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Dimanche, 03 Juin 2012 09:50
Alors que sa nomination tarde à intervenir :
Le nouveau gouvernement entre dosages et équilibres
Par : Mourad Ait Oufella
Plus de vingt jours après les législatives, le Président n’a pas encore rendu publique la composition de l’équipe qui aura à gérer les affaires de l’État pour les deux années qui restent du mandat présidentiel.Selon certaines sources, l’annonce du nouveau gouvernement serait faite la semaine prochaine, soit quelques jours seulement après la fin des examens du bac, pour permettre au nouvel Exécutif de préparer son plan d’action qui doit être adopté par les deux Chambres du Parlement durant la session de printemps dont la clôture interviendrait avant le 20 juillet prochain.
Ce temps, pris dans la formation de l’Exécutif, serait dû, selon des observateurs politiques, à la réflexion engagée sur la forme de structuration et la composante de l’équipe qui aura pour charge de gérer les futures échéances électorales et politiques. Il faut dire aussi que la décision prise par le madjliss echoura du MSP de ne pas intégrer le gouvernement a créé une nouvelle situation inattendue à laquelle il fallait une solution et une alternative. La perspective de l’absence du parti de Soltani, pilier de la coalition politique sur laquelle repose la gouvernance depuis une quinzaine d’années, pose la problématique de la représentation du courant islamiste dans l’instance exécutive. Selon certaines sources, cette question est sur le point de connaître un dénouement à travers la reconduction de la plupart des ministres islamistes siégeant dans l’actuel gouvernement. Cette reconduction va, certes, mettre dans l’embarras et le MSP et les détenteurs de ces portefeuilles, mais il n’en demeure pas moins que certains d’entre eux ne voudront pas se dérober de la responsabilité de gérer les affaires de l’État. Certains observateurs sont allés jusqu’à s’interroger sur les intentions et motivations réelles et avérées de cette décision de ne pas intégrer le gouvernement. Pourquoi le parti islamiste n’a pas carrément retiré ses ministres qui continuent à siéger dans le gouvernement ? Il reste que certaines sources avancent qu’au moins deux ministres sur les quatre que compte ce parti seraient disposés à rempiler s’ils étaient sollicités. Ces deux cadres de ce parti seraient, à en croire des indiscrétions, prêts à désobéir au madjliss echoura au nom de la primauté de l’État sur le parti.
À propos justement de la nouvelle équipe gouvernementale qui sera connue dans quelques jours, elle serait conduite par un nouveau Premier ministre dont le nom n’est pas encore tranché, affirment des sources informées. Ces dernières avancent le nom de l’actuel ministre de l’Énergie et des Mines, Youcef Yousfi, cadre du RND et natif de Batna, pour diriger le futur gouvernement.
Ce choix pourrait s’expliquer par le nécessaire respect des équilibres politiques et régionaux dans la redistribution des cartes et des postes entre les forces en présence à l’intérieur de l’Alliance présidentielle. L’autre candidat fortement pressenti pour succéder à Ahmed Ouyahia est son ministre de l’Aménagement du territoire et de l’Environnement, Chérif Rahmani, qui a décroché six sièges dans sa wilaya natale, Djelfa en l’occurrence — le meilleur score pour le RND durant les dernières législatives du 10 mai 2012. Cette performance électorale de l’ancien gouverneur de la capitale le met dans une position de force pour coiffer la future équipe gouvernementale. Les profils politiques de ces deux ministres plaident en leur faveur, d’autant que les futures échéances sont éminemment politiques et stratégiques pour l’avenir du pays. Ceci étant, l’option d’un Premier ministre technocratique n’étant pas exclue, les indiscrétions avancent deux noms, celui de Abdelmalek Sellal, actuel ministre des Ressources en eau, et celui du ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci.
En attendant de connaître l’identité du futur Premier ministre, on parle de la nomination, à la faveur de ce changement, de Ahmed Ouyahia comme directeur de cabinet à la présidence de la République. C’est à partir du palais d’El-Mouradia que celui qui a dirigé à trois reprises le gouvernement, fait inédit dans les annales politiques mondiales, continuera à coordonner et à suivre les dossiers pour le compte du président de la République. Il faut dire que les deux postes, à savoir le Premier ministre et le directeur de cabinet du Président, ont presque le même rang institutionnel. Dans le même registre également, on parle de la nomination prochaine de l’ancien président du Conseil constitutionnel, M. Boualem Bessaieh, comme ministre d’État, conseiller du président de la République chargé des questions politiques et institutionnelles. L’actuel vice-Premier ministre, Nourredine Yazid Zerhouni, pourrait, lui aussi, rejoindre le palais d’El-Mouradia pour occuper le poste de conseiller avec le rang de ministre d’État.
Concernant la composante de la future équipe gouvernementale, on parle avec insistance de la reconduction de plusieurs ministres actuels à la tête des départements reconfigurés et restructurés en superministères.
Parmi ceux qui sont donnés restants, on cite Daho Ould Kablia, Karim Djoudi, Djamel Ould-Abbès, El-Hadi Khaldi, El-Hachemi Djiar, Khalida Toumi, Abdelmalek Sellal, Mohamed Cherif Abbas, Nourreddine Moussa, Bouabdallah Ghlamallah et Mourad Medelci, s’il ne prendrait pas la tête de l’équipe. Concernant les anciens ministres devenus députés le 10 mai dernier, on parle du retour de quatre d’entre eux, tandis que les deux autres resteront pour siéger dans les instances dirigeantes de l’Assemblée nationale.
La perspective du changement du gouvernement sera l’occasion pour l’arrivée de nouvelles têtes afin de prendre des postes ministériels. Plusieurs jeunes cadres sont annoncés pour diriger des secrétariats d’État. Parmi les noms des arrivants, on annonce l’actuel P-DG de Cosider, Lakhdar Rekhroukh, aux Travaux publics ou à l’Habitat, Tahar Hadjar à l’Enseignement supérieur, le Dr Bourezak à la Santé, Toufik Khelladi à la communication, Sidi Moussa à la Jeunesse, Boughazi à la Recherche scientifique, Mohand Amokrane Cherifi, expert et conseiller au Pnud et ancien ministre dans le deuxième gouvernement de Abdelhamid Brahimi en 1986, au Commerce et à la Coopération ; Ahmed Djoghlaf, secrétaire général adjoint de l’ONU, chargé de la biodiversité, est pressenti à l’Environnement et au Développement durable.
Côté femmes, on annonce la nomination d’au moins six à huit femmes dans le futur gouvernement. C’est ainsi qu’on parle de l’arrivée de deux sénatrices du tiers présidentiel, en l’occurrence le Dr Chachoua Louisa et le Pr Kesri Rafika, l’ancienne rectrice de l’université de Boumerdès. Il serait également question de l’actuelle présidente de l’Autorité de régulation des postes et télécommunications (ARPT), Mme Derdouri, pour remplacer Moussa Benhamadi, élu députée sur la liste du FLN le 10 mai dernier. Il est aussi question d’une directrice centrale au ministère des Affaires étrangères dont on annonce la promotion comme secrétaire d’État dans le futur gouvernement. Toujours dans le registre des promotions, on avance les noms de deux ou trois walis dont celui qui dirige la capitale comme futurs membres du gouvernement. Ces deux responsables locaux seront promus pour, dit-on, l’excellent travail qu’ils ont réalisé dans les wilayas où ils sont passés.
M A O