EXPLOSION DE GAZ DANS UNE RÉSIDENCE UNIVERSITAIRE À TLEMCEN :7 étudiants morts et 38 autres blessés
Dimanche 27 Mai 2012
Par Wahib AïT OUAKLI
Une des victimes de l'explosion
Le drame a suscité l'émoi parmi la population La fuite a été signalée par les étudiants depuis une semaine Le directeur de la résidence aurait été placé sous mandat de dépôt
Du sang, des morts, des blessés, des éclats de verre, des décombres et des gravats... Tel a été le décor apocalyptique qui régnait à la résidence universitaire, Bakhti-Abdelmadjid de Tlemcen. Avant-hier, à l'heure du dîner, les étudiants qui se trouvaient à l'intérieur du réfectoire de cette résidence, ont été secoués par une violente explosion de gaz. Le bilan a été lourd en vies humaines. 7 morts et 38 blessés dont 4 se trouvant dans un état grave, selon un dernier bilan communiqué, hier, par la direction locale de la Protection civile. Six morts sont des étudiants, originaires de wilayas du Centre (Bouira, Médéa, Blida et Tizi Ouzou) alors que la septième personne décédée est une femme de 57 ans, employée dans ce restaurant universitaire, a précisé la même source. La déflagration a été très violente. Selon des témoignages recueillis, elle a été entendue à plusieurs kilomètres à la ronde. (voir la liste complète des victimes en encadré).
«Les habitants de la wilaya de Tlemcen sont en deuil. Ce deuil doit être national puisque ce sont 7 de nos meilleurs étudiants qui ont perdu la vie, 38 autres ont été blessés dont quatre dans un état grave», a déploré un professeur de droit à l'université de Tlemcen ajoutant que «le malheur a été causé par la bêtise humaine pour laquelle il faut impérativement et immédiatement ouvrir une enquête sérieuse aux fins de situer les responsabilités de chacun dans cette tragédie qui n'aurait pas dû avoir lieu vu les budgets colossaux débloqués par l'Etat aux fins de rénover les cités universitaires». Le professeur, joint par téléphone, n'a pas caché sa tristesse en déclarant que «le campus d'aujourd'hui est devenu comme un enclos où la vie humaine est tellement banalisée qu'elle ne vaut plus rien». Une panique générale s'est emparée même des quartiers environnants de la résidence. Des étudiants, le personnel de la cité ainsi que plusieurs dizaines d'habitants du quartier Imama, couraient dans tous les sens en vue d'apporter les premiers secours. «Les premières minutes qui ont suivi l'explosion alors que le climat était intenable, tous les présents étaient affolés face aux pertes humaines et les dégâts matériels considérables», a déploré un étudiant qui s'est confié à L'Expression. Et de poursuivre d'un ton amer que «les séquences qui ont suivi étaient horribles lorsque les premières victimes ont été retirées des décombres pour être évacuées vers le centre hospitalo-universitaire Damardji. Ce n'est pas tout puisque plusieurs dizaines de bénévoles se sont mis de la partie en rejoignant l'hôpital de Tlemcen pour donner leur sang. Un véritable élan de solidarité.
Les habitants de la capitale des Zianides, qui viennent tout juste de boucler une année de festivités caractérisée par les différentes animations programmées dans le cadre de la manifestation «Tlemcen, capitale de la culture islamique», sont brutalement plongés dans la désolation et de désarroi.
Selon les échos parvenant de Tlemcen, rien n'est plus triste que cet horrible drame qui a eu lieu à l'intérieur d'une cité universitaire dédiée exclusivement aux meilleurs étudiants ou encore aux majors de promotion.
Le drame a totalement chamboulé la vie des Tlemcéniens tandis que les lectures et les interprétations sont multiples et variées. Récemment, un étudiant est décédé dans un laboratoire à l'Université de Bab Ezzouar, alors que plusieurs étudiants étaient intoxiqués à Constantine et la liste s'allonge avec ce drame. Combien faut-il de victimes pour que M.Harraoubia réagisse enfin? Il y a lieu, en effet, de s'interroger si le ministère de l'Enseignement supérieur a pris les dispositions nécessaires pour qu'un pareil drame n'ait pas lieu. N'est-ce pas que ce drame est la conséquence directe d'une gestion catastrophique, d'un ministre à la tête de ce secteur depuis dix ans? Il faut dire que le laxisme a été de mise. Surtout que certains étudiants avancent qu'ils avaient signalé cette fuite de gaz au directeur de la résidence universitaire depuis une semaine. L'enquête déterminera la véracité de ce qui est avancé. On croit savoir d'ailleurs que le directeur en question aurait été placé sous mandat de dépôt, toujours dans le cadre de l'enquête ouverte par les services concernés pour déterminer les causes exactes à l'origine du drame. Signalons enfin qu'une délégation ministérielle conduite par le nouveau ministre de l'Enseignement supérieur, Hachemi Djiar, accompagné du ministre de la Santé, Djamel Ould Abbès, s'est rendue sur les lieux du drame pendant que plusieurs membres des organisations estudiantines des campus de l'ouest du pays s'apprêtent à rallier la ville de Tlemcen en vue de soutenir moralement leurs camarades encore sous le choc
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Liste des victimes- Sahnoune Zahia 54 ans
- Bouamama Amir 20 ans
- Hamdi Kamel 20 ans
- Agoune Youcef 19 ans
- Hadjersi Abdelfettah 19 ans
- Kadir Nazim 20 ans
- Abbès Mouloud 20 ans