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Haute-Savoie : 3 des 4 morts tués d'une balle dans la tête
Mis à jour le 06/09/2012 à 15:44 | publié le 05/09/2012 à 18:23
Des gendarmes fouillent la caravane du groupe de victimes.
INFOGRAPHIE - Le véhicule où a eu lieu le massacre mercredi est inscrit au nom d'un homme d'origine irakienne, domicilié dans la grande banlieue de Londres.
Les enquêteurs ont plus d'informations sur les personnes tuées mercredi en Haute-Savoie. Le propriétaire de la voiture visée par la fusillade qui a fait quatre morts et une blessée grave, - une petite fille de 8 ans -, mercredi à Doussard s'appelle Saad al-Hilli. Il est âgé de 50 ans et est né à Bagdad. Il est domicilié avec sa famille dans la grande banlieue sud de Londres, à Claygate, dans le Surrey. La police britannique s'est rendue à son domicile, une coquette demeure typique de la banlieue huppée du sud-ouest du grand Londres. Le groupe de personnes passait depuis fin août leurs vacances au camping de Saint-Jorioz, sur les bords du lac d'Annecy.
Les enquêteurs supposent qu'il s'agit du père de famille tué avec son épouse et une femme plus âgée qui pourrait être la tante ou la grand-mère des deux enfants retrouvés sur le lieux. Mais le procureur refuse pour le moment de le confirmer. Le procureur a annoncé qu'un passeport suédois avait été retrouvé sur la femme la plus âgée. Un passeport irakien a aussi été retrouvé.
Trois des quatre personnes mortes ont été tuées d'une balle dans la tête, a annoncé le procureur d'Annecy lors d'une conférence de presse. Les personnes tuées d'une balle dans la tête sont le conducteur de la BMW, une des deux femmes sur la banquette arrière et le cycliste retrouvé à proximité. Ce cycliste s'apellait Sylvain Mollier. Il s'agit d'un père de famille né en 1967, amateur de vélo, qui avait décidé de «tester un nouvel itinéraire» mercredi, selon son épouse citée par le procureur. Les causes de la mort de l'autre femme sont encore inconnues. Les corps seront autopsiés vendredi à l'Institut médico-légale de Grenoble.
La fillette de 4 ans, retrouvée vivante, indemne, vers minuit dans la BMW, a commencé à parler, a indiqué le procureur, même s'il a rappelé ne pas trop attendre d'un témoignage d'une petite fille de 4 ans. Elle se cachait prostrée dans les jambes de sa mère morte. «Elle était totalement invisible», a expliqué le parquet jeudi pour justifier le délai avant de la retrouver.
Les gendarmes, qui sont une centaine à être mobilisés sur l'affaire, ont bouclé le camping et procèdent notamment à une enquête de voisinage. Les forces de l'ordre cherchent à savoir avec qui la famille était en contact, s'ils s'étaient disputés avec quelqu'un, s'ils avaient été suivis,etc.
«Physiquement, elle va bien»
Le procureur d'Annecy a raconté à Europe 1 la découverte de la fillette, huit heures après le signalement du crime à la police. «C'était très émouvant. Elle s'est mise à sourire lorsqu'elle était dans les bras de la lieutenante de gendarmerie qui l'a recueilli. Elle a parlé un peu en anglais. Elle a demandé où étaient ses parents», se souvient Eric Maillaud.«C'est une petite fille de quatre ans qui au début bavardait et qui, petit à petit, commençait à se rendre compte que lorsqu'elle appelait maman, maman n'était pas là», explique-t-il. «Ensuite, elle a rapidement été dirigée vers un hôpital, où elle a été prise en charge par un pédopsychiatre et par des infirmiers. Physiquement parlant, elle va bien».
Ce délai de huit heures entre la découverte de la tuerie et de la rescapée s'explique par le «gel» de la scène du crime. Dans l'attente de l'arrivée de techniciens de l'Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale basés en région parisienne, les gendarmes locaux avaient comme consigne de ne pas toucher à la voiture pour ne pas bouger les corps. Les gendarmes savoyards ne pouvaient pas ouvrir les portes de la voiture de crainte d'en briser les vitres fissurées par l'impact des balles et de compromettre ainsi l'enquête ballistique.
