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Arafat : des médecins doutent de la thèse du polonium
Mis à jour le 31/07/2012 à 19:29 | publié le 31/07/2012 à 18:22
Yaser Arafat dit adieu à la foule lors de son départ en hélicoptère pour la France depuis son quartier général de Ramallah, le 29 octobre 2004. Le leader palestinien est décédé le 11 novembre 2004 à Paris, à l'âge de 75 ans.
Si l'hôpital reste muet sur les causes du décès, plusieurs praticiens français donnent leur diagnostic sur la mort du leader palestinien.L'hôpital militaire de Percy refuse de s'exprimer sur les causes de décès du leader palestinien Yasser Arafat, en raison du secret médical qui s'impose pour tout patient. En revanche, la Fondation Arafat a rendu public le 12 juillet son dossier médical complet sur Internet, tel que l'hôpital l'a transmis à son épouse. Le document est disponible sur le site www.yasserarafat.ps. Si ce document ne conclut pas noir sur blanc à un diagnostic précis, il offre un certain nombre d'informations, contredisant la thèse de l'empoisonnement au polonium, selon plusieurs experts français qui l'ont consulté. Ainsi, le leader palestinien serait décédé de troubles graves de la coagulation liée à une chute des plaquettes (des cellules du sang impliquées dans la coagulation) associée à une perturbation importante des fonctions hépatiques et des troubles digestifs.
Or l'empoisonnement au polonium provoque des symptômes différents. «L'intoxication au polonium provoque une irradiation générale, avec des troubles précis que l'on connaît bien, explique le professeur Roland Masse, membre de l'Académie de médecine, spécialiste de la radioactivité. Les premiers symptômes surviennent en moyenne une semaine après l'intoxication et se traduisent par une ulcération de la muqueuse de l'intestin avec des pertes d'eau et des diarrhées sanglantes.»
Anomalies biologiquesL'autre signe majeur de l'irradiation bien connu des experts en radioprotection, c'est la destruction de la moelle osseuse, qui fabrique les cellules du sang. «L'irradiation interne atteint la moelle osseuse et provoque alors une anémie, avec une chute précoce du taux des globules blancs dans le sang», ajoute le professeur Roland Masse. Les examens biologiques ne montrent pas d'anémie ni de chute des globules blancs. Par ailleurs, une ponction de moelle osseuse effectuée ne met pas en évidence d'aplasie médullaire.
Le polonium est une substance radioactive qui se désintègre rapidement avec le temps. «Si les faibles doses retrouvées sur ses effets personnels sont la trace d'une contamination d'il y a dix ans, il faudrait que la dose administrée à l'époque ait été massive de l'ordre de 500.000 fois supérieur, pour qu'elle soit encore détectable aujourd'hui. Or une dose massive aurait donné des anomalies hématologiques que l'on ne retrouve pas dans son dossier», assure le professeur André Aurengo, chef du service de médecine nucléaire (Hôpital Pitié-Salpêtrière).
Enfin, le dossier médical met en évidence des importantes anomalies biologiques au niveau du foie, «ces anomalies pourraient expliquer la thrombopénie et les troubles de la coagulation qui ont été relevés dans le dossier», suggère le professeur Stanislas Pol (chef de service d'hépatologie, hôpital Cochin, Paris).
Comment expliquer alors les traces de polonium sur les effets personnels du leader palestinien? «Le polonium est partout à faibles doses dans l'environnement, dans la terre, la fumée de cigarettes. Quand on les cherche, on en retrouve facilement», conclut le professeur Masse..