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Un élu régional sarthois agressé en Tunisie
Mis à jour le 22/08/2012 à 23:27 | publié le 22/08/2012 à 19:26
«Si j'étais tombé à terre, ils m'auraient lynché», a affirmé Jamel Gharbi.
L'élu PS a été violemment frappé par des salafistes alors qu'il se promenait à Bizerte, dont il est originaire.
Jamel Gharbi, élu régional PS de la région Pays de la Loire, se souviendra longtemps de la soirée de clôture du Festival international de Bizerte 2012. Jeudi dernier, le 16 août, dans la soirée, alors que ce chargé de mission à la ville du Mans se promenait avec sa femme et sa fille de 12 ans dans les rues de Bizerte, en Tunisie, en marge du fameux festival de musique, danse et théâtre, il a été violemment pris à partie par une cinquantaine de salafistes, qui ont reproché leur tenue à son épouse et à sa fille.
«Nous avons croisé un groupe d'une cinquantaine de salafistes, qui les ont agressées verbalement en raison de leurs vêtements d'été, qui n'avaient pourtant rien de choquant», a déclaré Jamel Gharbi à l'AFP. Les événements se sont ensuite enchaînés très rapidement: après avoir crié à ses proches de s'enfuir, il a vu les agresseurs se ruer sur lui et le «frapper à coups de matraques et de gourdins», a-t-il indiqué.
Armés de sabres et de bâtons
«Personne ne m'a secouru. Je n'ai dû mon salut qu'au fait que j'ai réussi à m'enfuir. Si j'étais tombé à terre, ils m'auraient lynché», a poursuivi l'élu, qui a porté plainte en Tunisie avant de revenir en urgence en France. Victime de nombreuses contusions, il se repose actuellement chez lui, où il s'est vu prescrire quinze jours d'incapacité totale de travail (ITT).
Ce soir-là, «environ 200 personnes affiliées au mouvement salafiste ont utilisé la violence pour empêcher une manifestation organisée par des associations à l'occasion de la Journée de Jérusalem pour dénoncer la présence de certains invités arabes», a indiqué le ministère de l'Intérieur tunisien la semaine dernière. Selon les témoins, ils étaient armés de sabres et de bâtons.
Cinq autres blessés ont été recensés, dont un membre de l'organisation du festival. Le groupe a aussi saccagé, notamment, des instruments de musique. Les forces de l'ordre sont intervenues à coups de gaz lacrymogène et quatre personnes ont été interpellées. Sous la menace d'attaques de groupes salafistes, un concert et un spectacle comique avaient déjà été annulés mardi et mercredi dernier. D'autres manifestations culturelles ont subi le même sort.
Éviter les amalgamesLes réactions se sont multipliées depuis la révélation de cette agression mercredi. Président du conseil régional des Pays de la Loire, Jacques Auxiette a «condamné cette agression violente et gratuite de la part d'une minorité d'activistes religieux qui sévit à Bizerte et dans d'autres villes de Tunisie». En recommandant d'éviter les amalgames, le président de la région a indiqué qu'en relation étroite avec le Quai d'Orsay et l'ambassade de France à Tunis la collectivité régionale resterait informée et attentive aux suites données à la plainte déposée par son élu.
De son côté, le maire de Paris, Bertrand Delanoë, qui a passé son enfance à Bizerte, où il possède une villa et où il se rend régulièrement, s'est également indigné. «Cet acte indigne et lâche perpétré par une minorité extrémiste porte atteinte aux valeurs de la Tunisie», a indiqué le maire de Paris en exprimant ses souhaits de bon rétablissement à Jamel Gharbi, tandis que le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a appelé l'élu pour le soutenir.