Pour la BCE, croissance et discipline budgétaire ne sont pas incompatibles
Le Monde.fr avec AFP | 03.05.2012 à 17h35 • Mis à jour le 03.05.2012 à 18h04
"Les derniers indicateurs disponibles pour la zone euro soulignent que l'incertitude prédomine. En regardant plus loin, l'activité économique devrait peu à peu se reprendre au cours de l'année", a indiqué M. Draghi.
Répondant aux multiples appels européens en faveur de la croissance, le président de la Banque centrale européenne, Mario Draghi, a déclaré, jeudi 3 mai, qu'il n'y avait pas de contradiction entre le "pacte budgétaire" pour redresser les comptes publics en Europe et le "pacte de croissance" fondé sur des réformes structurelles qu'il prône.
"Nous devons remettre la croissance au centre de l'agenda" européen, a déclaré M. Draghi lors de sa conférence de presse mensuelle, tenue jeudi 3 mai à Barcelone, dans une Espagne minée par le chômage et la récession. Toutefois, "arrêter le redressement des comptes publics ne serait pas d'une grande aide", a-t-il mis en garde.
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"FLEXIBILITÉ" ET "MOBILITÉ"
M. Draghi exclut en effet une relance par la dépense publique des Etats, mais préconise de "faciliter les activités des entrepreneurs", jugeant que "la création de nouvelles entreprises et la création d'emplois est crucial". Il faut "accroître la flexibilité, accroître la mobilité et, troisièmement, également accroître la justice sur le marché du travail", a-t-il ajouté.
Et ce, d'autant plus que, selon lui, "les derniers indicateurs disponibles pour la zone euro soulignent que l'incertitude prédomine. En regardant plus loin, l'activité économique devrait peu à peu se reprendre au cours de l'année".
Il a précisé que ces incertitudes seraient prises en compte dans les prochaines prévisions de la BCE, en juin. Elle table jusqu'ici sur un recul du produit intérieur brut de 0,1 % cette année et une croissance de 1,1 % en 2012. Au premier trimestre, la BCE estime que l'économie s'est stabilisée, quoique à "un niveau bas" - une assertion que M. Draghi répète depuis plusieurs mois.
"INTENSIFICATION DES TENSIONS"
Les principaux risques sont désormais "une intensification des tensions sur les marchés de la dette de la zone euro et leurs répercussions potentielles sur l'économie réelle, ainsi que de nouvelles hausses des prix des matières premières", selon la BCE.
M. Draghi a par ailleurs répété que "le taux d'inflation devrait rester au-dessus de 2 % en 2012", avant de revenir en dessous plus tard, respectant ainsi l'objectif de l'institution d'une hausse des prix approchant mais restant inférieure à 2 % à moyen terme.
L'institution a gardé jeudi son principal taux directeur inchangé, au taux historiquement bas de 1 %, et a laissé inchangées ses mesures exceptionnelles contre la crise, mais son président a rappelé que la BCE "maintenait sa capacité totale à assurer la stabilité des prix à moyen terme en agissant de manière ferme et au bon moment".