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JO : le dilemme des athlètes musulmans face au Ramadan
Mis à jour le 23/07/2012 à 16:33 | publié le 23/07/2012 à 12:36
Le judoka français Sofiane Milous rattrapera les jours de jeûne après les Jeux olympiques.
Le ramadan et les Jeux olympiques tombent cette année à la même date. Une majorité d'athlètes croyants ont décidé de reporter le jeûne, mais les autorités religieuses jugent qu'il s'agit d'un péché.Saisir pleinement la chance de sa vie ou rester fidèle à ses convictions religieuses. Les 3000 athlètes musulmans prenant part aux Jeux olympiques de Londres font tous face à ce dilemme. Pour la première fois depuis 32 ans et les JO de Moscou, les Jeux tombent en plein ramadan. Le judoka français Sofiane Milous a, comme une majorité d'athlètes, choisi de reporter le jeûne. «C'est un choix personnel, chacun pratique sa religion comme il le veut. Je ne jugerai les choix de personne, comme personne ne doit juger les miens», confie le sportif au
Figaro. Il rattrapera donc chaque jour non jeûné après les Jeux olympiques. «On a un an pour le faire», précise Sofiane Milous.
Le rameur britannique Moe Sbihi a lui aussi annoncé qu'il ne jeûnera pas pendant les JO, mais offrira en échange 1800 repas aux personnes défavorisées, rapporte
The Daily Mail . D'autres ont décidé de privilégier la religion et de ne pas participer du tout aux compétitions. Les deux footballeurs américains les frères Abdullah ont par exemple annulé leur participation aux Jeux et se rendent à la place en pèlerinage à La Mecque.
«C'est un péché, l'athlète doit l'assumer»Pour permettre aux athlètes de participer aux Jeux olympiques en pleine possession de leurs capacités physiques, le Maroc ou Dubaï ont notamment demandé aux responsables musulmans d'émettre des fatwas (des avis juridiques) exemptant de jeûne les athlètes olympiques. «Mais c'est impossible», explique Fateh Kimouche,fondateur du site al-kanz.org. «Si l'on s'en tient à l'interprétation des textes, tout le monde doit jeûner pendant le ramadan sauf les personnes malades, les voyageurs et les femmes enceintes, sous certaines conditions. Le sport n'est pas une excuse valable, personne n'est obligé de faire du sport.»
Aucun sportif ne peut donc prétendre que l'islam cautionnerait son report du jeûne, poursuit le spécialiste. «Un homme qui décide de reporter le jeûne peut le faire, c'est un choix personnel. Mais il ne peut pas prétendre que la religion l'y autorise. Il doit assumer son péché. Il y a des musulmans qui boivent de l'alcool par exemple, ils savent que ce n'est pas bien. C'est pareil.» Le recteur de la Grande Mosquée de Paris, Dalil Boubakeur, refuse également de statuer sur cette question: «C'est un choix personnel, il n'y a rien à dire de plus», répète-t-il, avant de couper court.
Les croyants qui suivront le jeûne devront se lever vers 4 heures du matin pour manger et boire. Une privation d'autant plus difficile que les journées d'été à Londres peuvent durer plus de 16 heures. Le CIO s'est engagé à laisser les restaurants olympiques ouverts toute la nuit pour permettre aux croyants de se restaurer. Car pour certains athlètes, le jeûne du ramadan, en faisant travailler leur force mentale, les rend plus performants. Suleiman Nyambui, secrétaire générale de l'association tanzanienne d'athlétisme et ancien coureur, encourage les athlètes à jeûner. «Le plus dur, c'est l'entraînement, pas la compétition en elle-même», explique-t-il. Pour preuve, en 1980, il avait lui-même décroché en plein ramadan une médaille d'argent sur le 5000 mètres.