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L’État s’en prend violemment à PSA
Publié le 18/07/2012 à 19:12 | Mise à jour le 18/07/2012 à 22:22
Arnaud Montebourg, ministre du Redressement productif, le 17 juillet à l’Assemblée nationale.
Arnaud Montebourg, qui recevait, ce mercredi après-midi, Philippe Varin, le patron du constructeur automobile, a attaqué la stratégie du groupe ainsi que la famille Peugeot.Le ton est monté de plusieurs crans sur le dossier PSA. Arnaud Montebourg, le ministre du Redressement productif, a sorti mercredi l’artillerie lourde contre le constructeur, avant de recevoir cet après-midi son patron, Philippe Varin, prié de s’expliquer sur son plan de suppression de 8000 emplois en France.
Alors que les marges de manœuvre du gouvernement paraissent limitées pour faire reculer PSA, un groupe privé en difficulté, le ministre a tenté de jeter le discrédit sur sa direction, remettant clairement en cause la famille Peugeot, premier actionnaire.
Arnaud Montebourg a affirmé sur
France Inter avoir «un vrai problème sur la stratégie de Peugeot, l’alliance avec General Motors et le comportement de l’actionnaire». Il a ajouté qu’il n’avait pas «une confiance extraordinaire» dans les affirmations de la direction, évoquant des «dissimulations» sur la santé de l’entreprise.
Le ministre, qui a critiqué le versement de 78 millions d’euros de dividendes à la famille Peugeot en 2011, en discutera avec Thierry Peugeot, le président du conseil de surveillance, qu’il recevra à Bercy le 26 juillet. «Je veux savoir ce qu’il veut faire», a déclaré Arnaud Montebourg. En attendant, Thierry Peugeot s’entretiendra vendredi avec l’expert gouvernemental chargé d’établir un diagnostic sur PSA. Cet expert, qui doit décrire la «situation réelle» de l’entreprise, doit «examiner les alternatives» au plan drastique de PSA.
La famille choquéeTrès choquée par ces critiques, la discrète famille Peugeot a indiqué qu’elle avait «toujours donné la priorité au développement du groupe et à sa stratégie, n’hésitant pas à diluer sa participation quand la situation le requérait», comme lors de l’augmentation de capital de début 2012, permettant l’entrée de General Motors au capital. La famille se défend aussi des accusations d’évasion fiscale, précisant que tous les membres impliqués chez PSA «habitent en France et payent leurs impôts en France».
Le gouvernement cherche aussi à mettre la pression sur le constructeur en exigeant «des contreparties» au plan de soutien à l’automobile qu’il va annoncer le 25 juillet. Ce plan n’inclura pas de nouvelle prime à la casse, mais devrait passer par un «soutien massif vers les véhicules innovants et propres, hybrides et électriques», a expliqué Arnaud Montebourg, estimant que les constructeurs français disposaient d’un «avantage compétitif très fort» sur ce type de véhicules qu’ils produisent surtout dans l’Hexagone. «Nous sommes très tentés d’accentuer les mesures liées au bonus-malus écologique», a-t-il ajouté. Le gouvernement réfléchit aussi à «une bonne mesure» qui permette «d’accéder à la voiture moins chère» sans trop accentuer «l’endettement des ménages».
Le dispositif actuel, mis en place par le précédent gouvernement, prévoit un bonus de 2000 euros pour l’achat d’une voiture hybride, et de 5000 euros pour l’acquisition d’un véhicule électrique. Prolonger ou accentuer l’aide aux véhicules hybrides ou électriques semble certes nécessaire pour amorcer la demande. Mais cela ne devrait pas apporter de véritable bouffée d’oxygène dans l’immédiat, le marché étant balbutiant. Il ne s’est vendu en France au premier semestre que 2270 voitures électriques et 10.350 modèles hybrides. PSA a fait le pari de la technologie hybride diesel, et Renault joue gros sur l’électrique.