IL ROMPT LE SILENCE 15 JOURS APRÈS LES LÉGISLATIVESOuyahia: la riposte
Mercredi 30 Mai 2012
Par Nadia BENAKLI
Ce week-end ne sera pas de tout repos pour lui.
Tous les chefs des partis politiques se sont exprimés au lendemain des résultats des législatives, excepté M.Ouyahia.
Rendez-vous décisif pour le Rassemblement national démocratique. Le RND tient la sixième session de son conseil national demain à la Mutuelle des matériaux de construction à Zéralda.
Cette session ordinaire s'annonce indécise. Elle intervient dans un contexte particulier, marqué par des dissidences au sein du parti. Le secrétaire général du RND, Ahmed Ouyahia, va sortir enfin de la zone de silence où il s'est enfermé pour s'exprimer devant ses cadres sur la situation du parti, le RND, qui sera en conclave pendant deux jours. Contacté par nos soins, le porte-parole du RND, Miloud Chorfi, a précisé qu'il sera question de parler de la situation politique du pays, des résultats des législatives du 10 mai dernier et de la situation au sein du parti. Il faut relever que le RND est le seul parti à ne pas s'être exprimé depuis le scrutin du 10 mai. Alors que tous les chefs des partis politiques se sont exprimés au lendemain des résultats des législatives, M.Ouyahia a gardé le silence. Ce week-end ne sera pas de tout repos pour lui.
Le secrétaire général du RND aura, donc, à expliquer le score réalisé par son parti aux législatives, score bien en deçà de celui réalisé en 2007. Il a avancé de quelques sièges pour atteindre 68 sièges. Six sièges de mieux que la législature sortante, mais très loin du vainqueur du scrutin, le parti FLN.
Un autre point sera soulevé, le mouvement de redressement. Lors de cette réunion, Ahmed Ouyahia va faire face à ses démons. Les rangs des mécontents se sont renforcés.
Le SOS lancé par Nouria Hafsi, la présidente de l'Union nationale des femmes algériennes (Unfa) a trouvé, apparemment, un écho favorable. Mercredi dernier, une cinquantaine de cadres militants du RND ont lancé officiellement à Alger un «mouvement de redressement» contre Ahmed Ouyahia, composé essentiellement de membres du conseil national. Conduit par le P/APC d'Alger-Centre, Tayeb Zitouni, le mouvement de redressement contre M.Ouyahia, s'élargit de jour en jour. La mobilisation de la base est quasi générale. Selon certaines sources, d'autres personnalités se sont jointes au mouvement, tels Chérif Rahmani, député de Djelfa, qui a ramené 7 sièges au RND, lors du scrutin du 10 mai, Yahia Guidoum, membre du conseil national, Mustapha Berraf, ancien président du Comité olympique et Saïd Abadou, président de l'Organisation nationale des moudjahidine. Il faut relever que Nouria Hafsi était la première à oser s'attaquer à Ouyahia.
Les initiateurs de ce mouvement, placé sous la devise «Rendre le RND à ses militants», imputent «la déroute» du parti à Ouyahia, notamment après le score dérisoire obtenu par le RND lors des législatives du 10 mai.
Dans une déclaration virulente à l'issue de leur réunion, les redresseurs expliquent cette «dégringolade» par une «gestion chaotique, hasardeuse et antidémocratique du parti». «Ouyahia n'est en aucun cas capable d'une once de pensée sincère de démocratie. Il ne nous a pas non plus habitués à des discours à connotation démocratique», déplorent les redresseurs. Or, face à ces agitations, la direction du RND est restée de marbre. Celle-ci ignore ce mouvement. Interrogé sur ce point, le porte-parole du parti, Miloud Chorfi, n'a pas voulu faire de commentaire. «Je n'ai pas de commentaire à faire sur ce sujet», a-t-il déclaré en précisant qu'il y a un règlement interne du parti et des instances où chacun peut exprimer ses avis.
Le secrétaire général du RND, qui animera une conférence de presse samedi, sera certainement interpellé par la presse sur ce point qui fait l'actualité ces derniers jours.
Remaniement ministériel, candidature à la présidentielle de 2014, sont autant de questions sur lesquelles sera appelé à répondre le patron du RND. Dans le landerneau politique, le secrétaire général du RND est considéré comme le seul responsable qui «aurait» les capacités pour diriger le pays en 2014.
En plus de son bagage intellectuel et sa maîtrise reconnue pour les dossiers économiques, cet énarque, estiment les observateurs politiques, se met déjà dans la peau d'un présidentiable en réserve de la République. Sachant que le rendez-vous de 2014 intervient dans deux ans, les candidats s'y préparent déjà.