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Mali : Alger met en garde contre une intervention étrangère
Publié le 06.04.2012, 07h41 | Mise à jour : 12h42
Le Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA), importante composante de la rébellion touareg malienne, a proclamé vendredi "l'indépendance de l'Azawad" dans une déclaration sur son site internet et via un de ses porte-parole sur la chaîne France 24. |
Capture d'écran (Site internet MNLA)
«Nous proclamons solennellement l'indépendance de l'Azawad à compter de ce jour», a déclaré sur le site du MNLA et sur France 24 son porte-parole, Mossa Ag Attaher, précisant vouloir respecter «les frontières avec les Etats limitrophes». «Nous venons de terminer un combat très important, celui de la libération», a-t-il ajouté, avant de dénoncer «les forces terroristes qui ont profité de cette situation», allusion aux islamistes.
«Pas de sens», selon Paris. La France, par la voix du ministre de la Défense Gérard Longuet, estime qu'une «déclaration d'indépendance unilatérale» du Nord-Mali, «n'aurait pas de sens» si elle n'était pas reconnue par les Etats africains. Mardi, le chef de la diplomatie française Alain Juppé avait exprimé l'opposition de la France à la revendication indépendantiste du MNLA. «Ce n'est pas acceptable pour nous qui sommes très attachés à l'intégrité territoriale du Mali», avait-il souligné dans un entretien à l'AFP. Cependant, «cette revendication pourrait conduire, dans le cadre d'un dialogue national, à une forme d'autonomie assortie d'une politique ambitieuse de développement. Le Nord n'a pas assez bénéficié pour l'instant d'efforts de développement aussi importants que le Sud du pays», avait-il indiqué.
L'enlèvement des diplomates algériens condamné. Le porte-parole du MNLA a par ailleurs condamné l'enlèvement jeudi du consul d'Algérie à Gao (nord-est) «par un commando terroriste» lors d'une opération «très violente». Alger a confirmé qu'un groupe d'assaillants «non-identifiés» avait emmené le consul et six de ses collaborateurs «vers une destination inconnue». Le consulat d'Algérie a été depuis occupé par des islamistes armés qui contrôlent la ville y ont hissé le drapeau salafiste noir, selon des témoins.
L'Algérie ne veut pas d'intervention étrangère. L'Algérie «n'acceptera jamais une remise en cause de l'intégrité territoriale du Mali» et prône le «dialogue» pour régler la crise qu'affronte son voisin du sud, déclare le Premier ministre Ahmed Ouyahia dans Le Monde publié vendredi. Dans cet entretien réalisé jeudi, avant la proclamation d'indépendance de l'Azawad par le MNLA, le chef du gouvernement algérien met aussi en garde contre une intervention étrangère qui, selon lui, ne peut se traduire que par un «dérapage». Le Premier ministre algérien annonce que le Comité d'état-major opérationnel conjoint (Cemoc) - qui regroupe les états-majors militaires d'Algérie, du Niger, du Mali et de Mauritanie - se réunirait à Nouackchott (Mauritanie) «dans les prochains jours» pour examiner la situation au Mali.
Les Etats ouest-africains lèvent une armée. De leur côté, les chefs d'état-major ouest-africains réunis jeudi à Abidjan ont élaboré un «mandat» pour une force susceptible d'être envoyée au Mali, qui reste à valider par les chefs d'Etat de la région, a-t-on appris de source officielle. «Nous avons proposé au comité des chefs d'Etat de la Cédéao (Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest) un mandat pour l'engagement de la FAC (force d'attente de la Cédéao). Nous attendons un retour afin d'engager la FAC au Mali», a déclaré devant la presse le général Soumaïla Bakayoko, chef d'état-major de l'armée ivoirienne, après une douzaine d'heures de huis-clos.
La Cédéao avait annoncé plus tôt «la mise en place immédiate de cette force d'attente» entre 2.000 et 3.000 hommes, dont on ignorait encore si elle vise les putschistes, les rebelles touareg au nord, ou les deux.
La junte appelle à résister. De son côté, la junte militaire qui a renversé le président Amadou Toumani Touré le 22 mars a appelé les populations du nord du pays à «résister» aux «groupes rebelles et autres assaillants extrémistes» qui contrôlent désormais leurs régions, parlant de séquestration de ces populations.
La communauté arabe du nord malien a pour sa part annoncé la prochaine création d'un nouveau mouvement politico-militaire multiethnique pour contrer «la déstabilisation de nos régions du Nord» en proie à l'anarchie et assurer la sécurité des populations quelle que soit leur origine. «Nous travaillons ensemble (avec la junte) pour créer les conditions de levée» des sanctions diplomatiques et économiques imposées depuis lundi par la Cédéao, a déclaré le ministre burkinabè des Affaires étrangères Djibrill Bassolé, envoyé à Bamako du médiateur ouest-africain, le président Blaise Campaoré du Burkina Faso. «Je pense que ce sera pour très bientôt», a affirmé M. Bassolé, promettant de prochaines annonces «dans la bonne direction» du chef de la junte, le capitaine Amadou Sanogo.
Une situation chaotique depuis le coup d'Etat. Le coup d'Etat contre le régime du président Amadou Toumani Touré, il y a deux semaines, a plongé le Mali dans une situation chaotique : des rebelles touareg et groupes islamistes ont pris en fin de semaine dernière le contrôle des trois métropoles du Nord - Kidal, Gao et Tombouctou - sans rencontrer de résistance de la part d'une armée malienne sous-équipée, désorganisée et en déroute, coupant de fait le pays en deux. Les islamistes d'Ansar Dine, dirigés par le chef touareg Iyad Ag Ghaly, et des éléments d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) ont, depuis lors, pris le dessus sur le MNLA, qui a annoncé unilatéralement jeudi soir la fin de ses «opérations militaires».