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Sarkozy défie les syndicats
Mis à jour le 01/05/2012 à 22:51 | publié le 01/05/2012 à 20:44
Nicolas Sarkozy, mardi, sur l'esplanade du Trocadéro, à Paris.
Le président-candidat a rassemblé ses partisans au Trocadéro pour le 1er Mai.
«La masse immense que voilà prouve aux insulteurs que rien n'est perdu pour la France!»… Cette phrase signée de Gaulle, le 1er mai 1950, a ouvert le discours de Nicolas Sarkozy place du Trocadéro, ce mardi 1er mai. Devant une foule impressionnante, compacte, et répandue le long des avenues principales menant à la place, Nicolas Sarkozy s'est livré, pour la deuxième fois en quinze jours, à un grand discours en plein air.
Avec la tour Eiffel en toile de fond, Sarkozy s'est affiché toujours conquérant face aux sondages qui se resserrent mais l'annoncent toujours nettement battu - avec six points d'écart. Il s'est refusé à évoquer le nom de son concurrent, sauf en conclusion de son discours: «Il m'appelle toujours le candidat sortant, je voudrais lui dire qu'il n'est pas encore le candidat entrant!» Il a en revanche longuement développé sa vision de la valeur travail. Il a pleinement assumé la transgression que représente l'organisation d'un contre-rassemblement de la droite le jour du 1er mai, en défiant les syndicats et, notamment, la CGT dont le leader, Bernard Thibault a renoncé à la neutralité syndicale de rigueur en appelant à voter François Hollande. Nicolas Sarkozy les a exhortés à «poser le drapeau rouge» et à «servir la France» .
«Laissez de côté les partis. Parce que ceux que vous soutenez aujourd'hui ne vous le rendront pas», a dit Nicolas Sarkozy. «Laissez de côté les partis parce que votre rôle n'est pas de faire de la politique. Votre rôle n'est pas de défendre une idéologie, votre rôle est de défendre les salariés», a-t-il ajouté.
Devant plusieurs dizaines de milliers de personnes - «nous sommes 200.000!», a-t-il affirmé -, le président-candidat a martelé que «dans la République ce ne sont pas les syndicats qui gouvernent, c'est le gouvernement».
Bloc contre bloc, droite contre gauche, Nicolas Sarkozy a voulu incarner mardi, sur l'esplanade des droits de l'homme, le «parti de la France» contre «le parti de la lutte des classes». Plusieurs hauts responsables du PS défilaient en effet auprès de syndicats - Martine Aubry et Ségolène Royal -, mais François Hollande s'était extrait du tumulte du 1er mai pour s'incliner devant la tombe de Pierre Bérégovoy à Nevers.
Message très rassembleurQu'à cela ne tienne, Nicolas Sarkozy a dénoncé l'alliance entre le candidat et les syndicats. «À ceux qui préfèrent leur parti à la France, nous opposerons toujours ceux qui préfèrent la France à leur parti. Si nous sommes réunis en ce 1er mai, c'est bien parce que nous assumons la France dans toute sa diversité, nous assumons toute son histoire, toutes les familles spirituelles de la France, toutes les sensibilités, sans aucune exception», a-t-il soutenu. Il a dénoncé aussi le tropisme communiste de la CGT: «Je n'accepterai jamais de recevoir des leçons de morale de la part de ceux qui brandissent le drapeau qui a été l'étendard de tant de tyrannies à travers le monde.»
Laissant de côté les appels du pied au FN dans la première semaine, Nicolas Sarkozy a lancé un message très rassembleur, en rappelant qu'au-delà de sa personne, c'est pour un «nouveau modèle français» que les électeurs voteront le dimanche 6 mai. «Si nous voulons que rien ne change quand tout change autour de nous, nous perdrons tout!», a expliqué le président-candidat en s'adressant aux partenaires sociaux et au Parti socialiste. Un changement qui passe par «le travail, encore le travail, seul moyen de rembourser nos dettes, de retrouver le chemin de la croissance et de garantir notre pouvoir d'achat».
Dans une campagne dure, et dont le ton général a été très défensif, Nicolas Sarkozy a voulu renouer avec un peu d'espoir, en se présentant comme le candidat du travail, de l'effort, du mérite, «seuls chemins» vers «une grande ambition» collective.
«Nous ne voulons pas de la jalousie, de l'amertume, de la lutte des classes. Nous ne voulons pas du socialisme», a-t-il conclu, avant de citer, encore une fois, de Gaulle: «Travailleurs, c'est avec vous d'abord que je veux bâtir la France nouvelle…» À l'époque le «premier des Français» ne faisait que commencer sa traversée du désert. Nicolas Sarkozy, mardi, espérait atteindre la fin de sa traversée du désert dans les sondages, pour l'emporter. In extremis.