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Face à Kabila, Hollande joue la prudence en RDC
Mis à jour le 13/10/2012 à 22:13 | publié le 13/10/2012 à 19:09
François Hollande, à droite, aux côtés du président congolais Joseph Kabila (à gauche).
En déplacement à Kinshasa pour le 14e sommet de la francophonie, le président français a préféré évoquer la «langue partagée» plutôt que d'insister trop lourdement sur les droits de l'homme.Après l'étape de Dakar, la journée à Kinshasa devait être pour François Hollande l'occasion de réaffirmer les principes de la France. C'était une promesse. Une contrepartie presque à cette visite qui avait donné lieu à de longues hésitations, tant la réélection du président congolais Joseph Kabila, en novembre dernier, fut controversée. Le discours du chef de l'état français était donc attendu.
À la tribune, François Hollande a avant tout tenu, francophonie oblige, à rendre hommage à «la langue partagée». C'est donc en utilisant «les valeurs, les principes et les exigences portées par le français» que le président de la République a distillé ses critiques. «C'est à vous de porter cette langue et ses valeurs», a-t-il insisté s'adressant aux délégués. «La déclaration des droits de l'homme a été écrite en français», a-t-il rappelé alors que la République démocratique du Congo (RDC) est régulièrement dénoncée pour des entraves aux droits fondamentaux. «La démocratie est notre héritage», a-t-il répété avant d'encourager la «lutte contre la corruption et les pillages».
Le président, soucieux d'éviter de passer pour un moraliste, n'a pas oublié d'apporter son soutien à la RDC quand des rebelles, soutenus selon l'Onu par le Rwanda, ont fait naître un nouveau conflit à l'est. «Les frontières du Congo sont intangibles et doivent être respectées», a-t-il affirmé.
Marzouki évoque la «leçon des révolutions arabes»Les attaques sur le régime seront néanmoins restées à fleuret moucheté. «Il n'y rien de surprenant dans ces déclarations», réagissait un proche d'un président africain. «L'idée n'était pas d'être grossier vis à vis de Kabila.», assure-t-on dans l'entourage du chef de l'état. Moins d'une semaine après que le président français a qualifié «d'inacceptable» la situation des droits de l'homme et de la démocratie en RDC, la prudence a un peu surpris. Les messages, selon l'Elysée avaient été passés le matin lors d'un long tête à tête entre les deux hommes , un entretien qualifié de «franc et direct». Et dans la soirée, le président français a reçu le principal opposant, Etienne Tchisekedi.
Au sortir de la tribune, le président s'est toutefois montré plus clair sur ses attentes. «La bataille pour les droits de l'homme demeure» en RDC où «il y a encore des réalités inacceptables», a-t-il déclaré lors de l'inauguration d'une médiathèque à l'Institut français de Kinshasa. «Ici, nous sommes, je l'ai dit, dans une démocratie où le processus n'a pas été encore complet, c'est le moins que l'on puisse dire.»
Un autre coup de griffe est également venu du président la République Tunisienne, Moncef Marzouki. Celui qui s'est lui-même décrit comme «un nouveau venu» a longuement prévenu ses pairs. «La leçon des révolutions arabes est claire. Faites des réformes, des vraies, sinon nous les peuples nous avons les moyens de vous les imposer». L'assistance a accueilli ce constat dans un silence gêné.