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Nord-Mali : deux Français repérés dans une brigade d'Aqmi
Publié le 28.09.2012, 15h13 | Mise à jour : 23h44
Une patrouille djihadiste près de Gao, plus importante des localités du Nord-Mali sous contrôle de groupes islamistes armés.
Jusqu'ici la présence de Français dans les rangs d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) au Sahel n'avait a priori pas pu être démontrée*. Mais sur une photo récupérée fin août par les services secrets français, deux hommes d'une trentaine d'années de nationalité française ont été identifiés, a révélé «Le Monde» daté de samedi. L'un d'eux vivait là avant l'arrivée des islamistes, selon l'AFP.
L'un des deux est connu de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI), a indiqué par la suite une source proche du dossier. Il aurait participé à un interrogatoire d'otages français capturés dans le Sahel. Tous deux ont été localisés dans une brigade d'Aqmi, au Nord-Mali, actuellement occupé par plusieurs mouvances islamistes. Le parcours de ces «djihadistes» reste encore mystérieux. L'un d'eux aurait participé à la révolution libyenne, avance le quotidien du soir. La Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE), tout comme le Quai d'Orsay, n'ont pas souhaité faire de commentaire.
Selon une source sécuritaire malienne jointe par l'AFP à Bamako, l'un est «un
jihadiste pur» et «c'est lui le plus dangereux». L'autre, «un ressortissant français se présentant sous le nom de Abdel Jelil et qui vit avec son épouse maghrébine et leurs enfants au Nord du Mali n'est pas un véritable jihadiste. Disons qu'il a épousé la cause des jihadistes», a ajouté cette source sécuritaire malienne. Un élu du Nord-Mali a expliqué que le dénommé Abdel Jelil vivait déjà là «avant l'arrivée des islamistes». «Quand ils sont arrivés, il est resté et a épousé leurs idées», a-t-il dit.
Peu de djihadistes susceptibles de passer l'action en France, selon un chercheur
«La présence de deux Français dans une katiba (brigade, Ndlr) d'Aqmi au Mali constitue une première», explique Eric Denécé, directeur du Centre français de recherche sur le renseignement (CF2R). Les volontaires français dans les rangs islamistes ont commencé à rejoindre dès le milieu des années 1990 la Bosnie, la Tchétchénie, puis à partir des années 2000 l'Afghanistan et l'Irak avant la Libye en 2011, poursuit le chercheur.
Au total, ils n'ont été que quelques dizaines, selon lui, à avoir rejoint les rangs de ces combattants, dont quelques uns ont trouvé la mort les armes à la main. Les cas de retour en France et de passage à l'action seraient toutefois relativement rares, selon lui. «Ces Français sont partis pour la plupart dans ces pays pour se battre et non pas avec l'idée de revenir en France pour commettre des attentats», estime Eric Denécé.
«De plus, la majorité des filières de retour d'Afghanistan ou d'Irak vers la France ont été neutralisées par les services de renseignement», ajoute-t-il. Et de citer le gang de Roubaix, démantelé en 1996, qui comptait dans ses rang le Français Lionel Dumont, ancien combattant dans un bataillon de moudjahidines arabes en Bosnie. Ce gang composé de plusieurs Français convertis à l'islam organisait des braquages en France pour financer la cause islamiste.
* La Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) et la Direction générale de la sécurité n'avaient jamais eu d'informations signalant l'intégration de Français au sein d'une katiba, selon «Le Monde»
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Un ancien de la DST craint l'arrivée de missile libyens en EuropePour Louis Caprioli, ancien responsable de la lutte antiterroriste à la DST et conseiller spécial du groupe de sécurité Géos, il «faut s'inquiéter» de l'entraînement qu'ont peut-être suivi ces deux Français, au maniement de missiles sol-air de type Sam 7, emportés de Libye par des milices islamistes vers le Mali, alors que la chute de Kadhafi a fait du Sahel «une poudrière».
«Même, si 5 000 des 20 000 missiles sol-air de Kadhafi ont été récupérés et qu'une autre partie est inutilisable, faute d'entretien, rien ne dit que ces Français ne puissent ensuite commettre des attentats en France avec des missiles qui pourraient être introduits en Europe», estime-t-il.
Louis Caprioli assure également s'inquiéter de la présence probable de Français en Syrie dans les rangs des insurgés.