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Coup de filet antiterroriste : les suspects affichaient leurs convictions sur internet
Publié le 08.10.2012, 06h42 | Mise à jour : 16h14
CANNES (ALPES MARITIMES). Le vaste coup de filet de la police a permis l'arrestation de douze personnes suspectées d'appartenir à un réseau terroriste. Ces suspects affichaient leurs convictions jihadistes sur internet
Une douzième personne a été interpellée samedi soir, vers 18 heures, à Torcy, en Seine-et-Marne. En parallèle, de multiples perquisitions ont été effectuées dimanche à Cannes. Les enquêteurs ont jusqu'à mercredi, jour de fin des gardes à vue, pour comprendre comment fonctionnait cette cellule islamiste et déterminer le degré d'implication de chaque membre. D'autres arrestations sont envisagées dans cette affaire selon le ministre de l'Intérieur Manuel Valls.
Interrogé lundi matin sur RTL, le ministre de l'Intérieur Manuel Valls a annoncé «sans doute, peut-être» d'autres arrestations dans ce dossier. Manuel Valls confirme également que l'enquête est loin d'être terminée. Le ministre de l'Intérieur évoque un «groupe dangereux», en ajoutant qu'il y avait en France «plusieurs dizaines, plusieurs centaines d'individus capables de s'organiser comme le groupe qui vient d'être démantelé».
Douze personnes, toutes françaises, ont été placées en garde à vue, interpellées samedi à Paris, à Strasbourg, en Seine-et-Marne et dans les Alpes-Maritimes, en particulier à Cannes, où était encore récemment Jérémie Louis-Sidney, 33 ans, la «principale cible». Ce Français de 33 ans, né le 24 janvier 1979, à Melun (Seine-et-Marne), a été présenté par le procureur de Paris comme un délinquant converti à l'islam radical. Il a été tué lors de son interpellation samedi vers 6 heures à Strasbourg. L'homme «était debout arme au poing, il a vidé son barillet» sur les policiers, selon le procureur de Strasbourg. Il est soupçonné d'avoir commis un attentat le 19 septembre dans une épicerie casher de Sarcelles (Val d'Oise).
Ils avaient basculé dans le radicalisme le plus obscurDimanche matin à Cannes, au moins un appartement a été perquisitionné et une voiture fouillée dans la matinée, les enquêteurs n'ayant pas pu terminer leurs investigations lors des premières heures du vaste coup de fiilet. Les enquêteurs avaient notamment fouillé le domicile de l'ex-compagne cannoise de Jérémie Louis-Sidney, enceinte de lui et qui a déjà un fils d'un an. L'homme qui a déchargé son 357 Magnum sur les policiers venus l'interpeller s'était radicalisé progressivement en arrêtant l'alcool et en allant rencontrer des imams dans des pays du Maghreb. Il critiquait le mode de vie à l'occidentale de sa compagne cannoise en montrant en exemple l'attitude de celle qui vivait à Strasbourg, selon une source policière. Tous les autres jeunes français, nés dans les années 1980 et 1990, pour la plupart convertis, avaient basculé dans le radicalisme le plus obscur. A l'instar de Jérémie Louis-Sidney, qui s'était vu infliger deux ans de prison en 2008 par le tribunal correctionnel de Grasse, certains ont été condamnés pour des affaires de droit commun avant de se radicaliser.
Une volonté de mourir en martyrsL'enquête a démontré que le groupe se réunissait régulièrement à Cannes et que certains membres envisageaient d'aller se former à l'étranger. Les enquêteurs cherchent à déterminer quels étaient les projets de ce groupe, dont plusieurs membres vivaient à Cannes, Jérémie Louis-Sidney se partageant entre la Côte d'Azur, Strasbourg et la Seine-et-Marne où il est né. Lors des perquisitions, ont été notamment retrouvés 27.000 euros en liquide, des munitions, de la littérature islamiste, du matériel informatique, de la documentation pouvant laisser penser à des velléités terroristes, une liste d'associations et d'organisations juives en banlieue parisienne. Mais aussi quatre testaments invoquant Allah, dont celui de Jérémie Louis-Sidney, laissant entrevoir une volonté de mourir en martyrs.
Ils affichaient leurs convictions sur FacebookTout ce petit monde se cachait assez peu, certains affichaient leurs convictions sur Facebook, et ne prenaient pas de précautions lors de leurs conversations téléphoniques. «On sent un certain amateurisme», explique une source proche du dossier. Mais le coup de filet, et les perquisitions ont apporté «la confirmation du caractère dangereux de ce groupe»: «Ils avaient basculé récemment d'une logique radicale à une logique djihadiste.»
L'un des hommes interpellés à Cannes affiche, lui, sur Facebook, sa sympathie pour le Tunisien Hassen Brik, porte-parole d'Ansar Al-Charia, un groupe de salafistes radicaux dirigé par Abou Ayad, recherché par la police tunisienne depuis l'attaque de l'ambassade américaine le 14septembre. Hassen Brik a été arrêté quelques jours après et mis en examen pour atteinte à la sûreté de l'Etat.
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«Un groupe très dangereux»Sur RTL, Manuel Valls a indiqué qu'il y aurait «sans doute, peut-être» d'autres interpellations. Le ministre de l'Intérieur a parlé du «groupe de Cannes» en évoquant un «groupe très dangereux». Pour manuel Valls, ce groupe composé de jeunes hommes récemment convertis au salafisme faisait peser sur la France une réelle menace.
«Je tiens à saluer le travail tout à fait exceptionnel de la police sur un groupe, une cellule, un réseau dangereux qu'il fallait neutraliser.» Pour le ministre de l'Intérieur «d'autres cibles étaient sans doute visées» et «l'enquête essaiera de le démontrer» tout en invitant à la prudence sur les résultats de celle-ci. Il s'est par ailleurs demandé si d'autres membres ne voulaient pas «aller faire le jihad dans un autre pays». Le ministre de l'Intérieur a ajouté qu'il y avait en France «plusieurs dizaines, plusieurs centaines d'individus capables de s'organiser comme le groupe qui vient d'être démantelé. Il y a un terreau qui est celui de la pauvreté, de l'absence de repères, qui peut conduire à la délinquance, au trafic, mais qui conduit aussi à l'engagement qui est celui de l'islamisme radical. On le retrouve dans un certain nombre de quartiers». Manuel Valls a ajouté que l'on retrouvait ce «terreau» dans les prisons: «Se pose le problème de la formation des aumôniers, comme se pose le problème de la formation des imams». Il refuse «l'amalgame» et déclare «dans les prisons nous avons besoin d'imams, d'imams français, d'imams formés pour que ce ne soit pas des imams autoproclamés dans les prisons qui fassent passer ces doctrines de haine.» Manuel Valls tient enfin à souligner que la lutte contre de tels réseaux, qui ne ciblent pas seulement la communauté juive mais toute la France, était l'affaire de tous. «Si certains groupes sont bien sous surveillance le risque zéro n'existe pas.