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Le stress au travail augmente le risque d'infarctus
Publié le 14/09/2012
Dans l'environnement professionnel, les individus exposés au stress ont un risque plus élevé de 23 % de faire une crise cardiaque.
L'impact du stress, débattu récemment encore, vient d'être démontré sur 200.000 personnes suivies pendant vingt ans. Sur les 120.000 infarctus environ qui surviennent chaque année en France, près de 4000 seraient imputables au stress au travail. Pour la première fois, une étude de grande ampleur confirme que des conditions de travail éprouvantes pour les nerfs augmentent le risque de crise cardiaque. «On soupçonnait ce lien depuis longtemps, mais il restait controversé, faute de données scienti­fiques recueillies sur des populations suffisamment larges», indique Marcel Gold­berg, chercheur à l'Inserm. L'étude publiée vendredi dans
The Lancet rassemble des informations collectées auprès de 200.000 personnes dans sept pays européens. En France, ce sont des agents d'EDF (monteurs de ligne, agents de centrales thermiques et nucléaires, chercheurs, secrétaires ou commerciaux) qui ont été suivis pendant plus de vingt ans. Des employés d'hôpitaux et de municipalités finlandais, des fonctionnaires anglais, des artisans et employés allemands ont aussi été sondés. Quel que soit le type de travail, manuel ou intellectuel, l'environnement professionnel, le pays, l'âge ou le sexe, le résultat est le même. Les individus exposés au stress ont un risque plus élevé de 23% de faire une crise cardiaque.
Il n'est pas aisé de mesurer le stress au travail de façon objective. Les chercheurs l'ont défini comme une combinaison entre des contraintes fortes et une autonomie réduite pour y faire face. Ainsi, les salariés qui ont une surcharge de travail ou des cadences élevées, mais aucune liberté pour s'adapter, sont en situation de tension professionnelle. «Le travail à la chaîne est la meilleure illustration d'une configuration très stressante», commente Marcel Goldberg. A contrario, avoir de lourdes responsabilités n'est pas un facteur de stress, pour peu que le professionnel ait des marges de manœuvre. Le soutien social par la hiérarchie ou les collègues exerce un effet protecteur.
Renforcer la préventionPour évaluer l'exposition au stress, les scientifiques ont utilisé le questionnaire de Karasek. Ce quiz conçu par un chercheur américain classe les salariés en fonction des réponses données à des affirmations telles que «mes tâches sont souvent interrompues avant d'être achevées», «mon travail est très bousculé», «je reçois des ordres contradictoires». Après analyse des réponses, 15,3% des participants à l'étude ont été classés dans la catégorie des professionnels soumis à une tension au travail. Sur la période étudiée, 2358 événements coronariens ont été comptabilisés.
Les effets du stress sur la santé sont de mieux en mieux connus. «Il est maintenant établi que des conditions de travail stressantes peuvent engendrer des troubles anxieux dépressifs et des maladies musculo-squelettiques, indique Valérie Langevin, à l'Institut national de recherche et de sécurité du travail (INRS). Le stress semble également impliqué dans les troubles du sommeil, les variations de poids et les accidents du travail.»
Alors que le stress au travail est une réalité de plus en plus fréquente, l'étude de l'Inserm recommande un renforcement de la prévention. De telles actions pourraient en outre, selon les chercheurs, «avoir un impact positif sur d'autres facteurs de risque, tels que le tabac et l'alcool, dont la consommation est liée au stress».