Russie : les Pussy Riot risquent trois ans de camp

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Russie : les Pussy Riot risquent trois ans de camp

Publié le 07.08.2012, 12h10 | Mise à jour : 13h25


Le procureur a requis mardi trois ans de camp contre les trois jeunes femmes membres du groupe Pussy Riot. Elles sont jugées pour avoir chanté en février dans la cathédrale du Christ-Sauveur à Moscou, une «prière punk» anti-Poutine.

L'acharnement semble continuer contre les Pussy Riot, alors que le procureur a requis mardi trois ans de camp à leur encontre. Nadejda Tolokonnikova, Ekaterina Samoutsevitch, et Maria Alekhina, membres du groupe Pussy Riot, sont jugées pour avoir chanté une «prière punk» anti-poutine, en février, dans la cathédrale du Christ-Sauveur à Moscou. Pour le procureur, elles «se sont livrées au hooliganisme, motivées par la haine religieuse et l'hostilité aux croyants orthodoxes». Les trois jeunes femmes risquaient jusqu'à sept ans de détention.

Emprisonnées depuis cinq mois déjà, leur procès s'est ouvert fin juillet au tribunal Khamovnitcheski de Moscou. Les audiences, décrites comme «surréalistes» se déroulent dans une salle pleine à craquer de journalistes. Dès les premiers jours, l'audience a été marquée par des altercations entre les avocats des Pussy Riot et la présidente du tribunal, Marina Syrova, qui avait rejeté la plupart des témoins cités par la défense.

«C'est un peu surréaliste la manière dont la juge interrompt les discussions à certains moments» déclare la député britannique Kerry McCarthy, qui assiste aux débats, aux côtés de plusieurs représentants d'ambassades occidentales. Sur son compte twitter, elle ajoute : «Je n'ai pas le sentiment qu'il s'agit d'un procès équitable et que les prévenues soient en mesure de faire valoir leur point de vue». Les trois jeunes femmes dénoncent un procès «illégitime», se plaignant d'être dans un état de fatigue extrême et de manquer de nourriture. «Nous sommes à moitié conscientes, nous ne dormons pratiquement pas» déclare Nadejda Tolokonnikova. L'une des prévenues a par ailleurs été victime d'un malaise pendant une audience.

Soutien de la communauté artistique et internationale

L'ex-magnat du pétrole et critique du pouvoir russe Mikhaïl Khodorkovski, emprisonné depuis 2003, a déclaré avoir honte pour son pays, en suivant le déroulement du procès depuis sa cellule. Car le procès est retransmit en direct sur la télévision russe : un traitement jusqu'alors réservé aux procès traitant de terrorisme. De nombreuses personnalités russes et étrangères ont apportées leur soutien aux jeunes femmes. Parmi elles, un grand nombre de musiciens de renom : Pete Townshend, Sting, Anthony Kiedis (chanteur du groupe de rock Red Hot Chili Peppers). Arrivée à Moscou mardi pour un premier concert, Madonna s'est dite choquée par le sort des trois prévenues.

Jeudi dernier, le président Poutine a laissé tout le monde perplexe en suggérant la «clémence» pour les Pussy Riot. Estimant qu'il n'y avait «rien de bon» dans ce qu'elles ont fait, il a malgré tout ajouté : «je ne pense pas qu'elles doivent être jugées trop sévèrement». En France, Europe Ecologie-Les Verts a dénoncé lundi «l'acharnement» de la Russie contre les trois jeunes femmes, demandant «leur libération immédiate». Un acharnement qui «symbolise les violations des droits humains en Russie» pour son porte-parole, Jean-Philippe Magnen, et «montre la crainte du pouvoir russe face à une contestation interne qui ne cesse d'augmenter».

VIDEO. La «prière punk» anti-Poutine des Pussy Riot