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PS : Harlem Désir choisi après un long suspense
Mis à jour le 12/09/2012 à 09:25 | publié le 11/09/2012 à 20:05
Harlem Désir sera le prochain premier secrétaire du PS.
À l'issue de consultations compliquées, la première secrétaire et le premier ministre ont enfin choisi le patron du parti.C'était difficile à croire, notamment parce que Martine Aubry prépare sa succession depuis des mois, mais les socialistes avaient prévenu: «Ce genre de négociation (visant à désigner le futur patron du PS, NDLR), ça se terminera dans la nuit du 11 au 12 septembre», glissait cet été le directeur de cabinet de la première secrétaire du PS, Jean-Marc Germain. Mais personne n'avait osé prédire que le délai du 11 septembre à minuit - date et heure limites prévues par les statuts du parti pour le dépôt des motions destinées à être examinées au congrès de Toulouse en octobre - serait même… dépassé.
Martine Aubry et Jean-Marc Ayrault, initiateurs d'une motion majoritaire, se sont rencontrés une dernière fois mardi soir, pour finaliser le dispositif, soit le nom du premier secrétaire, le texte de la motion et les contours de la future direction du PS.
La première secrétaire et le premier ministre ont annoncé leur choix mercredi, avant le conseil national du parti, qui doit se tenir dans l'après-midi. Harlem Désir sera donc le prochain premier secrétaire du PS. Le député Guillaume Bachelay, poussé par Martine Aubry, est proposé pour le poste de numéro 2 du parti.
Cette décision intervient à l'issue d'une séquence «psychodramatique» - dixit un socialiste - dans la dernière ligne droite. Dimanche, des représentants des différentes sensibilités du PS s'étaient réunis pour tenter de se mettre d'accord sur une «architecture globale». En vain. Lundi et mardi, intox, coups bas, coups de bluff et pressions ont parasité les négociations, alors que les deux principaux candidats à la succession de Martine Aubry, Jean-Christophe Cambadélis et Harlem Désir, continuaient de faire campagne, par médias interposés mais surtout en coulisses. Lundi soir, les discussions étaient même complètement bloquées, à tel point que l'hypothèse de la désignation à la tête du PS d'un «troisième homme» a un temps refait surface, devant l'impossibilité de trancher entre Désir et Cambadélis.
Pousser leurs pionsMais les négociations ont buté lundi sur d'autres points d'achoppement, notamment la répartition des «postes exécutifs» du parti, chaque sensibilité voulant être représentée selon le poids qu'elle estime avoir dans l'appareil. Les barons du parti (Manuel Valls, Vincent Peillon, Pierre Moscovici, Stéphane Le Foll, etc.), qui se sont alliés dans une «offensive pro-Désir», ont ainsi tenté de pousser leurs pions (lire ci-dessous). «Mais le syndicat anti-Cambadélis a des intérêts divergents pour les postes», explique un négociateur.
Les tractations ont également bloqué sur les revendications des «hamonistes», les proches de Benoît Hamon, le représentant de l'aile gauche du Parti socialiste (lire encadré). «Sur le fond et la forme, les propositions qu'on nous fait sont indécentes», pestait un député proche du ministre délégué à l'Économie solidaire.
Mode de désignationLe vrai-faux suspense de ces derniers jours a alimenté les critiques sur le mode de désignation du premier secrétaire. À droite, où le député UMP Édouard Courtial ironise sur la «reine mère» du PS qui choisit son «dauphin». À gauche, où l'on dénonce, à l'instar du député Christophe Caresche, «l'opacité» du processus. «Ça me fait mal au cœur, ajoute un député PS. Dire que Martine Aubry a rénové le parti, a installé les primaires, le non-cumul des mandats… Et ça se termine avec un psychodrame non démocratique entre Camba et Désir! C'est pathétique.»
Un dirigeant socialiste ironise, dans un demi-sourire: «Nicolas Sarkozy disait que l'extrême sophistication de nos débats sélectionnait des hommes et des femmes beaucoup plus politiques qu'à droite.» Interrogé un peu plus tard sur les négociations en cours, le même répondait: «Eh bien, ça sophistiquise toujours…!»