Jamel Administrateur
Messages : 14896 Date d'inscription : 25/10/2011 Localisation : Lyon
| Sujet: Tunisie : Violée, mais sur le banc des accusés Sam 29 Sep - 9:13 | |
| International
Samedi, 29 Septembre 2012 09:50
Ennahda dans le collimateur des tunisiennes : Violée, mais sur le banc des accusés
Par : Djamel Bouatta
La convocation au tribunal la semaine dernière d'une jeune femme violée début septembre par deux policiers soulève une vague d'indignation en Tunisie. L'histoire pourrait se situer en Arabie Saoudite où les femmes violées et condamnées pour atteinte aux “bonnes mœurs” sont monnaie courante. Mais c'est bien en Tunisie qu'une femme violée par des policiers se retrouve accusée d'atteinte à la pudeur. Les faits se sont produits le 3 septembre à Aïn Zaghouan, un quartier de Tunis. Elle et son compagnon avaient été arrêtés par les policiers violeurs alors qu'ils étaient dans leur voiture. L'un d'entre eux a mis les menottes à son compagnon alors que deux autres policiers ont conduit sa fiancée à l'arrière de leur voiture et l'ont violée, ont raconté au juge les deux victimes. Les policiers ont également racketté le compagnon. Les policiers agresseurs ont été incarcérés pour viol mais la jeune femme s’est retrouvée accusée d'attentat à la pudeur ! Elle risque six mois de prison. Cette affaire fait scandale dans le pays. Des ONG dénoncent une procédure qui “transforme la victime en accusée, qui vise à la terroriser et à l'obliger, elle et son fiancé, à renoncer à leurs droits ?” Le procès doit débuter le 2 octobre. Dans sa première plaidoirie, l’avocate de la violée a dénoncé “la responsabilité du gouvernement tunisien dominé par les islamistes d'Ennahda”. Elle se fait l’écho des craintes des Tunisiennes de voir leur statut foulé par les islamistes. Pour ces dernières si les violences policières à leur égard ne sont pas organisées, le discours du parti Ennahda vis-à-vis des femmes a préparé le terrain. “Depuis le 23 octobre 2011 et l'arrivée au pouvoir des islamistes, il y a plein d'affaires de harcèlement sexuel, moral et financier de la part des flics”, dénoncent les associations de femmes et des ONG. “Lorsqu'ils voient une femme moderne, une femme tunisienne, les policiers estiment être en droit de demander des comptes et des femmes victimes sont ensuite condamnées”, a dévoilé Me Belhaj Bouchra. Depuis l'arrivée au pouvoir d'Ennahda après la révolution de 2011, des ONG dénoncent le comportement de la police à l'égard des femmes, qui seraient régulièrement harcelées pour leur tenue vestimentaire ou lors de sorties nocturnes. Le ministère de l'Intérieur islamiste assure qu'il ne s'agit que de cas isolés. Les femmes tunisiennes bénéficient du statut le plus moderne du monde arabe depuis la promulgation du Code du statut personnel (CSP) en 1956 instaurant l'égalité des sexes dans plusieurs domaines. Les islamistes d'Ennahda avaient déclenché un large mouvement de contestation en août en proposant d'inscrire dans la nouvelle Constitution la “complémentarité” des sexes et non l'égalité. Ce projet de texte a été abandonné lundi dernier face au tollé des femmes. Mais Ennahda n’a pas pour autant abdiqué, il avance les pions de sa stratégie pour tenir en laisse à terme la société globale. D. B | |
|