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Hollande veut réaffirmer le partenariat franco-américain
Mis à jour le 17/05/2012 à 23:33 | publié le 17/05/2012 à 19:22
Barack Obama à la préfecture de Caen, le 6 juin 2009, lors des commémorations du 65e anniversaire du Débarquement en Normandie.
Le nouveau président français est reçu ce vendredi par Barack Obama à Washington. La séquence américaine qui s'ouvre aujourd'hui pour François Hollande s'annonce comme un marqueur des orientations diplomatiques du nouveau quinquennat. Accompagné de son ministre des Affaires étrangères tout juste nommé, Laurent Fabius, le président de République rencontre vendredi Barack Obama à la Maison-Blanche avant de participer, dans la soirée à Camp David, au dîner d'ouverture du sommet du G8.
Entre-temps, il aura eu, à Washington, un entretien avec le premier ministre britannique, David Cameron, dans un contexte où pèsent des interrogations sur la coopération militaire entre la France et le Royaume-Uni. François Hollande rejoindra dimanche matin Chicago où se tient jusqu'à lundi le sommet de l'Otan, dominé par l'avenir de l'Afghanistan.
L'époque est révolue où François Mitterrand, dans son fameux discours du Bundestag en 1983, avait solennellement donné des gages de solidarité atlantiste en rappelant que les «missiles (soviétiques) sont à l'Est, les pacifistes à l'Ouest». Reste que l'étiquette «socialiste» suscite toujours outre-Atlantique une forte méfiance. François Hollande devra s'attacher à la dissiper avec d'autant plus de détermination qu'il succède à un Nicolas Sarkozy ne mesurant guère son enthousiasme à l'égard du «modèle» américain. De plus, son chef de la diplomatie, Laurent Fabius, est réputé proche de la sensibilité «gaullo-mitterrandienne» de la diplomatie française, attachée à l'indépendance du Vieux Continent.
Une «relation forte» entre les deux alliésFrançois Hollande a déjà le ton de l'épure médiane dans laquelle il va tenter de s'inscrire. «Je veillerai à affirmer l'indépendance de la France sans compliquer la tâche de Barack Obama», a-t-il indiqué dans son entretien au site Internet Slate.fr, à la veille de son élection. Dans son entourage, on indique que le président de la République réaffirmera à son hôte la «relation forte» entre les deux alliés. À l'Élysée, on a relevé aussi avec satisfaction les déclarations, cette semaine, des dirigeants américains, saluant les initiatives qui ramèneraient la croissance économique en Europe. En campagne électorale et bien conscient que sa réélection se jouera, en grande partie, sur le niveau du chômage et le prix de l'essence, Barack Obama aura à cœur d'écouter les propositions de son homologue français.
C'est donc moins l'idéologie que les lourds dossiers de la crise économique et des grands enjeux stratégiques qui, selon les observateurs, pèseront sur la continuité probable des relations transatlantiques. Ainsi, les deux pays divergent sur l'utilisation des réserves stratégiques de pétrole dans lesquelles Barack Obama souhaiterait voir les Européens puiser pour faire baisser les prix à la pompe. Une option que François Hollande refuse, redoutant la surcharge ultérieure, lorsqu'il faudra reconstituer les stocks. «Il y a des règles d'utilisation de ces stocks qui peuvent être interprétées de différentes manières, mais ce ne sera pas un thème d'affrontement», minimise-t-on à l'Élysée.
Outre la relance de l'économie mondiale, la crise syrienne sera en bonne place dans le menu du G8. François Hollande, qui a appelé à plusieurs reprises durant la campagne à la fin des massacres, n'a pas véritablement marqué de distance avec la position du gouvernement Sarkozy. À Camp David, les pays les plus industrialisés réaffirmeront leur appui aux initiatives de l'ONU et à la mission des observateurs, fort menacée. La Russie, représentée par Dmitri Medvedev, sera sous pression. «Le message, c'est que si elle persiste dans son soutien à Bachar el-Assad, elle pourrait en payer le prix dans le Caucase», souligne un diplomate ayant préparé le sommet.
Toujours la question iranienneEn marge du G8, François Hollande aura d'ailleurs son premier entretien avec le chef du gouvernement russe, Dmitri Medvedev. Entre l'équipe du candidat socialiste et le pouvoir russe, les contacts ont été quasi inexistants. Même si Vladimir Poutine l'a joint au téléphone après le 6 mai, les relations personnelles sont à redéfinir. En 2007, le candidat Nicolas Sarkozy avait promis un aggiornamento dicté par la situation des droits de l'homme. L'inertie l'avait emporté.
Sur le retrait d'Afghanistan et le bouclier antimissile, le décalage est a priori patent. Toutefois, «entre la France et les États-Unis, il peut y avoir des divergences d'approche mais rien qui remette en cause notre volonté de partenariat», relève-t-on à la cellule diplomatique de l'Élysée, qui se constitue autour de Paul Jean-Ortiz, ex-directeur d'Asie et d'Océanie au Quai d'Orsay, secondé par Christian Lechervy, ancien numéro deux de la direction de la prospective au Quai d'Orsay.
La question du programme nucléaire iranien, au menu du G8, sera un baromètre de ce partenariat. Paris, très en pointe jusqu'à présent sur les sanctions, pourrait se mettre davantage au diapason de Washington sur le dialogue, pour peu que Téhéran donne des signes en ce sens. «Notre position appelant l'Iran au respect de ses obligations ne changera pas, souligne un négociateur français proche de la nouvelle majorité. En revanche, ce qui est peut-être en train de changer, c'est un contexte plus favorable au dialogue», ajoute ce diplomate qui, après Chicago, ralliera Bagdad pour des discussions, attendues de longue date, avec les Iraniens.