SBA : la chambre des amis de Sadek El Kébir

Sidi Bel Abbès : la chambre des amis de Sadek El Kebir

le 21.07.12 | 10h00

Quelles sensations peuvent ressentir des spectateurs voyants dans une salle obscure où des non-voyants donnent à entendre, et non pas à voir, un spectacle soigneusement construit autour d’un conte ? C’est à la fois une expérience inédite et audacieuse qu’a décidé d’adapter pour la scène Sadek El Kebir, conteur, auteur et metteur en scène.

Conçue et écrite par celui qui a passé des années de sa vie à réhabiliter l’art de la narration et l’univers merveilleux du conte, cette toute nouvelle expérience n’aurait pu être possible sans l’aide, le soutien et la disponibilité du Théâtre régional de Sidi Bel Abbès (TRSBA). La chambre des amis est l’intitulé de ce spectacle atypique dont la générale est prévue en octobre prochain, selon le directeur du TRSBA, M. Assous. Il y a quelques jours, Sadek El Kebir a achevé le casting de ce spectacle de 50 minutes qui réunira, au final, sur les planches, sept non-voyants issus des villes d’Oran, de Sidi Bel Abbès et de Saïda. Ainsi, Hamidi, Barkat, Hakima, Amina, Ouarda, Hassani et Lahouli prêteront leur voix à un texte rédigé en braille et évolueront comme des comédiens à part entière. Ils seront accompagnés par le musicien Mrabet Samir, professeur de piano au conservatoire municipal de Sidi Bel Abbès, non-voyant lui aussi.

«La chambre des amis est un lieu où les visiteurs s’imprègnent de la vie des non-voyants, où la lumière est interdite, où les comédiens, autant que le public, ont perdu la vue», explique Sadek dans la fiche de présentation de son œuvre. Et de préciser : «Le but du projet est de donner au non-voyant l’occasion de mettre en évidence ses capacités, au point que, dans la chambre des amis, c’est plutôt l’homme normalement constitué qui a besoin de l’aide du non-voyant, au lieu du contraire.» L’idée a germé, selon Assous, lors du dernier Festival du théâtre professionnel qui a eu lieu en avril dernier. «Ceux qui vont vivre l’expérience, ce sont, en fait, les voyants», dit-il. Pour le cinéaste Tsaki Brahim, qui a assisté à quelques répétitions, l’«originalité du spectacle tient au fait qu’il s’agit pour les spectateurs ‘‘normalement’’ constitués de réduire tous les sens à un seul, et de sortir de tout ce qui est visuel, le tout se jouant dans le noir». La chambre des amis donnera six représentations au TRSBA et devrait entamer une tournée nationale dès la prochaine rentrée sociale. 

Abdelkrim Mammeri
© El Watan