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Nucléaire : l'AIEA accable à nouveau l'Iran
Mis à jour le 31/08/2012 à 22:26 | publié le 31/08/2012 à 17:54
Prise de parole de Mahmoud Ahmadinejad, jeudi à Téhéran, pendant le Sommet des non-alignés.
Téhéran aurait doublé ses capacités à enrichir de l'uranium.Des carcasses de voitures détruites lors de l'assassinat de plusieurs scientifiques nucléaires, imputé à Israël. Des photos des «martyrs» et de leurs enfants. Des slogans de ralliement sur le «droit inaliénable» de Téhéran à enrichir l'uranium. Le décor dressé à l'entrée du centre de conférence iranien qui vient d'héberger ces jeudi et vendredi le Sommet des non-alignés offre un aperçu des efforts déployés par la République islamique pour plaider sa cause à l'occasion de ce rassemblement anti-impérialiste incluant les représentants de 120 pays. En vain. Jeudi, jour d'ouverture du sommet, les déclarations très attendues de deux invités majeurs sont allées à contre-pied des intentions iraniennes.
Le premier, Ban Ki-moon, n'a pas hésité à sermonner ses interlocuteurs sur leur manque de coopération avec les instances internationales. «L'Iran doit se conformer totalement aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et coopérer pleinement avec l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA)», a déclaré le secrétaire général des Nations unies. Ban Ki-moon, qui a profité de sa tribune pour condamner Téhéran pour son déni de l'Holocauste et ses appels à détruire Israël, a également évoqué son inquiétude relative «à la poursuite des atteintes aux droits de l'homme» - une référence indirecte à la répression des acteurs de la «révolte verte» à la suite de la réélection contestée de Mahmoud Ahmadinejad.
L'Égypte prend ses distancesLe second, Mohammed Morsi, s'est concentré sur un autre sujet au cœur des préoccupations de la communauté internationale: la Syrie. Embarrassant ses hôtes iraniens - dont on connaît le soutien à Bachar el-Assad -, le nouveau président égyptien a déclaré que la solidarité avec le peuple syrien «contre un régime d'oppression qui a perdu sa légitimité est un devoir moral tout comme une nécessité politique et stratégique».
Coïncidence de calendrier: la publication, le soir même, d'un nouveau rapport de l'AIEA risque de renforcer encore plus l'isolement de Téhéran. Selon le document d'une dizaine de pages, l'Iran aurait doublé en trois mois le nombre des centrifugeuses utilisées à l'enrichissement de l'uranium à la centrale souterraine de Fordow, passant de 1064 machines à 2140. D'après les inspecteurs, des bâtiments auraient en outre été détruits et des travaux de terrassement menés sur un site militaire que l'agence souhaitait visiter.
Un état des lieux aussitôt dénoncé par Téhéran comme une manipulation occidentale visant à endommager l'image du pays. «Publier ce rapport alors que l'Iran accueille le sommet du Mouvement des non-alignés n'est rien d'autre qu'une initiative politique destinée à éclipser la réunion de Téhéran», remarque le député Kazem Jalili, dans une interview accordée à l'agence de presse iranienne Isna. Évoquant, vendredi, l'Iran au micro d'Europe 1, Laurent Fabius a pour sa part déploré que le pays «n'ait pas bougé» sur la question du nucléaire, estimant qu'il fallait «renforcer les sanctions».
De son côté, Washington a prévenu que le temps de la diplomatie n'était pas éternel. Selon Jay Carney, le porte-parole du président américain Barack Obama, la fenêtre pour résoudre ce dossier reste ouverte, «mais elle ne restera pas ouverte indéfiniment».
D'après le chercheur égyptien Mustafa el-Labbad, «Téhéran se trouve aujourd'hui en position de faiblesse». «Souvenez-vous de 2006, après la guerre entre Israël et le Hezbollah libanais. Téhéran s'était imposé comme un des acteurs majeurs de l'axe du refus (incluant la Syrie, le parti de Dieu chiite et le Hamas) contre Israël et l'Amérique. Aujourd'hui, la donne a changé. Son allié syrien est au pied du mur, le lobby israélien met la pression sur Washington pour intervenir militairement en Iran et l'économie iranienne souffre des sanctions internationales», note ce spécialiste de l'Iran.