Royaume-Uni : le secteur public paralysé par la grève

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Royaume-Uni : le secteur public paralysé par la grève

Publié le 30.11.2011, 10h16 | Mise à jour : 17h48


[b]ARCHIVES. Des milliers de travailleurs du secteur public s'étaient déjà mobilisés en juin dernier pour protester contre les réformes des retraites notamment, prévues par le gouvernement britannique.

Plus d'un millier de manifestations sont prévues à travers le pays.

Le gouvernement assure que la réforme des retraites est incontournable du fait de l'allongement de l'espérance de vie et du nécessaire équilibre avec le secteur privé. Il a sévèrement critiqué ce mouvement qui va coûter selon lui plus de 500 millions de livres (583 millions d'euros) à une économie britannique déjà mal en point.

«Ce gouvernement prend plein d'argent aux plus pauvres»

Dans le cadre de son plan de rigueur, le cabinet de David Cameron prévoit de repousser l'âge de départ à la retraite dans le secteur public à 66 ans en 2020 - contre 60 ans pour la plupart des fonctionnaires actuellement - et d'augmenter les cotisations. La pilule est dure à avaler car il vient d'annoncer un gel des salaires des fonctionnaires jusqu'en 2013, ajouté aux 710.000 suppressions de postes d'ici 2017 dans la fonction publique. «Ce gouvernement prend plein d'argent aux plus pauvres», mais «il ne touche pas aux bonus, ni aux banques», se plaint Russel Challinor, 49 ans, qui participe au piquet de grève devant un bâtiment du conseil municipal de Camden, dans le centre de Londres.

Premier effet de la grève : de nombreuses familles ont dû garder leurs enfants à la maison, les trois quarts des écoles étant affectées. Le gouvernement a appelé à la bienveillance les chefs d'entreprises, leur demandant d'accepter les enfants de leurs salariés au bureau. Des piquets de grève sont apparus de bonne heure devant les bâtiments publics, notamment les hôpitaux où souvent seuls les soins d'urgence étaient assurés.

Devant l'hôpital d'University College, une centaine de personnes sont installées à l'entrée avec des pancartes proclamant: «Retraites: bas les pattes». Les services municipaux tournent eux aussi au ralenti, faute de personnel, comme les tribunaux.

Une situation moins difficile que prévu dans les gares et les aéroports

La situation était en revanche beaucoup moins difficile que prévu dans les aéroports, les ports et à la gare de St-Pancras, où l'on craignait des files d'attente massives, faute de policiers en nombre suffisant pour assurer le contrôle aux frontières. Au départ et à l'arrivée des trains Eurostar, aucune perturbation n'était visible.

Dans les deux plus grand aéroports du pays, Heathrow et Gatwick, pas de file d'attente non plus. Le trafic s'écoulait normalement. D'après un porte-parole de la compagnie Bristish Airways, les deux tiers environ des employés chargés du contrôle à Heathrow étaient à leur poste. «Comme j'ai un passeport américain, je pensais devoir attendre beaucoup plus longtemps», s'est félicitée Dawn Wilson, une étudiante de 28 ans, à son arrivée à Heathrow.

Le gouvernement s'était, il est vrai, efforcé de limiter la pagaille en appelant des fonctionnaires des ministères à remplacer leurs collègues grévistes. Certaines compagnies aériennes ont aussi anticipé en annulant des vols ou en limitant le nombre de passagers dans les avions. «Il est très significatif qu'Heathrow, qui est censé être le plus vulnérable, semble fonctionner correctement», n'a pas manqué de souligner Francis Maude, le secrétaire d'Etat auprès du Premier ministre.

«Il y a un moment où les gens doivent se lever et résister»

De son côté, mercredi matin, le ministre britannique de l'Economie, George Osborne, a appelé les syndicats à reprendre les négociations«Donc revenons à la table des négociations, trouvons un accord sur les retraites qui soit juste pour le secteur public, avec des pensions de retraite décentes pour les décennies à venir, qui soient abordables pour le gouvernement et pour les contribuables», a poursuivi George Osborne.

Une main tendue qu'ignorent les responsables syndicaux. Brendan Barber, secrétaire général du Trades Union Congress (TUC), la confédération syndicale, défend cette journée d'action en affirmant que le secteur public est «attaqué» par le gouvernement. «Il y a un moment où les gens doivent se lever et résister», a-t-il ajouté sur la chaîne ITV, fustigeant «les changements que le gouvernement tente d'imposer par la force, en faisant travailler la population plus, plus longtemps, pour gagner moins, beaucoup moins».

Les organisateurs escomptent que ce mouvement sera le «plus important depuis une génération». Dans la rue, voitures et bus saluent en klaxonnant les grévistes qui leur répondent par des applaudissements. D'après un récent sondage, 41% des Britanniques sont favorables à ce mouvement. «Ce gouvernement prend plein d'argent aux plus pauvres», mais «il ne touche ni aux bonus, ni aux banques», se plaignait Russel Challinor, 49 ans, qui participait à un piquet de grève devant une mairie, dans le centre de Londres.