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Afghanistan : les talibans frappent aux portes de Kaboul
Publié le 22/06/2012 à 18:54
les forces de sécurité afghanes occupent l'hôtel de luxe Spozhmai, près de Kaboul, après l'attaque des talibans jeudi soir.
Un nouveau coup de force contre un hôtel de luxe a fait au moins 20 morts. Le président Karzaï laisse poindre son découragement.C'est un nouveau revers en Afghanistan pour la coalition et pour les forces de sécurité afghanes. Des talibans ont lancé jeudi soir une attaque qui a duré douze heures contre l'hôtel Spozhmai, un établissement de luxe situé sur les bords du lac Qargha, à dix kilomètres de Kaboul. L'hôtel hébergeait ce jour-là une fête d'anniversaire. Les troupes de la coalition et leurs alliés locaux ont repoussé les assaillants armés de lance-roquettes, qui avaient pris des civils en otages. Mais le bilan est lourd: au moins 20 morts.
Ce nouveau coup de force s'est produit après une déclaration particulièrement forte du président afghan. Devant le Parlement, Hamid Karzaï a livré une vision désenchantée de l'état de son pays après plus de dix ans de présence internatio­nale. Contredisant la version de l'Otan, qui affirme que la situation s'améliore, il es­time au contraire que le nombre d'at­taques menées contre les forces locales augmente sans cesse. «Les ennemis ont compris que c'est à l'armée et à la police de défendre l'Afghanistan, qu'elles sont la base de ce pays. Ils veulent affaiblir les fondations de l'État », a-t-il dit, déplorant que chaque jour, de 20 à 25 policiers ou militaires afghans périssent dans des combats contre les talibans.
Lieux de «débauche »La dernière attaque prouve, s'il en était encore besoin, que les insurgés peuvent frapper quand et où ils le veulent. En avril déjà, ils avaient mené des attaques sui­cides coordonnées, notamment à Kaboul, dans la «zone verte », la partie la plus sécurisée de la capitale.
Les talibans ne visent plus seulement les troupes de la coalition ou les forces de sécurité locales, mais aussi les civils. Zabihullah Mujahid, un porte-parole des insurgés, a indiqué que la cible des attaquants, un lieu de villégiature réputé, avait été choisie car s'y déroulaient «des fêtes débridées, avec de la boisson et de la prostitution ». L'hôtel Spozhmai est en effet l'un des rares endroits de la capitale où les Afghans peuvent acheter et boire de l'alcool. Une activité jugée «immorale » par les talibans.
Lieux de «débauche »Afin d'éviter une guerre civile, la coalition internationale s'emploie depuis plusieurs mois à former à marche forcée les nouvelles forces de sécurité afghanes, qui comptent pour l'instant 340 000 hommes. Mais, alors que la question de leur ­financement à long terme n'a pas été résolue, un rapport de l'Otan soulignait au printemps qu'elles étaient non seulement infiltrées par les insurgés, mais que de nombreux Afghans, anticipant le départ des forces étrangères, se tournaient vers les talibans, dont les différentes factions s'affrontent pour préparer l'avenir.
«La question n'est pas de savoir si, mais comment les talibans reviendront au pouvoir. À l'issue de combats ou grâce à un accord passé avec la coalition et l'administration Karzaï », analyse un expert du dossier. Un accord avec les talibans, c'est ce que tentent d'obtenir les Américains. Mais cette solution passe par le Pakistan, qui héberge dans ses Zones tribales des sanctuaires islamistes. Or les relations entre Washington et Islamabad sont au plus mal. Elles ne risquent pas de s'arranger dans les prochains jours. Pour le commandant des forces de l'Otan, le général Allen, l'attaque de jeudi porte la marque du réseau Haqqani, proche d'al-Qaida, dont les centres de commandement se trouvent au Pakistan.