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PS : de l'euphorie à l'angoisse du pouvoir
Mis à jour le 24/08/2012 à 09:05 | publié le 23/08/2012 à 19:31
Ambiance parmi les militants lors de l'université d'été du PS, en août 2011.
Réunis à La Rochelle pour leur université d'été, les socialistes ont des états d'âme face aux choix du gouvernement.Grande première pour les socialistes. Jamais, depuis la création des universités d'été de La Rochelle, ils n'avaient abordé la rentrée dans une telle situation: avec quasiment tous les pouvoirs entre les mains, de l'Élysée à Matignon en passant par l'Assemblée nationale, le Sénat et les collectivités territoriales. Pourtant, c'est sans euphorie et sans grand optimisme que les socialistes ouvrent vendredi (pour trois jours) leur grande réunion annuelle. Avant c'était simple, il suffisait de s'en prendre à Nicolas Sarkozy. Désormais, c'est plus compliqué, il faut agir. «Nous sommes encore dans cette espèce d'entre-deux, entre le sucre de la victoire et l'inquiétude de gouverner», confie Jean-Christophe Cambadélis. C'est que l'été de François Hollande a laissé des traces et commencé à susciter des interrogations jusqu'au sein de son propre camp.
Roms, Syrie, croissance, avenir de l'euro, sécurité… le «rêve français» du candidat Hollande s'est enlisé dans l'exercice du pouvoir. «Ce n'est pas l'euphorie, ce n'est pas “tous heureux” comme on a pu le ressentir en 1981 ou 1997, constate la sénatrice Marie-Noëlle Lienemann. Les socialistes sont à un carrefour. Ils sentent bien qu'il y a dans l'opinion un petit mouvement.»
Signes de défianceLa rentrée des désillusions? Dans les mesures annoncées par Jean-Marc Ayrault, certaines semblent déjà traduire un renoncement par rapport aux promesses de campagne. Le blocage «immédiat» du prix de l'essence est devenu une baisse «modeste et provisoire». Le doublement «immédiat» du plafond du livret A sera finalement progressif. Sans compter la hausse du smic qui, sans figurer précisément dans les engagements de campagne de Hollande, était tout de même un marqueur de gauche fort. Elle s'est finalement limitée à 2 %, au grand dam de la gauche du PS.
Comme pour se mettre eux-mêmes en garde contre la tentation de renoncer à leurs promesses de campagne, les socialistes ont programmé samedi la diffusion du film
L'Exercice de l'Étatqui décrit froidement la lassitude et le renoncement en politique. Mais déjà les déçus de l'élection présidentielle commencent à se faire entendre, jusqu'au sein même du PS où l'aile gauche n'en finit pas de réfléchir au dépôt d'une motion lors du prochain congrès de Toulouse. Ce serait un signe de défiance adressé directement à Jean-Marc Ayrault qui avait accepté de s'allier à Martine Aubry pour appeler à une motion unique de soutien à l'action de François Hollande. Les soutiens du président ressentent d'ailleurs du vague à l'âme. Alors que leur mentor s'est installé à l'Élysée, «ils ont le sentiment que l'appareil leur échappe, qu'ils sont les couillons, les dindons de la farce», explique un élu PS.
«Se tirer une balle dans le pied»À cela s'ajoutent les attaques venues de l'extérieur du parti, notamment de Jean-Luc Mélenchon. Une partie de l'ancien courant de Benoît Hamon est tentée de se faire entendre pour ne pas laisser le champ libre au leader du Front de gauche. Depuis le début de l'été, il menace de ne pas voter le traité européen renégocié par Hollande.
La grogne est suffisamment forte pour que le leader de l'aile gauche du PS, aujourd'hui ministre, prenne lui-même la peine d'appeler ses amis à la patience. «Parier aujourd'hui sur l'échec de François Hollande, c'est se tirer une balle dans le pied, prévient Benoît Hamon dans un entretien au
Parisien.Je suis favorable à ce que le débat vive à gauche mais la situation est trop grave pour que l'on se divise artificiellement.» Silence dans les rangs, donc.
Sauf que les Verts n'ont pas l'intention de se taire. Et leurs prises de position contre le gouvernement - prix de l'essence, gaz de schiste - commencent à agacer au PS où l'on a toujours du mal à accepter que ces alliés turbulents aient pu décrocher un groupe à l'Assemblée nationale et deux portefeuilles ministériels. Mais les socialistes veulent, cette fois au moins, réussir leur rentrée. Harlem Désir l'assure: «Les universités d'été doivent montrer un PS de militants, ouvert et rassemblé, au moment où la droite est incapable de se rassembler sur un même campus et se déchire pour la présidence de l'UMP.»
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Des couacs en sérieDès les premiers jours du gouvernement, il y a eu plusieurs couacs, notamment de la part de Vincent Peillon, le ministre de l'Éducation nationale, avec la fin programmée ou non de la semaine des 4 jours. Il y avait eu aussi le recadrage de Nicole Bricq qui avait dû quitter son ministère de l'Écologie pour celui du Commerce extérieur après un cafouillage concernant une autorisation d'exploration pétrolière au large de la Guyane. Pour savoir quelle action mener afin de freiner la hausse des prix à la pompe, Pierre Moscovici a lancé une réflexion cet été. Mais alors que le ministre de l'Économie attend, ce vendredi, un rapport qu'il a commandé à l'IGF et au conseil général des mines sur la formation des prix de l'essence, qu'il reçoit lundi les associations de consommateurs et mardi pétroliers et distributeurs, le premier ministre n'a pas hésité dès mercredi à vendre la mèche - en l'occurrence que l'État baissera «modérément» et «provisoirement» les taxes. Petit couac aussi autour de la communication sur le livret A. Alors que Jean-Marc Ayrault indiquait mercredi qu'«aucune décision n'était prise» sur la fiscalisation des revenus tirés de la hausse du plafond du livret A, le ministre du Budget, Jérôme Cahuzac, a annoncé dans la foulée qu'ils resteraient épargnés. Le ministre balayait ainsi le flou autour de la mesure, mais ne donnait pas l'impression d'une grande cohérence de communication.