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Les socialistes face au défi de la majorité absolue
Mis à jour le 15/06/2012 à 20:23 | publié le 15/06/2012 à 20:01
François Hollande : «Mon adversaire, c'est le monde de la finance»
Certains sondages donnent une majorité PS à l'Assemblée nationale.
Les mains libres? Dimanche soir, François Hollande saura s'il peut compter sur une majorité socialo-socialiste à l'Assemblée nationale pour appliquer librement les soixante propositions de son programme, sans concessions à qui que ce soit, qu'il s'agisse des Verts ou du Front de gauche. Selon les derniers sondages, c'est bien cette perspective qui semble promise aux socialistes. Et avec elle le choix de «cohérence» que les ténors du PS espéraient des Français avant le scrutin.
Selon une projection TNS-Sofres Sopra Group pour iTélé diffusée vendredi, le PS, le PRG et les divers gauche emporterait la majorité absolue avec 300 à 330 sièges pour une majorité acquise à partir de 289. À côté, les Verts en obtiendraient 14 à 18 et le Front de gauche 10 à 12. Après dix ans dans la majorité, la droite passerait donc dans l'opposition avec de 210 à 240 sièges pour l'UMP et ses alliés Nouveau Centre, PR et DVD.
En dehors de TNS-Sofres, deux autres instituts de sondages, Ifop et OpinionWay, prévoient une majorité absolue pour le PS et ses plus proches alliés de gauche. Mais deux autres, Ipsos et Harris Interactive, n'excluent pas qu'ils ne fassent que la frôler.
Quelques risquesPour les socialistes, obtenir dimanche la majorité à l'Assemblée nationale représenterait quoi qu'il en soit une première. S'ils avaient déjà occupé en force cette Assemblée, en 1981, 1988 et 1997, jamais sous la Ve République ils n'auraient obtenu autant de pouvoir puisqu'ils détiendraient désormais le Sénat avec leurs alliés, l'Assemblée nationale seuls, l'Élysée, Matignon, vingt et une régions sur vingt-deux et la majorité des plus grandes villes de France. Seul le Congrès (réunion de l'Assemblée et du Sénat) échapperait à leur contrôle.
Une situation quand même confortable mais qui recèle aussi quelques risques pour la gauche puisque, face à autant de pouvoir, elle se retrouve en quelque sorte confrontée à une obligation de résultat. «Nous n'aurons pas le droit à l'erreur», reconnaît un cadre socialiste. Car dans toute la chaîne de décision, de l'Élysée à la plus petite commune de France, il n'y aurait plus la moindre interférence politique.
Un autre risque découlerait alors de cette situation: celui de voir le PS générer sa propre opposition interne. Pour l'heure, l'aile gauche du parti ne se montre guère turbulente. Mais le faible score de Jean-Luc Mélenchon à l'élection présidentielle et le faible nombre de sièges promis au Front de gauche à l'Assemblée nationale pourraient réveiller ce courant qui s'était toujours opposé à François Hollande.
Enfin, voir les socialiste détenir l'ensemble des pouvoirs sous la Ve République ne serait pas un petit paradoxe. Les socialistes sont en effet historiquement opposés à ce régime que François Mitterrand avait sévèrement dénoncé en son temps. Majoritaires partout, sauf au Congrès, ils détiendraient tous les pouvoirs, sauf celui de modifier la Constitution.