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MÉMOIRES DU DÉFUNT PRÉSIDENT CHADLI BENDJEDID : Détails sur une polémique précoce
Par Karim AIMEUR - Jeudi 11 Octobre 2012 -
Le directeur de Casbah Editions, Smaïl Ameziane, affirme que le texte publié par le quotidien El Chourouk «est de la pure spéculation et qu'il ne raconte rien de vrai».
Les Mémoires de l'ancien président Chadli Bendjedid (1979-1992), décédé ce 6 octobre, suscitent la polémique avant même la parution de l'ouvrage.
Dans son édition d'hier, le quotidien arabophone El Chourouk a publié des passages de ce livre à paraître relatant des détails sur l'affaire de l'exécution du colonel Mohamed Chabani le 3 septembre 1964 et la dissolution de l'APN le 4 janvier 1992, alors présidée par Abdelaziz Belkhadem.
Selon El Chourouk, le président Chadli a procédé à la dissolution de l'APN car M.Belkhadem qui devait lui succéder après sa démission, annoncée le 11 janvier 1992, n'arrangeait pas l'institution militaire.
Mais ces détails rapportés par le quotidien arabophone sont contestés par le directeur de Casbah Editions, Smaïl Ameziane, qui prévoit la parution du 1er tome des mémoires de Chadli le 1er novembre prochain.
«Il n'y a rien de vrai dans ce que dit l'article. C'est de la spéculation», nous a déclaré, hier au téléphone, M.Ameziane, arguant que le journaliste d'El Chourouk n'a jamais ouvert des guillemets qui confirment que les propos sont du défunt Chadli. Notre interlocuteur affirme que la version donnée par El Chourouk n'existe pas dans le livre de l'ancien président. Mieux, M.Ameziane affirme que «l'APN n'a jamais été dissoute». Or, ce qui est connu de l'opinion et écrit dans la biographie de Chadli (reprise par l'agence officielle, l'APS), est que le président Chadli a procédé le 4 janvier 1992 à la dissolution de l'APN. On reproche d'ailleurs au président de l'Assemblée à l'époque, Abdelaziz Belkhadem, d'avoir porté plainte auprès de ses «frères» iraniens.
Le signataire de l'article d'El Chourouk, Abdelouahab Boukrouh, a insisté que les faits rapportés «sont bel et bien écrits dans les Mémoires de Chadli».
Sur la fuite de ces informations, une version circule. C'est un membre de la famille Chadli qui, craignant la censure après la mort de l'ancien président, a décidé de porter à la connaissance de l'opinion certains détails notamment sur l'affaire de l'exécution du Colonel Chabani.
Chadli, qui était membre du tribunal désigné la veille du procès du plus jeune colonel algérien par le président Ahmed Ben Bella, était opposé à cette exécution souhaitée et obtenue par le colonel de la Gendarmerie Ahmed Benchérif, selon ce que rapportent plusieurs témoignages parus dans la presse.
Une émission sur cette exécution a d'ailleurs été enregistrée par la chaîne de télévision Ennahar TV avec Chérif Mehdi mais elle n'a jamais été diffusée. Mystère et boule de gomme! Ennahar TV a justifié le report de la diffusion par un problème technique. Mais le fils du Colonel Amirouche, Noureddine Aït Hamouda, a publiquement accusé Ahmed Benchérif d'avoir exercé des pressions pour bloquer toute diffusion de l'émission en question.
La même pression serait-elle exercée sur Casbah Editions pour censurer Chadli et amputer ses Mémoires de certains passages? Smaïl Ameziane souligne d'abord que «la famille Chadli n'est pas concernée par l'édition des Mémoires» et que «c'est Casbah Editions qui se charge de leur publication». Ensuite, M. Ameziane nie catégoriquement avoir subi des pressions concernant la publication des Mémoires du défunt président.
«Smaïl Ameziane n'a jamais subi de pression de la part de qui que ce soit», a-t-il affirmé. En attendant la sortie du livre, il est fort à parier qu'il suscitera les mêmes polémiques et débats comme le dernier livre de Saïd Sadi sur le Colonel Amirouche «Amirouche, une vie, deux morts, un testament» qui est un cas exceptionnel en la matière.