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L'Espagne est en crise, son roi chasse l'éléphant en Afrique
Publié le 15.04.2012, 18h10 | Mise à jour : 18h52
Juan Carlos, le roi d'Espagne, pose devant un éléphant mort lors d'une partie de chasse au Botswana, en 2006. Cette photo est à la une de plusieurs quotidiens en Espagne ce dimanche.
Juan Carlos, le roi d'Espagne, va mieux. Rapatrié d'urgence vendredi après s'être fracturé la hanche au Botswana, le monarque a été opéré samedi, ses médecins lui ont posé une prothèse. Son évolution « est totalement satisfaisante », font-ils savoir. Ces nouvelles rassurantes n'estompent pas le malaise que suscite dans une Espagne en crise son voyage en Afrique où il chassait l'éléphant.
Selon les médias espagnols, le roi, 74 ans, était au Botswana pour une partie de chasse à l'éléphant, autorisée dans ce pays à condition de payer entre 7 000 et 30 000 euros. Une information que la Maison royale a refusé de confirmer, indiquant qu'il s'agissait d'un voyage privé. Cela n'a pas empêché plusieurs quotidiens de publié à leur une une photo de Juan Carlos posant en 2006, fusil à la main, devant un éléphant mort dans ce pays.
«Une image d'indifférence et de frivolit黫Le spectacle d'un monarque chassant les éléphants en Afrique alors que la crise économique dans notre pays provoque tant de problèmes pour les Espagnols » transmet « une image d'indifférence et de frivolité que le chef d'Etat ne devrait jamais donner », écrit le quotidien de centre droit «El Mundo». L'Espagne vient de présenter un budget d'une rigueur sans précédent, le cliché ne passe pas.
Une de «El Pais» du dimanche 15 avril 2012.D'autant qu'en décembre, Juan Carlos avait appelé les responsables publics à faire preuve de « rigueur, de sérieux et d'exemplarité ». Des propos alors interprétés comme une allusion au scandale frappant son gendre, Inaki Urdangarin, mis en cause dans une affaire de corruption qui lui a valu d'être entendu par un juge en février.
Opacité autour des voyages privés du roi à l'étrangerSoucieuse de protéger l'image de la monarchie, la Maison royale l'a écarté des cérémonies officielles en décembre. Et dans un exercice de transparence inédit, elle avait alors publié pour la première fois les comptes de la famille royale. Mais pour le quotidien El Pais, trop d'opacité règne encore autour des voyages privés du chef de l'Etat à l'étranger, qui ne sont bien souvent pas « communiqués officiellement ni au gouvernement, ni au Parlement, ni à l'opinion publique ».
Google MapsLe journal conservateur et monarchiste «ABC» titrait lui dimanche sur « l'année la plus amère » du roi depuis son accession au trône en 1975, rappelant la succession de déboires récents. Cette semaine, le petit-fils âiné du roi, Felipe Juan Froilan Marichalar Bourbon, 13 ans, s'est blessé accidentellement au pied droit alors qu'il s'entraînait au tir, une pratique interdite pour les moins de 14 ans en Espagne.
Un roi vieillissantC'est la quatrième fois que le roi est opéré en deux ans. Il a été opéré d'une tumeur bénigne au poumon en mai 2010. En juin 2011, on lui a posé un genou droit artificiel et on lui a réparé un tendon d'Achille déchiré en septembre. En novembre, Juan Carlos avait tenté, sans grand succès, de dissimuler derrière des lunettes noires une contusion à l'oeil. Ces accidents à répétition soulignent les problèmes de santé d'un roi vieillissant et placent les Espagnols face à l'horizon de plus en plus proche du passage de pouvoir au prince héritier, Felipe.
Une perspective délicate pour l'avenir de la monarchie dans un pays où les sondages montrent que les Espagnols sont plus attachés à la personne de Juan Carlos qu'à l'institution, se déclarant « Juancarlistes » plutôt que « monarchistes ».