WEB - GOOGLE - ACTUALITÉ > Politique
Aubry lâche doucement les amarres à La Rochelle
Publié le 25/08/2012 à 18:54
Martine Aubry, vendredi à La Rochelle.
Aux universités d'été du PS, la première secrétaire donne le sentiment d'être sur le départ. Sa succession devrait se jouer entre Harlem Désir et Jean-Christophe Cambadélis. La cote de ce dernier est remontée pendant l'été.C'est pas à pas que Martine Aubry commence à s'éloigner du PS. Même si la première secrétaire veut se laisser le choix jusqu'au dernier moment (soit le 11 septembre, date du dépôt des motions pour le congrès de Toulouse ; le premier signataire de la motion sera élu premier secrétaire, NDLR), elle donne de plus en plus le sentiment de se préparer à quitter la direction du PS. «J'ai encore un petit peu de travail pour m'assurer que le PS sera dans de bonnes mains et va sur les rails. Mais les choses avancent bien», a-t-elle dit vendredi soir en recevant la presse au Muséum d'histoire naturelle. Si tout avance comme je le crois, je passerai la main». Elle a toutefois ajouté: «Je ne pars pas tant que tout n'est pas en ordre».
Aubry a maintenu le suspense pour bloquer d'autres candidatures, notamment celle d'un partisan de François Hollande. La première secrétaire souhaite aussi que son successeur poursuive son travail de «rénovation» du parti, engagé depuis 2008. Mais avant de partir en vacances, la maire de Lille a juré à l'un de ses interlocuteurs qu'elle était déterminée à passer la main: «Ma décision est prise, a-t-elle assuré. Vous avez beau dire, les uns et les autres, que je veux rester, je t'assure, je veux arrêter.» Interrogée vendredi soir sur son avenir à Lille, elle a plaisanté: «J'ai réservé une place dans une maison de retraite!» Plus sérieusement, elle a répété qu'elle n'avait pas besoin d'une fonction au cœur du dispositif pour peser et faire entendre sa voix. «Et je vous le dis, vous l'entendrez…», a-t-elle prévenu.
Montée en puissance après La RochelleCertains au PS continuent de douter des intentions de la première secrétaire, voire voudraient qu'elle se maintienne à son poste. Mais ils sont moins nombreux qu'avant l'été. «Après quatre ans de succès, elle a envie de passer à une autre étape», note le ministre François Lamy, proche d'elle.
Pour l'heure, seuls deux candidats à sa succession tiennent la corde: le numéro 2 du PS Harlem Désir et le député de Paris, Jean-Christophe Cambadélis. Contraints par le vrai-faux suspense entretenu par la première secrétaire, ils en sont réduits à une campagne feutrée. Aubry leur a demandé avant de partir en vacances de ne pas faire de La Rochelle un «théâtre d'oppositions et de confrontations». «Ils sont condamnés à une campagne soft, note un proche d'Aubry. Mais ils vont monter en puissance après La Rochelle. Le débat va pouvoir s'ouvrir…»
Aubry a refusé vendredi soir de donner le profil type de son successeur. «Mais elle a une préférence, bien sur», sourit l'un de ses plus fidèles soutiens. Selon plusieurs sources proches de la première secrétaire, Aubry soutiendrait plutôt Jean-Christophe Cambadélis, qui fut l'un des artisans de sa victoire au congrès de Reims en 2008.
Sur le port de la Rochelle, la cote du député de Paris est donc sensiblement remontée, même si Harlem Désir affiche le même sourire radieux. Le président de l'Assemblée, Claude Bartolone, ne cache pas sa préférence: «Cambadélis saura gérer la gauche plurielle, c'est un politique.» «Cambadélis est plus âgé que Désir, il fera moins d'ombre aux quadras du PS, ajoute un dirigeant du PS. C'est sur Camba que le consensus se fera». «Je suis parti en vacances avec le sentiment que pour Désir, c'était fait, note un dirigeant du PS. Je reviens avec le sentiment que c'est beaucoup plus équilibré. Harlem a fait un pari: qu'il y ait un refus de Camba au sommet de l'Etat. Tout le monde pensait que Hollande mettrait un veto. On s'aperçoit aujourd'hui que ce n'est pas le cas.» «Hollande ne s'en mêlera pas», assurent plusieurs hauts dirigeants du PS.
D'autres responsables du parti appellent à la prudence. «C'est loin d'être réglé, Harlem a encore toutes ses chances», jure un ministre. «Le départ d'Aubry n'est pas acté, ajoute un autre membre du gouvernement. Il y a toujours le grain de sable qui, tout à coup, peut faire s'enrayer la machine. Il ne faut pas l'écarter.» Fin du suspense: le 11 septembre, à minuit.