Ouest-Tribune Le Premier Quotidien de l'Oranie Les Français éliront aujourd’hui leur président :
Ce qui changera dans les relations algéro-françaises Dans l’aréopage politique de l’Hexagone, seul Jean-luc Mélenchon est porteur d’une vision très intéressante dans les relations algéro-françaises. Il n’a fait que 11% au premier tour. La France connaîtra aujourd’hui son président pour les cinq années à venir.Cet événement politique très suivi dans de nombreuses capitales européennes, arabes et africaines, intéresse également les autorités algériennes au plus haut point. Et pour cause, les relations algéro-françaises évolueront différemment, selon que ce soit Nicolas Sarkozy ou François Hollande qui sortira vainqueur de l’empoignade présidentielle de l’Hexagone.
Avec un Sarkozy rempilant pour un second mandat, il est fort à attendre une crispation des relations entre Alger et Paris. Au plan politique, les récents «faits d’armes» de la diplomatie française en Libye qui, faut-il le souligner, ont provoqué une situation explosive dans tout le Sahel, imprimeront des situations entre les deux capitales avec, en prime une intensification de l’attitude assez peu regardante aux aspects d’ingérence de la part de l’Elysée. Attitude qui, il faut bien en convenir, sera assortie d’un discours à double vitesse, soufflant le chaud et le froid.
Les différents ministres des Affaires étrangères de Nicolas Sarkozy ont d’ailleurs fait montre d’une bonne maîtrise de l’art de dire la chose et son contraire. De Bernard Kouchner à Alain Jupé, en passant par Michelle Aliot-Marie, la démarche a été constante, à savoir tirer un maximum de dividendes de la proximité économique entre Alger et Paris, tout en tentant de fragiliser la position de l’Algérie dans le Maghreb et en Afrique du nord.
Au plan des relations économiques, sous Sarkozy, les deux pays n’ont pas fait de pas en avant. La France est plus que jamais premier fournisseur de l’Algérie et l’économie est réduite à de simples relations commerciales dans un sens unique, de la France vers l’Algérie. Le fameux projet Renault sur lequel tablait Alger pour «refonder» les rapports économiques, n’a pas vu le jour et ne le verra sans doute pas sous Sarkozy. Les relations algéro-françaises continueront donc à n’inspirer aucun changement significatif, en cas de victoire de Sarkozy.
Une victoire de François Hollande, changera-t-elle quelque chose? La réponse à cette question, est à chercher dans le style du candidat-socialiste, dans sa tendance au dialogue, au respect qu’il voue à l’Algérie et les relations, somme toute, cordiales qu’il a nouées avec une partie de la classe politique nationale. Il est clair que l’on notera une décrispation des relations, une ouverture intéressante dans le dialogue et de nouvelles perspectives de coopération.
François Hollande fera sans doute un pas dans le sens du repentir de la France officielle pour le rôle joué par la colonisation en Algérie. Sans aller jusqu’à demander pardon, il est attendu une nette condamnation du système colonial et une meilleure communication sur le sujet en France même. Une telle perspective n’offrirait pas nécessairement une meilleure «ventilation» économique entre l’Algérie et la France.
On voit mal, en effet, un Hollande président applaudir à l’installation d’une usine Renault en Algérie, de même qu’on estime assez peu probable une nouvelle orientation de la stratégie économique française en direction du Maghreb.
Pis, il faut s’attendre à une plus grande agressivité commerciale pour récupérer les parts de marché perdues par la France en Algérie. Le discours politique, en rupture avec les agissements de l’administration Sarkozy, pourrait même faciliter pareille offensive commerciale de la France en Algérie.
Tout compte fait, le changement de majorité au sommet de la République française apportera plus de sérénité dans les rapports de ce pays avec l’Algérie, mais ne constitue nullement une perspective radicale, à même de donner à penser que les Algériens pourraient en tirer un grand profit.
Il faut dire que dans l’aréopage politique de l’Hexagone, seul Jean-luc Mélenchon est porteur d’une vision très intéressante dans les relations algéro-française. Il n’a fait que 11% au premier tour. Saura-t-il convaincre une majorité de Français en 2017?