«Les pompiers, les techniciens, les médecins ont regardé dans la voiture par des trous à travers les vitres mais ils n'ont pas vu la petite», a expliqué le lieutenant-colonel Vinnemann. L'hélicoptère équipé d'une caméra thermique, qui avait survolé la zone plus tôt pour voir s'il y avait d'autres corps, n'a rien détecté car l'enfant formait une masse avec sa mère. Vers 23 heures, les gendarmes avaient appris par des voisins de camping des victimes que la famille comptait une deuxième fillette et avaient relancé des recherches. Mais ce n'est qu'à l'ouverture de la voiture que celle-ci a été retrouvée.
La fillette blessée plongée dans le comaLa deuxième fillette, 8 ans, a été plongée dans un coma artificiel et doit être à nouveau opérée, mais son pronostic vital n'est plus engagé, a indiqué le procureur. Très violemment frappée, elle souffre de plusieurs fractures du crâne. Les deux fillettes ont été placées sous la protection de la gendarmerie au cas où le ou les tueurs voudraient s'en prendre à elles de nouveau. Selon le
Dauphiné Libéré , la vice-ambassadrice de Grande-Bretagne se rendra au chevet de la fillette hospitalisée avant de se rendre sur les lieux de la tuerie.
Un acte «d'une extrême sauvagerie»
Les victimes ont été découvertes par un cycliste mercredi vers 15h50 dans leur voiture break, sur un parking forestier de la commune de Chevaline. L'homme qu'on imagine être le père était à l'avant du véhicule, à côté de la fillette grièvement blessée, et les deux femmes occupaient les places arrières. Un cycliste, habitant d'une commune voisine, gisait par ailleurs mort à l'avant droit de la voiture. Cet homme aurait pu se trouver au mauvais moment au mauvais endroit et aurait pu essayer d'intervenir, confiait une source proche de l'enquête. D'après le
Dauphiné Libéré , il s'agit d'un employé d'Ugitech, en congé parental, parti en promenade faire du vélo. Un autre cycliste, ancien membre de la Royal Air Force, qui a découvert la scène de crime avait été dépassé un peu plus tôt sur la route par ce père de famille. Les villageois ont par ailleurs rapporté avoir vu un véhicule traverser leur commune à grande vitesse au moment du drame.
«Compte tenu de ce que l'on voit, il est certain que la piste criminelle est à mettre en numéro un», a estimé le procureur de la République d'Annecy, Eric Maillaud, jeudi matin. «Toutes les pistes sont possibles, ça pourrait être aussi dans l'absolu un drame familial, ce n'est pas à exclure», a-t-il ajouté. «Il est certain que c'est un acte d'une extrême sauvagerie. On voulait tuer», a-t-il estimé lors d'une conférence de presse jeudi après-midi. Une quinzaine de douilles ont été retrouvées sur les lieux du crime, provenant d'une ou plusieurs armes de poing. Les enquêteurs n'excluent aucune piste: braquage de voiture ayant mal tourné, rencontre inopinée avec des malfaiteurs en planque. Le groupe aurait aussi pu déranger des trafiquants de drogue en pleine transaction. Le lieu n'est pas du tout connu pour être dangereux ou fréquenté par des trafficants,ont toutefois précisé les enquêteurs.
L'Angleterre est horrifiée par ce fait divers. Davantage de journalistes britanniques que de français sont présents sur le terrain.
The Independent et le
Mirror évoquent l'hypothèse d'un braquage qui aurait mal tourné, tandis que
The Telegraph parle d'assassinats, prémédités donc, par un tueur soucieux de ne laisser aucun témoin derrière lui,des hypothèses que les enquêteurs n'avancent pas pour l'heure. Le maire de Chevaline raconte au Dauphiné Libéré que les journalistes anglais envisagent aussi un «attentat d'al-Qaïda ou irlandais».
«C'est épouvantable. Le pire, c'est de se dire que celui qui a fait ça court toujours»», regrette Sylvie, une collabotatrice du maire de Saint-Jorioz, interrogée par le
Figaro. Les habitants de la petite ville sont tous hébétés par la violence du drame. «Les gens se tirent dessus pire que des chasseurs avec des lapins», a estimé Francisco, qui, depuis 40 ans, se promène tous les jours sur le chemin forestier où le crime a été commis.