Jamel Administrateur
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| Sujet: Festival Musica à Strasbourg : la culture du répertoire Mar 25 Sep - 11:29 | |
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Festival Musica à Strasbourg : la culture du répertoire
Publié le 25/09/2012 à 06:00
Du classique au moderne, la programmation du festival alsacien démonte la notion de «chapelle» en matière musicale.Festival Musica, du 21 septembre au 6 octobre. À Strasbourg, le Festival Musica a beau être l'incontournable forum des dernières tendances de la création musicale, il ne pratique pas pour autant la table rase. La notion de répertoire y a un sens, s'agissant de montrer qu'il n'y a pas de rupture dans l'histoire de la musique, toute modernité étant appelée à devenir classique. Le week-end d'ouverture de Musica 2012 commençait ainsi par Moïse et Aaron de Schönberg: de la musique ancienne, mais qui fait encore peur aujourd'hui. On ne se souvient pas d'avoir entendu interprétation plus puissante que celle de Sylvain Cambreling à la tête de son ancien Orchestre symphonique du SWR de Baden-Baden et de l'EuropaChor Akademie: union idéale de rigueur ascétique et de violence dramatique, avec une tension inexorable maintenue d'un bout à l'autre.
Un coup de poing dans le ventre, accentué par l'incarnation phénoménale de Moïse par le baryton Franz Grundheber, 75 ans et toute sa voix, prophétique et déchiré. Après cet hommage au père fondateur, on pouvait se lancer dans le panorama des vivants. Ce qui permet de dégager quelques tendances d'une époque jusqu'ici surtout marquée par l'éclatement. Tendance culturelle d'abord: l'Europe, que l'on a tant de mal à réaliser dans le domaine politique, existe bel et bien sur le plan de la création, à en juger par ce magnifique concert du Kammerensemble Neue Musik de Berlin jouant Dusapin, Bedrossian, Hurel, Dumont, Bertrand, les musiciens français étant de plus en plus nombreux à s'installer dans la capitale allemande. Tendance esthétique ensuite: alors que l'on manquait d'une école pouvant jouer le rôle qui fut celui du sérialisme ou du spectralisme voici quarante ans, les musiciens de la «saturation» ont inventé quelque chose. Quitte à lasser, comme dans la dernière création de Raphaël Cendo, où la distorsion du son devient un système qui tourne à vide. Goût irrépressible pour le théâtre et l'opéra, enfin, n'hésitant plus à jouer la carte de la légèreté ou de la bouffonnerie. Quitte à décevoir, comme Stefano Gervasoni dans son opérette Limbus Limbo, commande des Percussions de Strasbourg pour leur cinquantième anniversaire: exercice de style laborieux et fatigant, diluant quelques rares moments savoureux dans un livret tarabiscoté et une écriture vocale banale, n'offrant pas assez de grain à moudre à la brillante metteur en scène Ingrid von Wantoch Rekowski. Mais qu'à cela ne tienne: on prend des risques, la création n'a jamais avancé autrement. Jusqu'au 6 octobre et www.festivalmusica.org | |
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