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Omar Khadr, de Guantanamo au Canada
Mis à jour le 30/09/2012 à 20:43 | publié le 30/09/2012 à 17:39
Photographie non datée d'Omar Khadr, avant qu'il ne soit emprisonné à Guantanamo, à l'âge de 15 ans.
Dernier Occidental à être encore détenu dans la base américaine, il va purger le reste de sa peine dans un pénitencier de l'Ontario.
Après avoir passé dix ans dans le camp de Guantanamo pour le meurtre d'un sergent américain en 2002 en Afghanistan, Omar Khadr a été rapatrié samedi au Canada. Non sans ironie, le jeune djihadiste, aujourd'hui âgé de 26 ans, a été incarcéré à la prison de Millhaven, surnommée le Guantanamo du Nord. Ce pénitencier de haute sécurité, proche de Kingston dans l'Ontario, a longtemps accueilli des terroristes musulmans dans une unité spéciale. Omar Khadr «est très content. Il est soulagé», a confié l'un de ses avocats, Brydie Bethell, au quotidien
The Globe and Mail. Le retour du Canadien marque la fin d'une saga politico-judiciaire. Depuis des années, la famille d'Omar Khadr et Amnesty International tentaient, sans succès, de convaincre Ottawa de demander le rapatriement du jeune homme, âgé de 15 ans lors de sa capture.
Entraîné par al-QaidaL'enfant-soldat n'a pas eu droit à un avocat pendant les premières années de sa détention. Au fil des ans, les témoignages et les documents déclassifiés sur Omar Khadr se sont multipliés. En 2008, les avocats de Khadr ont montré des vidéos d'interrogatoires du jeune Canadien. «Quand ils n'aimaient pas mes réponses, ils me menottaient les bras et les jambes sur les bords du lit. Ils me forçaient à m'asseoir sur la civière pour augmenter la douleur de mes plaies (Khadr est alors blessé). Je savais qu'ils me traitaient de la sorte pour me punir et que je leur donne les réponses qu'ils voulaient entendre», a déclaré le prisonnier sur une de ces vidéos, transcrites par la chaîne Canadian Broadcasting Corporation. Omar Khadr a été battu, attaqué avec des chiens, privé de sommeil. Il a dénoncé plusieurs tentatives de viol. En 2009, la Cour fédérale du Canada a sommé le gouvernement de le rapatrier. L'année suivante, Khadr a reconnu sa culpabilité, en échange d'une remise de peine. De perpétuité, sa condamnation a été réduite à huit années.
Omar Khadr a un lourd passé. Après sa naissance, il ne vit que quelques mois au Canada. La famille Khadr déménage au Pakistan, puis en Afghanistan. Elle ne revient au Canada que pour récolter de l'argent afin de financer des activités terroristes. Le patriarche, Ahmed Khadr, est arrêté en 1995 au Pakistan, accusé d'avoir participé à un attentat contre l'ambassade d'Égypte à Islamabad. Il a envoyé son fils dès l'âge de 11 ans dans des camps d'entraînement d'al-Qaida. L'enfant place des explosifs sur les routes. Son père est tué en 2003.
Le ministre de la Sécurité publique du Canada, Vic Toews, a refusé samedi toutes circonstances atténuantes à Omar Khadr. «Il a été jugé coupable de terrorisme… Il semble refuser la longue histoire d'actions terroristes et son association avec al-Qaida.» Bien que le jeune terroriste puisse demander une libération conditionnelle dès le printemps 2013, il pourrait rester en prison jusqu'à la fin de sa peine le 30 octobre 2018.
Vic Toews se montre très pessimiste sur les chances de réhabilitation d'Omar Khadr: «Il a si peu vécu dans la société canadienne qu'il faudra beaucoup de temps pour assurer sa réintégration en toute sécurité au Canada.»