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Alzheimer : un nouveau traitement prometteur
Publié le 08/08/2012
Test de mémoire effectué pour le dépistage précoce de la maladie d'Alzheimer.
Testé chez la souris, un antiépileptique a montré qu'il pouvait contribuer à lutter contre les pertes de mémoire.
Beaucoup de progrès médicaux commencent par des études menées en laboratoire sur des animaux. Et l'un des «modèles» les plus prisés est la souris. D'autant qu'aujourd'hui les chercheurs disposent de souris transgéniques spécialement «configurées» pour reproduire certains traits de maladies humaines. C'est le cas dans une étude menée depuis trois ans à l'Institut Gladstone, à l'université de Californie de San Francisco (UCSF): les chercheurs ont découvert qu'un médicament contre l'épilepsie réduit, entre autres, la perte de mémoire, principale conséquence de la maladie d'Alzheimer (résultats publiés dans la revue
Pnas).
Selon un rapport international de 2010, cette dégénérescence cérébrale, qui touche déjà 18 millions de personnes, pourrait en affecter plus de 100 millions d'ici à 2050. Nombreux sont les laboratoires qui cherchent à comprendre l'origine de la maladie et à trouver des traitements pour prévenir, contenir ou inverser ses effets. Les chercheurs de l'Institut Gladstone se sont intéressés à l'activité des réseaux de neurones. «Notre étude s'appuie sur nos découvertes antérieures, qui suggèrent un lien entre la maladie d'Alzheimer et certains troubles épileptiques», explique Lennart Mucke, professeur de neurologie à l'UCSF.
Capacités d'apprentissage amélioréesDes souris chez qui avaient été implantés des gènes typiques de la maladie, en particulier celui de la protéine dite «amyloïde», qui forme des plaques dans le cerveau contribuant à désorganiser les communications entre neurones, ont été suivies. D'une part, sur le plan de leur activité cérébrale, par des électrodes implantées à la surface de leur cerveau ; d'autre part, sur leur capacité de mémorisation des tâches simples, comme se retrouver dans un labyrinthe avec à la clé des récompenses.
«Nous avons fait en sorte que ces souris ne souffrent aucunement, précise Pascal Sanchez, «transfuge» de l'université de Lyon et premier auteur de l'étude. Quelques heures après l'administration de lévétiracétam, un médicament utilisé pour certains cas d'épilepsie, les souris ont montré une réduction de plus de 50 % des altérations de l'activité électrique de leur cerveau.» Au bout de deux semaines, leurs capacités d'apprentissage et de mémorisation étaient nettement améliorées.
«Même si l'on ne connaît pas les mécanismes biologiques exacts au niveau des neuromédiateurs qui permettent cette restauration, force est de constater que sur ce modèle expérimental, cela marche», assure Pascal Sanchez. Conviction renforcée par une récente étude menée par des chercheurs de l'université John Hopkins de Baltimore (États-Unis), qui a montré que ce même antiépileptique avait des effets bénéfiques chez des patients souffrant de troubles de la mémoire.
«Ces résultats, bien que préliminaires, aussi bien chez la souris que chez l'homme, nous incitent à recommander rapidement des essais cliniques chez l'homme à plus grande échelle», estime Pascal Sanchez. Une centaine de patients pourraient ainsi être bientôt mobilisés pour tester «grandeur nature» l'efficacité de ce traitement.