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Cancer du cerveau : les chats injustement accusés
Publié le 23/08/2012
Malgré la présence de parasites dangereux pour l'homme, le chat n'est pas vecteur de cancer.
Nombre de ces animaux hébergent un parasite qui, une fois transmis à l'homme, s'installe dans le système nerveux. Le fait d'avoir un chat à la maison n'augmente pas le risque de développer un cancer du cerveau. C'est le résultat d'une enquête épidémiologique conduite en Grande-Bretagne auprès de 625.000 femmes âgées de plus de 60 ans (
Biology Letters, en ligne le 22 août 2012). Une excellente nouvelle pour tous ceux qui apprécient la compagnie discrète du petit félin et dont beaucoup seraient éberlués d'apprendre que des chercheurs ont travaillé sur cette question.
En réalité, dans cette affaire, ce ne sont pas les chats qui sont directement incriminés mais le parasite (
Toxoplasma gondii) que certains d'entre eux hébergent dans leurs intestins et peuvent transmettre à l'homme par le biais de leurs excréments. En effet, une étude récente conduite en France recense un plus grand nombre de décès par cancer du cerveau dans les régions où le pourcentage de personnes infectées par
Toxoplasma est plus élevé, ce qui est le cas dans le sud de la France et l'Aquitaine (
Infection, Genetics and Evolution, mars 2012). Un an auparavant, l'équipe pilotée par Frédéric Thomas (CNRS/IRD, Montpellier) avait fait le même constat pour d'autres pays.
«Les Anglais ont très bien fait de mener cette étude. C'est rassurant pour les propriétaires de chats. D'abord, ces animaux ne sont pas tous contaminés car ils n'ont pas tous l'occasion de manger des rongeurs parasités. Les humains peuvent aussi attraper le parasite en mangeant de la viande crue infectée, commente Frédéric Thomas. Il n'en reste pas moins que la piste de
Toxoplasma doit être étudiée de près. Entre 15 % et 20 % des cancers sont d'origine infectieuse», ajoute-t-il. Désireux de développer une approche darwinienne du cancer, il vient de créer à Montpellier avec Michael Hochberg un laboratoire de recherche écologique et évolutive sur cette pathologie, l'un des premiers au monde.
Un impact insoupçonnéLogeant à l'intérieur des cellules de son hôte, le parasite a un cycle de vie complexe. Il peut contaminer de très nombreuses espèces animales mais il ne se reproduit que dans l'intestin des félins. Ces derniers jouent donc un rôle clé dans sa dissémination. Présents sous forme de spores dans leurs excréments, les parasites sont ensuite ingérés par les herbivores, les rongeurs et les humains aussi.
Avec ce système,
Toxoplasmaest omniprésent dans le monde vivant. On estime que près d'une personne sur trois est contaminée. En règle générale, le parasite reste «dormant» et les seuls problèmes de santé qui lui sont associés à ce jour touchent les personnes immunodéprimées chez qui il peut entraîner des pathologies (œil, cerveau) et les femmes enceintes. Le parasite peut, en effet, être transmis au fœtus, ce qui peut provoquer des malformations, voire le décès.
Des recherches récentes ont toutefois montré que le parasite pourrait avoir un impact insoupçonné chez l'homme et ce d'autant plus qu'il va se loger préférentiellement dans le système nerveux. D'une part, il pourrait modifier le comportement des personnes contaminées en les amenant, par exemple, à avoir des conduites à risque. Il pourrait aussi favoriser des pathologies mentales comme la schizophrénie. Bref, on n'a pas fini de parler de
Toxoplasma dans les prochaines années.