WEB - GOOGLE - CULTURE > Livres
Patrick Deville reçoit le prix Femina
Mis à jour le 05/11/2012 à 15:25 | publié le 05/11/2012 à 14:26
Peste & Choléra figure également sur la liste finale de nombreux prix: le Goncourt (qui sera remis mercredi), le Renaudot, le Médicis, le Décembre, et le Jean-Giono…
Peste & Choléra, roman en forme d'hommage au savant pasteurien Alexandre Yersin, a conquis les dames du Femina.
Le romancier globe-trotteur Patrick Deville vient d'être couronné par le prix Femina pour son dixième roman,
Peste & Choléra (publié au Seuil). Il a donc été préféré par le jury exclusivement féminin aux quatre autres finalistes: Julia Deck pour
Viviane Élisabeth Fauville (Minuit), Jérôme Ferrari pour
Le Sermon sur la chute de Rome (Actes Sud), l'ancien ministre Bruno Le Maire, auteur de
Musique absolue.
Une répétition avec Carlos Kleiber (Gallimard), et Anne Serre pour son bref roman
Petite table, sois mise! (Verdier).
À noter, et c'est rare, que
Peste & Choléra figure également sur la liste finale de nombreux prix: le Goncourt (qui sera remis mercredi), le Renaudot, le Médicis, le Décembre, et le Jean-Giono…
Peu connu du grand public, Patrick Deville, âgé de 55 ans, se voit donc récompensé et consacré, après les succès rencontrés auprès du public et de la critique pour ses romans précédents,
Equatoria et
Kampuchéa. Récit foisonnant, virtuose et baroque,
Peste & Choléra était déjà lauréat du prix du roman Fnac, décerné en août dernier.
Excentrique curieux Le livre est une sorte de biographie romancée d'un ancien élève de Louis Pasteur, Alexandre Yersin, aujourd'hui tombé dans l'oubli. Pourtant, ce chercheur d'origine suisse avait découvert le bacille de la peste, à la fin du XIXe siècle à Hongkong. Préférant aux honneurs les découvertes, Yersin partira pour l'Indochine où il s'installera définitivement.
Cet excentrique curieux et un peu ermite y apprend la botanique, s'initie à l'astronomie, installe une station météorologique, effectue des relevés topographiques des régions inexplorées, franchit les montagnes à dos d'éléphant, cabote sur le Mékong, plante des milliers d'hectares d'arbres à caoutchouc, fréquente la tribu des Moïs… On le retrouve également à Bombay, à Canton… On croise également les fantômes de l'explorateur Morton Stanley, de Rimbaud, de Céline ou du docteur Semmelweis… Ce Yersin ressemble diablement aux grands auteurs que Deville affectionne: Pierre Loti, Joseph Conrad ou Victor Segalen…
«Je vis depuis au milieu de cette petite bande que je croise depuis 1860, composé de pasteuriens, de Laforgue, de Garnier, l'explorateur du Mékong, de tous ces hommes passés par l'École navale de Brest: Segalen, Loti… 1860, c'est aussi le percement du canal de Suez, la redécouverte des temples d'Angkor par Mouhot», expliquait l'auteur, rencontré par
LeFigaro au mois d'août, chez lui, à Saint-Nazaire, où il dirige la Maison des écrivains étrangers et des traducteurs (Meet). Voilà dix ans qu'il a repris en main cette Maison, qui accueille des auteurs nés sous d'autres latitudes et organise chaque année les rencontres internationales Meeting dans la base sous-marine construite par les Allemands en 1941. La prochaine édition aura lieu du 15 au 18 novembre prochain.
Plusieurs ouvrages en chantier Patrick Deville se plaît à Saint-Nazaire, «un lieu industrieux, un chantier». «Les textes qui s'élaborent ici affrontent l'enjeu de la littérature et de sa lecture», poursuit-il. C'est ici que le Cubain Reinaldo Arenas a écrit son testament, que la Meet a publié, tout comme ceux de Gao Xingjian, dix ans avant son prix Nobel. Saint-Nazaire, la ville sortie de mer par les frères Pereire, celle des transatlantiques, des chantiers navals. Et c'est dans cet appartement des résidents que son ami Jean Rolin a écrit son
Ravissement de Britney Spears… Il suffit, depuis la terrasse du Skipper, de regarder Deville s'émerveiller du mouvement des cargos et de l'élévation des grues, de l'écouter parler de l'embarquement de Maïakovski pour le Mexique, de déambuler avec lui dans la base sous-marine pour saisir le personnage et ses livres trotteurs. «La poésie de cette ville est inépuisable, ses mouvements mécaniques, son ciel qui sans cesse semble repousser la mer.»
Patrick Deville a plusieurs ouvrages en chantier: un roman sur le Mexique, où l'on croisera Frida Kahlo, Modotti, Maïakovski… un «roman français» sur son enfance.
Son prochain départ sera pour Tahiti, sur les traces de Gauguin, Melville, Segalen… «Il a changé de vie, il a choisi la mer, il a connu le bonheur des quais et des grues, des embarquements à l'aube, des mouvements des navires, le chant du soir sur les vagues molles et jaunes de l'Asie.»
Le prix Femina du roman étranger a été attribué à
Certaines n'avaient jamais vu la mer, de Julie Otsuka (Phébus), roman poignant qui raconte le destin tragique de milliers de jeunes Japonaises émigrées aux États-Unis entre les deux guerres.
Le prix Femina de l'essai couronne
Ethno-roman de Tobie Nahan (Grasset). Tobie Nathan est le représentant le plus connu de l'ethnopsychiatrie en France.