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Croissance : la France à la traîne de l'Allemagne
Publié le 15/05/2012 à 19:31
François Hollande s'installe à l'Élysée alors que l'économie française a stagné au premier trimestre. Outre-Rhin, l'activité a progressé de 0,5%; c'est bien plus que prévu.
Pour la première rencontre Hollande-Merkel mardi à Berlin dans les heures ayant suivi l'investiture du président, le nouveau duo franco-allemand a été scruté sous tous les angles.
Il en est un où la France n'a pas brillé dans la comparaison: la croissance. Alors que notre voisin outre-Rhin annonçait une progression de 0,5% de son PIB sur les trois premiers mois de l'année - bien plus qu'anticipé par les économistes -, l'Hexagone faisait pâle figure avec une croissance atone (0%) sur cette même période. Un chiffre attendu, certes, mais d'autant plus décevant que le quatrième trimestre 2011 a été révisé à la baisse, de 0,2% à 0,1%.
Certains y verront le signe que François Hollande doit persister dans son intention de renégocier avec l'Allemagne le pacte européen de discipline budgétaire pour y introduire un volet sur la croissance - ce à quoi la dirigeante allemande est opposée. D'autres s'inquiéteront de la position de faiblesse de l'Hexagone avant la négociation ardue qui s'engage face au pays qui confirme être la seule véritable locomotive de la zone euro.
Le chiffre de croissance de la France pour le premier trimestre confirme la tonalité du début du quinquennat du nouveau président de la République. François Hollande sait d'ores et déjà qu'il ne pourra compter sur aucun coup de pouce à court terme en faveur de la conjoncture pour mettre en œuvre son programme.
Production «au ralenti»
Aucun des moteurs de la croissance ne donne de signe de vigueur: les dépenses de consommation des ménages sont «peu dynamiques» (+0,2% au premier trimestre, après +0,1% le précédent), tandis que l'investissement des entreprises se replie (-1,4%), indique l'Insee. Et si les importations renouent avec la hausse, celle-ci ne compense pas suffisamment le ralentissement des exportations pour éviter que le commerce extérieur ne pèse sur la croissance. Quant à la production de biens et de services, elle tourne «au ralenti». Au total, l'acquis de croissance à fin mars - c'est-à-dire la progression théorique du PIB si l'activité restait stable jusqu'à la fin de l'année - s'élève à 0,2%.
Bref, François Hollande va devoir composer avec une conjoncture incertaine. D'autant plus incertaine que les événements en Grèce pourraient s'en mêler… Si l'heure n'est pas encore au risque de contagion à l'Hexagone, «il faut éviter les moments chaotiques qui perturbent tout le monde; la Grèce, c'est 2% du PIB européen, mais cela peut faire partie des petites choses qui deviennent grandes si elles sont mal gérées», souligne un fonctionnaire de Bercy.
François Hollande, lui, croit en sa capacité à faire rebondir l'activité. Son lieutenant, Michel Sapin, en veut pour preuve la politique industrielle annoncée - plus favorable, selon lui, à la croissance -, ainsi que les initiatives européennes qu'il voit se concrétiser avant la fin de l'année prochaine, grâce à un accord entre la France et l'Allemagne.
En fait, la nouvelle équipe n'a pas le choix, si elle veut respecter ses promesses de campagne et ne pas être obligée de revoir toutes ses prévisions. Moins de croissance, cela veut dire plus de chômage, plus de déficit et plus de dette. Or l'engagement intangible est de revenir à 3% de déficit public en 2013. François Hollande ne pourra se permettre aucune sortie de route.
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La dette 2011 revue en légère hausse
L'Insee a bouclé les comptes 2011. L'Institut de statistiques a d'abord confirmé, mardi, que le déficit public s'est établi en fin d'année à 103,1 milliards d'euros, soit 5,2% du PIB. Par rapport à 2010, il s'est ainsi réduit de 33,9 milliards d'euros, «en raison à la fois du dynamisme des recettes et de la modération des dépenses». Le nouveau président s'est engagé à ramener le déficit public à 4,5% du PIB fin 2012 et à 3% en 2013. Pour boucler son équation budgétaire, François Hollande compte sur la croissance (lire ci-dessus), mais il a également prévu 29 milliards de recettes supplémentaires d'ici à la fin de 2013.
Le poids de la dette publique, quant à lui, a atteint un niveau jamais atteint, à 86% du PIB, soit 3,7 points de plus que fin 2010. À 1 717,3 milliards, c'est aussi un peu plus que le chiffre qui avait été annoncé fin mars (85,8%). Enfin, le taux de prélèvements obligatoires, évalué à 43,9% (contre 43,8% précédemment), est en hausse de 1,4 point par rapport à 2010.