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Skype accusé d'espionner les conversations de ses membres
Mis à jour le 27/07/2012 à 14:42 | publié le 27/07/2012 à 12:15
Le service de conversation en ligne aurait modifié l'architecture de son réseau pour pouvoir accéder aux informations personnelles de ses utilisateurs et les communiquer aux autorités si la justice le demande.Skype espionne-t-il vos conversations? Ces derniers jours, la question est largement débattue sur le Web anglophone. «C'est terrifiant et nauséabond que Microsoft puisse maintenant écouter tous mes appels Skype», raconte un contributeur de
Forbes , tandis que ZDNet parle de «Big Brother». Chaim Haas, chargé des relations avec la presse du service d'appels et de messagerie instantanée en ligne, a eu la mauvaise idée de prononcer la phrase de trop devant un journaliste de Slate la semaine dernière, en réponse à diverses rumeurs selon lesquelles l'entreprise pourrait être l'objet d'écoutes électroniques de la part de la police. Skype «coopère avec les organismes d'application de la loi autant qu'il est juridiquement et techniquement possible», a ainsi déclaré la firme. Rien de bien polémique de prime abord. Sauf que les services de Skype sont réputés être difficilement interceptables, y compris par l'entreprise elle-même. C'est d'ailleurs ce qui explique son succès auprès des activistes politiques. Et désormais, il est fort possible que cela change.
Un réseau qui se centraliseTechniquement, cette sécurité est rendue possible par la structure même du réseau, basé sur un protocole
peer-to-peer. Les données, qu'elles soient vidéo, audio ou textuelles, sont cryptées et relayées par les ordinateurs des membres directement entre eux, sans passer par un serveur central, ce qui complexifie toute écoute ou interception. Mais depuis son rachat par Microsoft pour 8,5 milliards de dollars l'année dernière, des groupes de hackers et des experts en vie privée sur Internet dénoncent une modification de l'architecture du réseau, qui a vu apparaître des «supernodes». Autrement dit, les données transitent désormais par des serveurs centraux, détenus par la firme.
Pour Skype, l'objectif est officiellement de rendre le système plus performant et plus stable. Pour ses détracteurs, cela permet surtout d'avoir la mainmise sur les données personnelles de ses membres (nombre de connexions, d'échanges, localisation, âge, etc.) et, par ricochet, de pouvoir les communiquer aux autorités, voire de rendre tout échange interceptable sans que l'utilisateur en soit informé. En effet, de nombreux malfaiteurs de tous bords, du trafiquant de drogue au jihadiste en passant par le pédophile, préfèrent utiliser Skype à leur téléphone fixe ou mobile, dans un souci de confidentialité.
La firme, qui se défend de toute mauvaise intention, explique que ces «supernodes» servent seulement à mettre en relation les utilisateurs sur le réseau. Aucune conversation n'y transiterait, ce qui signifie qu'elles ne pourraient pas être interceptées. Pourtant, la politique de confidentialité de Skype informe les utilisateurs que la firme mémorise les messages instantanés de ses membres «pour une durée maximale de 30 jours» et les messages vocaux «pour une durée maximale de 60 jours».
La fin de Skype ?Pour certains chroniqueurs, ce qui faisait la force de Skype au regard de la concurrence - la sécurité - est désormais caduc: «Toute personne ou entreprise préoccupée de la confidentialité de ses communications devrait cesser d'utiliser Skype et chercher une alternative», peut-on lire sur ZDNet. Slate va également en ce sens: «Certains [utilisateurs] sont déjà en train de se tourner vers des alternatives comme Jitsi, qui permet un cryptage et un niveau de sécurité qui ne peuvent plus être acquis avec Skype.»
D'autres relativisent cependant cette évolution: «Si vous voulez discuter avec vos petits-enfants qui vivent à travers le pays ou si vous voulez reprendre contact avec un vieil ami qui a déménagé en Thaïlande, ou si vous voulez avoir une conversation vidéo avec votre conjoint depuis votre chambre d'hôtel après une longue journée de voyage d'affaires, vous devriez vous sentir complètement à l'aise d'utiliser Skype», déclare par exemple un autre bloggeur de ZDNet.