Comment la France pourrait vaincre l'Espagne

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Comment la France pourrait vaincre l'Espagne

Publié le 15/10/2012 à 12:30


Le joueur espagnol Sergio Ramos


L'entraîneur espagnol Vicente Del Bosque

FOOTBALL - Au moment de défier une équipe qui n'a perdu que deux matches officiels depuis son sacre européen de 2008, il est légitime de se poser cette question : les Espagnols sont-ils réellement invincibles ? Ou bien existe-t-il des failles dans la cuirasse ibérique ?

Depuis le sacre européen de la Furia Roja en 2008, seulement deux équipes ont réussi l'exploit, puisque c'est le mot qui convient le mieux, de battre l'armada entraînée par Vicente Del Bosque. Et l'identité de ces deux «héros» a de quoi surprendre. En effet, il s'agit des Etats-Unis, tombeurs de l'Espagne (2-0) en demi-finales de la Coupe des Confédérations 2009, et de la Suisse, vainqueur (1-0) des Ibères en ouverture de la Coupe du monde 2010. Soit deux équipes qui n'ont rien de poids lourd du football mondial et dont il est permis de penser qu'elles ont, chacune à leur façon, su profiter d'un manque de concentration de la part des Espagnols. Ou peut-être d'un brin de suffisance, même si ce défaut ne fait pas véritablement partie de leur vocabulaire. En revanche, lors des dix derniers matches à élimination directe qu'ils ont disputés en phase finale (les Euro 2008 et 2012, le Mondial 2010), les Ibères ont réalisé le tour de force de n'encaisser… aucun but. Une imperméabilité qui ne fait qu'entretenir leur réputation d'invincibles. Mais est-ce vraiment le cas ?

Paradoxalement, alors que l'équipe de France s'apprête à défier l'ogre espagnol à Madrid, il serait tentant de faire de la défense ibérique son talon d'Achille. Pour une raison très simple : Carles Puyol et Gerard Piqué sont tous les deux absents. Or, pour Jean Fernandez, l'entraîneur de Nancy, aucun doute possible : «L'Espagne est plus forte avec eux.» Et le pire pourrait encore survenir si Sergio Ramos, touché face à la Biélorussie vendredi dernier, n'était pas en mesure de tenir sa place. Mais cela ne devrait pas arriver et le Madrilène devrait être aligné dans l'axe, aux côtés soit de Sergio Busquets comme à Minsk, soit de Javi Martinez. Donc dans un cas comme dans l'autre, deux milieux de terrain de formation qui auraient pour mission de dépanner. Autre déficience potentielle mise en avant par Rudi Garcia : «Sur le côté droit, c'est une équipe qui se cherche un peu. Arbeloa est le titulaire du poste. C'est un joueur très bon défensivement, mais qui apporte peu offensivement. S'il y a une faiblesse, elle se situe certainement là. Surtout s'il y a des absents en charnière centrale.» Et sur le flanc gauche, si Jordi Alba est un formidable latéral sur le plan offensif, défensivement en revanche, ses innombrables montées peuvent fragiliser l'équilibre de l'arrière-garde espagnole.

Néanmoins, pour espérer exploiter l'éventuelle faiblesse en défense de l'Espagne, il convient tout d'abord de remplir deux préalables. Le premier consiste à… bien défendre soit même. Ce que n'avait pas su faire les Bleus lors du quart de finale du dernier Euro en encaissant un but dès la 19e minute de jeu. Pour envisager de contrarier l'Espagne, il est effectivement impératif de ne pas être mené au score car les 42 dernières fois que la Furia Roja a ouvert la marque, elle s'est toujours imposée. Difficile de faire statistique plus éloquente. A contrario, lorsqu'elle est menée, la formation ibérique ne gagne plus qu'une fois sur deux. Or, pour marquer d'abord, la France devra absolument faire preuve d'une meilleure utilisation du ballon qu'à Donetsk en juin dernier. Pour Garcia, «contrairement à Barcelone dont son jeu s'inspire beaucoup, l'Espagne est moins forte dès qu'il s'agit d'opérer un pressing très haut à la perte du ballon. Du coup, il y a une possibilité de pouvoir mieux sortir le ballon pour attaquer et leur poser des problèmes.»

Zinédine Zidane, lui, insistait dans les colonnes de L'Equipe sur le fait d'aller «la chercher le plus haut possible. Il y a plus de possibilités comme ça, car les Espagnols n'aiment pas être titillés ou pressés.» Un avis que rejoignait Ottmar Hitzfeld, l'entraîneur de la Suisse lors de la Coupe du monde 2010 interrogé par France Football : «Pour avoir une chance d'exploiter les deux ou trois possibilités qui s'offrent à vous face aux Espagnols, et pour les obliger à reculer un peu de temps en temps et à faire ce qu'ils n'aiment pas, à savoir défendre, encore faut-il s'en donner les moyens. Il faut donc aussi savoir jouer avec ses qualités devant.» Et l'entraîneur de conclure, philosophe : «A part perdre, franchement, que peut-il vous arriver de grave contre l'Espagne ?» Alors contrairement à la méthode employée par Laurent Blanc lors du dernier Euro, Didier Deschamps prendra-t-il le risque, à double tranchant certes, de jouer plutôt que de bétonner à Madrid ?