable entre 2002 et 2008, avec une baisse de l'ordre de 8 à 10 %, il apparaît que la mortalité des femmes après un infarctus est, là encore, plus importante que celle les hommes. «La réduction des hospitalisations pour infarctus chez l'homme est liée, entre autres, à la baisse du tabagisme chez eux, (65 % de fumeurs en 1965, 30 % aujourd'hui), assure le Pr Daniel Thomas de la Pitié-Salpêtrière). L'augmentation du tabagisme chez les femmes (10 % en 1965, 30 % aujourd'hui) contribue à expliquer la hausse des infarctus, même si d'autres facteurs sont sans doute aussi en cause. Quel que soit le sexe, 80 % des infarctus avant 50 ans sont liés au tabac. Les autres facteurs, comme l'hypercholestérolémie familiale, l'hypertension artérielle sévère, le diabète, sont plus marginaux dans cette tranche d'âge.»