Des boissons énergisantes soupçonnées dans 2 décès

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Des boissons énergisantes soupçonnées dans 2 décès

Publié le 07/06/2012


Il est déconseillé de boire des boissons énergisantes avec de l'alcool ou pendant un effort sportif.

L'Agence nationale de sécurité sanitaire enquête sur deux accidents cardiaques qui pourraient être liés à une consommation impropre de ces produits.

Sujettes à controverse depuis leur arrivée sur le marché français en 2008, les boissons énergisantes de type Redbull® sont de nouveau pointées du doigt pour leur effets secondaires délétères. L'agence nationale de la sécurité alimentaire (Anses) qui suit le dossier a ainsi fait état mercredi du signalement par des médecins de deux décès par crise cardiaque en 2011 et 2012 qui pourraient être liés à une consommation impropre de ces produits.

«Nous en sommes au stade de l'enquête donc pour le moment, le lien de cause à effet n'a pas encore été établi», souligne le Pr Irène Margaritis, chef de l'unité d'évaluation des risques liés à l'alimentation à l'Anses. Toutefois, les premières analyses rendent pour l'instant «vraisemblable à très vraisemblable» un lien entre ces crises cardiaques et la consommation de boissons énergisantes.

Dans le cadre de son dispositif de nutrivigilance mis en place fin 2009, six cas d'effets indésirables liés aux boissons énergisantes ont été remontés à l'Anses par des médecins. Tous concernent des personnes de moins de 50 ans (quatre d'entre elles ont moins de 30 ans), conformément au profil type du consommateur, qui est plutôt un jeune ayant une consommation festive de ces produits associée à l'alcool. Les effets indésirables déclarés sont d'ordre cardiologique (crises cardiaques mortelles), neurologiques (crise d'épilepsie, coma, désorientation temporo-spatiale) et psychiatrique (troubles du comportement). Une atteinte rénale a également été constatée (insuffisance rénale aiguë). Des investigations sont en cours pour permettre d'affiner l'analyse de ces cas, précise l'Anses. «Il s'agit d'effets graves et le lien ne peut être écarté pour l'instant», précise le Pr Margaritis. Sur la période précédente 2008-2009, 24 incidents avaient été rapportés. Pour 13 d'entre eux, un lien de causalité possible ou probable a pu être établi. Il s'agissait de tachycardie, crises d'épilepsie, paresthésies, tremblements, vertiges, angoisses, agitation ou confusion.

«Elles révèlent un manque de confiance en soi»

Si le terme «boissons énergisantes» n'est pas encadré, on y trouve souvent les mêmes composants: eau, caféine, taurine, vitamines B, glucuronolactone, extraits de plantes comme le guarana. Ces éléments sont naturellement présents dans l'alimentation, mais ils sont ici en fortes concentrations. L'Anses déconseille ces boissons avec de l'alcool ou pendant un effort sportif. Les femmes enceintes doivent aussi les éviter.

Pour le Pr François Chast, chef du service pharmacie, pharmacologie et toxicologie des hôpitaux universitaires Paris-Centre, une consommation modérée de ces boissons ne doit toutefois pas être diabolisée. «Les études sur la toxicité de la taurine, un composant de ces boissons qui fut un temps interdit, sont très contradictoires et ne permettent pas de conclure à un risque», rappelle-t-il. En revanche, «il est vrai qu'une cannette contient en caféine l'équivalent d'un expresso et l'on sait depuis des décennies que la caféine a plus d'effets toxiques sur le cœur chez les personnes ayant consommé de l'alcool».

Pour lui, la consommation régulière des boissons énergisantes peut néanmoins interpeller dans le sens où elle révèle «un besoin de dépasser ses performances - intellectuelles, sportives ou sexuelles - et donc un manque de confiance en soi». «Les consommateurs de ces boissons seront plus facilement attirés par d'autres substances stimulantes, comme les amphétamines, la cocaïne, dont la toxicité cardio-vasculaire est avérée», explique-t-il.

Si ces boissons sont donc plus que jamais dans le collimateur, reste à mieux connaître les facteurs aggravants. C'est pourquoi l'Anses lance un nouvel appel aux professionnels de santé pour lui signaler tout cas suspect. «C'est essentiel pour améliorer notre connaissance du risque, souligne le Pr Margaritis. Les particuliers qui auraient ressentis des effets indésirables peuvent nous le faire savoir par leur médecin».