Affaire Nezzar : Un avocat suisse dénonce des juges en quête de gloire
Par Hakim Merabet | 17/08/2012 | 21:45
Face à la justice suisse qui tente de lui faire payer la politique de tout un Etat en guerre contre des « islamo terroristes », ayant pris le maquis, le général major à la retraite Khaled Nezzar, peut compter sur un éminent avocat… suisse pour se défendre.
Marc Bonnant puisque c’est de lui qu’il s’agit, a dit dans une tribune publiée dans un journal de son pays, tout le « bien » qu’il pense des magistrats et plus généralement du fonctionnement de la justice suisse. C’est un véritable coup de sang voire un pamphlet d’un homme de loi dégoûté par le « droit d’ingérence judiciaire » que se sont donné d’après lui les occidentaux dont le sien.
Tout au long de sa contribution, l’un des avocats les plus influents du barreau Genevois, s’est employé à détruire l’acte d’accusation de l’ONG Trial contre Khaled Nezzar, sur la base de plaintes déposées par d’anciens membres du FIS.
Ne s’arrêtant pas sur des détails de l’affaire, Marc Bonnant dont le nom est lié à la défense des causes justes, a donc pris sur lui de donner un coup de pied dans la fourmilière de l’affaire Nezzar, son client faut-il le préciser. Pour Marc Bonnant, cette affaire est une autre opportunité pour étaler sur la place publique la réalité de la justice de son pays.
Dans son document au vitriole, le célèbre avocat a mis des mots acerbes sur les maux des magistrats helvètes accusés de s’être inféodés au « droit d’ingérence judiciaire » en vogue en occident. Dans sa tribune intitulée : «Du droit d’ingérence… judiciaire», Marc Bonnant évoque en des termes à peine voilés l’instrumentalisation de la justice suisse dans l’affaire Nezzar.
Un procès contre l’Etat algérienRefusant d’être superficiel, le célèbre avocat souligne en revanche «le contexte politique» de l’Algérie à l’époque des faits, marqué par un islamisme potentiellement dangereux passé au maquis. De fil en aiguille, M Bonnant montre et démontre que ce procès intenté au général Khaled Nezzar est en réalité dirigé contre l’armée voire l’Etat algérien d’alors.
Des détails qui lui servent d’éclairages pour mieux cerner l’arrière-pensée de ce procès en bonne et due forme contre l’armée algérienne. Et sous la plume de Marc Bonnant, les «maux» de la justice suisse dans cette affaire Nezzar sont déclinés par des mots acerbes : «néocolonialisme», «ingérence judiciaire», «décrépitude».
Pour l’avocat de Khaled Nezzar, la décision de la Cour pénale fédérale de refuser la reconnaissance de l’immunité dont jouit le général major à la retraite Khaled Nezzar, suite à une plainte d’anciens militants de l’ex-FIS, constitue une attitude «néocolonialiste». Marc Bonnant en donne un éclairage politique pour comprendre les décisions que Nezzar a prises à l’époque.
Un procès «décontextualis黫Le prononcé de notre Haute Cour retient que la Suisse est compétente pour juger des faits qui se sont produits en Algérie durant ses années de plomb de 1991 à 1993. On se souvient : le Front islamique du salut a remporté les élections législatives de juin 1990. Craignant, non sans fondement, l’avènement d’une république islamique, le gouvernement algérien annula les élections dès après le premier tour. S’ensuivit une guerre civile qui durera dix ans», commente le bâtonnier.
Pour autant, Marc Bonnant n’a pas voulu passer une pommade sur la peau de Nezzar et les autres chefs de l’armée algérienne d’alors qui dans le feu de l’action ont sans doute commis des dépassements.
«Cette période se caractérisera, comme toujours – les révolutions du Printemps arabe que tant de cœurs innocents célèbrent en sont la démonstration répétée –, par des actes terroristes, exactions, tortures et assassinats, à charge des belligérants des deux camps», reconnaît-il.
Mais Marc Bonnant rectifie tout de suite que «s’il y a crime contre l’humanité, les militants terroristes de l’ex-FIS y étaient directement impliqués, eux qui ne cessaient de revendiquer attentat après attentat, massacre après massacre ».
« Droit d’ingérence … judiciaire »L’avocat pense que la justice de son pays a adopté ce «nouveau système d’ingérence mis en place en Occident pour continuer à dominer le reste du monde». Il s’agit de «l’extension» des compétences de la justice de ces pays à l’international.
Sous la plume de Marc Bonnant, «le droit d’ingérence sera aussi… judiciaire» et la Suisse qui modifié sa législation en « janvier 2011 a décidé de s’inscrire dans ce mouvement».
Pourquoi les juges suisses se sont-ils emparés de l’affaire dite Nezzar ? Pour le célèbre avocat, il ne fait aucun doute « qu’ils sont (les juges) enivrés d’être reconnus universellement compétent ». (…) «Ils se saisissent de l’histoire des autres et se proposent, par leurs arrêts, de l’infléchir. Ils se mêlent de juger du destin de peuples qui nous sont étrangers».
Marc Bonnant regrette aussi que les droits de l’Homme soient «l’eau bénite dont on asperge le monde. Le sabre devient glaive de la justice». L’avocat du général Nezzar clôt son pamphlet par une formule assassine à l’endroit des juges helvètes : «Ils (les juges) cherchent la gloire là où il n’y a que décrépitude».
Et si cette affaire n’était finalement qu’une mise en scène pour des objectifs encore plus pernicieux comme le suggère cet avocat suisse empêcheur de condamner en rond ?