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Syrie : Kofi Annan condamne le «crime aveugle» de Houla
Mis à jour le 27/05/2012 à 08:09 | publié le 26/05/2012 à 10:25
Des cadavres à Houla, où au moins 90 civils, dont 25 enfants, ont été tués depuis vendredi.
La France appelle la communauté internationale à réagir après des bombardements dans le centre de la Syrie qui ont fait au moins 92 morts, dont 32 enfants de moins de 10 ans. Les rebelles menacent de se retirer du plan de paix.
• Les réactions se mutiplient après le «massacre» de Houda Le massacre commis, selon l'opposition, par le régime syrien à Houla, où les observateurs ont compté 92 morts, est une violation «révoltante et terrible» du droit international, ont estimé samedi
Ban Ki-moon et l'émissaire international
Kofi Annan. «Ce crime révoltant et terrible, dans lequel la force a été utilisée de manière aveugle et disproportionnée, est une violation flagrante du droit international et des engagements pris par le gouvernement syrien de cesser son recours aux armes lourdes dans les villes et la violence quelle qu'elle soit», estiment-ils.
La secrétaire d'Etat américaine
Hillary Clinton a condamné samedi «l'atrocité» du massacre et déclaré que Washington travaillerait avec ses alliés pour accroître la pression sur le président Bashar el-Assad et ses «affidés», affirmant que leur «gouvernement par le meurtre et la peur devait se terminer».
Le chef des
observateurs de l'ONU en Syrie, le général Robert Mood, a condamné samedi la «tragédie brutale» à Houla, dans le centre de la Syrie. «Quels qu'ils soient, ceux qui ont commencé, ceux qui ont répliqué et ceux qui ont perpétré cet acte déplorable de violence doivent être tenus pour responsables», a-t-il assuré au cours d'une conférence de presse à Damas. «Ceux qui utilisent la violence pour leurs propres objectifs pourraient créer plus d'instabilité et conduire le pays à la guerre civile», a prévenu le général Mood. «Cet usage disproportionné de la violence est inacceptable et impardonnable», a-t-il poursuivi. Et d'appeler le gouvernement syrien «à ne plus utiliser d'arme lourde et exhorte toutes les parties à arrêter les violences sous toutes leurs formes».
La
France condamne également les «massacres» de Houla, en Syrie, et les «atrocités» infligées au peuple syrien, et appelle la communauté internationale à se mobiliser davantage, a indiqué samedi matin le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius. «Je prends immédiatement des contacts pour réunir à Paris le Groupe des pays amis du peuple syrien», a ajouté Laurent Fabius dans un communiqué, dénonçant une «dérive meurtrière» du régime de Damas.
Londres et Berlin ont également condeamné avec fermeté les «massacres».
La chef de la diplomatie européenne,
Catherine Ashton est «consternée» et a condamné cet «acte odieux commis par le régime» de Damas. Catherine Ashton a réclamé qu'il cesse immédiatement toute violence.
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92 morts à Houla dont 32 enfants Les observateurs qui se sont rendus sur place ont décompté plus de 92 morts, dont 32 enfants de moins de 10 ans. L'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) avait auparavant fait état de la mort de plus de 90 civils dont de nombreux enfants dans des bombardements depuis vendredi sur la région de Houla. L'opposition a attribué ce massacre au régime. Le général Mood a ajouté que «les observateurs ont confirmé (...) l'usage d'artillerie tirée depuis des chars».
Les bombardements ont débuté vendredi midi sur la périphérie de Houla, en particulier sur les villages de Taldo au sud et Tibé à l'ouest, et ils se sont poursuivis jusqu'à l'aube. Samedi, de nombreux habitants de Tibé et Taldo fuyaient vers le centre de Houla par crainte de nouveaux bombardements, tandis que des vidéos amateur mises en ligne montrent des images terribles de cadavres d'enfants gisant par terre.
Pour sa part, l'agence officile pro-Assad Sana a accusé, comme à chacune des interventions de l'armée, des «groupes terroristes armés» d'avoir «incendié et fait exploser vendredi soir des maisons dans le village de Taldo afin de faire croire que les forces armées syriennes bombardaient la région».
«Ces groupes ont également incendié l'hôpital public du village ainsi qu'un siège des forces de l'ordre et les récoltes agricole des paysans», selon Sana.
• L'ultimatum des rebelles à l'ONU L'Armée syrienne libre (ASL), essentiellement composée de déserteurs, a estimé samedi n'être plus tenue par son engagement au plan de l'émissaire international Kofi Annan, à moins que l'ONU n'offre immédiatement une solution pour mettre fin aux violences du régime. L'ASL s'était engagée à respecter un cessez-le-feu prévu par le plan Annan, techniquement entré en vigueur le 12 avril mais constamment ignoré depuis.
Les observateurs de l'Onu sont montrés du doigt. Ils sont arrivés samedi à Houla. Vendredi soir, le chef de l'OSDH Rami Abdel Rahmane s'était interrogé sur le rôle de ces observateurs déployés pour surveiller le cessez-le-feu. «On parle depuis vendredi midi de bombardements et aucun des observateurs basés à Homs n'a bougé», avait-il déclaré. Le Conseil national syrien (CNS) presse le Conseil de sécurité de l'Onu de convoquer une réunion d'urgence pour examiner la situation à Houla. L'Armée syrienne libre (ASL, formée de soldats déserteurs) appelé samedi les «pays amis» de l'opposition à lancer des «raid aériens» contre les forces du président Bachar el-Assad.
Les observateurs de l'ONU affirment pourtant que leur présence a des vertus apaisantes, comme l'explique à l'édition papier du
Monde du samedi 26 mai Hervé Ladsous, patron des opérations de maintien de la paix à l'Onu: «Je suis convaincu que la présence des casques bleus a contribué a sauver des vies humaines». Le quotidien du soir rapporte pourtant qu'une blague en vogue dans les rues de Damas résume bien le ressentiment syrien à l'égard des observateurs: «Des habitant d'Homs interpellent un groupe d'observateurs en patrouille: ‘On se fait tirer dessus dès qu'on descend manifester dans la rue', se lamente un syrien. ‘Hé bien, restez chez vous dans ce cas là,' répond le représentant de l'Onu.»
• Homs bombardée à la mitrailleuse lourde La ville rebelle de Homs, dans le centre de la Syrie, était bombardée samedi à la mitrailleuse lourde par les forces gouvernementales, a annoncé l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), faisant état de 18 morts à travers le pays. Dans la région de Homs, trois civils ont été tués par des obus. Par ailleurs, l'armée a bombardé pour le deuxième jour consécutif les localités kurdes hostiles au régime près de la frontière turque.
Les militants pro-démocratie avaient appelé à manifester vendredi sous le slogan «Notre prochain rendez-vous, Damas», cherchant à intensifier le mouvement dans la capitale, quadrillée par les agents de sécurité. Plusieurs manifestations ont ainsi eu lieu samedi matin dans les quartiers populaires de Damas pour rendre hommage à l'Armée syrienne libre, formée essentiellement de déserteurs, et appeler à la chute du régime du président Bachar el-Assad.