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Québec : les souverainistes favoris des législatives
Mis à jour le 04/09/2012 à 14:50 | publié le 03/09/2012 à 16:52
Pauline Marois accueillie par ses supporteurs du Parti québécois lors d'une réunion de campagne à Châteauguay, au Québec, samedi.
Les grèves étudiantes ont provoqué des élections anticipées.
Une petite foule bigarrée se précipite vers le Métropolis, l'une des grandes salles de concerts de Montréal. Au spectacle ce soir, le programme annonce: «Grand rassemblement Pauline Marois, chef du Parti québécois (PQ).» Face au Métropolis, où des motards débonnaires exposent leurs Harley-Davidson, les curieux regardent les derniers fidèles de l'indépendance venus soutenir la chef de leur parti. C'est le dernier grand meeting de la campagne. L'état-major souverainiste reviendra au Métropolis mardi au soir des élections. Près de 2000 fans brandissent leurs drapeaux aux fleurs de lys.
Le PQ a mobilisé ses candidats vedettes: anciens journalistes, artistes et fonctionnaires de la politique pour rendre hommage à Pauline Marois. Souvent dépeinte comme Bonemine, la femme du chef Abraracourcix, par les caricaturistes québécois, la patronne du PQ se pose en mère sourire de tous les Québécois. Mais pas de l'indépendance du Québec. Interrogée plusieurs fois sur cette question pendant la campagne, elle a opté pour la langue de bois. Pas question de s'engager sur la tenue d'un référendum. «Je vais défendre les intérêts du Québec», a-t-elle dit.
L'indépendance n'est pas à l'ordre du jourLa chef du PQ l'a répété plusieurs fois ces dernières semaines. À 63 ans, elle n'aspire qu'à devenir la première femme première ministre du Québec. Rien de plus. Le quotidien de référence
The Globe and Mail voit en elle «une relique des années 1990, l'une de ces politiciennes qui a eu cet emploi parce que ce n'était plus intéressant à avoir». Les chefs historiques du parti sont trop âgés. Le PQ, fondé en 1968, avec pour principal objectif l'indépendance de la Belle Province, a tenté, par deux fois, en 1980 et en 1995, de mener le Québec à la souveraineté. Sans succès. Actuellement, en cas de référendum, environ 45 % des Québécois voteraient pour l'indépendance.
Si la question indépendantiste n'est pas enterrée, elle fait face à de sérieux défis. Démographiques, tout d'abord. Les Québécois «pure jus», susceptibles de voter pour le PQ, sont de moins en moins nombreux. Si le vote ne tenait qu'à eux, le Québec serait probablement indépendant, mais la Belle Province doit faire appel aux immigrants pour combler son déficit de natalité. Devenus canadiens, ces derniers préfèrent un pays uni. En stigmatisant durant cette campagne les Canadiens d'origine étrangère et en proposant d'interdire à ceux qui ne parlent pas bien français de se présenter aux élections, Pauline Marois n'a pas amélioré l'image de son parti chez les électeurs issus de l'immigration.
De nombreux indécisBien qu'en avance dans les sondages avec 32 % d'intentions de vote, contre 28 % pour la Coalition Avenir Québec (droite populiste) et 26 % pour le Parti libéral (droite), il n'est pas certain que le PQ forme un gouvernement majoritaire. Le Parti libéral est en difficulté, mais les indécis sont nombreux. Tout se jouera dans un mouchoir de poche. La très populiste CAQ de François Legault promet monts et merveilles aux Québécois. La CAQ séduit de plus en plus d'électeurs en prétendant supprimer la corruption et donner l'accès à un médecin de famille à deux millions de Québécois oubliés par le système de santé.
Les grands absents de cette campagne au Canada sont les étudiants. Ils ont repris leurs cours. Récupérés par tous les partis politiques avant les élections, les étudiants espèrent une défaite de Jean Charest. Pas sûr que cela soit suffisant.
Pauline Marois avait promis un gel de la hausse des frais de scolarité si elle était élue. Elle entretient désormais une position de plus en plus ambiguë. Seul le petit parti de gauche Québec solidaire a su écouter les protestataires. Ils pourraient bien lui rendre la politesse en votant massivement à gauche. D'autant que, le 4 septembre, les étudiants auront congé pour aller voter.