Le coup de filet anti-islamiste devrait profiter à Sarkozy

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Le coup de filet anti-islamiste devrait profiter à Sarkozy

Mis à jour le 30/03/2012 à 17:33 | publié le 30/03/2012 à 16:39


La police a procédé vendredi matin à une vingtaine d'interpellations dans les milieux islamistes radicaux en France, notamment à Toulouse ou, comme ici, à Nantes.

Depuis les événements de Toulouse, les thèmes de la sécurité et de l'immigration sont venus au premier plan de la présidentielle.
L'arrestation vendredi matin de dix-neuf personnes, lors d'un coup de filet anti-islamiste à Nantes, à Toulouse et près de Paris, devrait maintenir les thèmes de la sécurité et de l'immigration au cœur de la campagne présidentielle.

À ce jour, le candidat qui semble avoir le mieux tiré son épingle du jeu après les chocs qu'ont été les tueries de Montauban et de Toulouse et l'assaut final du Raid contre Mohamed Merah est Nicolas Sarkozy, qui se maintient désormais devant François Hollande au premier tour dans les sondages.

«Nicolas Sarkozy a clairement tiré parti de sa fonction institutionnelle», explique Bruno Jeanbart, directeur des études politiques d'OpinionWay. «Le chef de l'État est apparu médiatiquement comme étant à la manœuvre lors des événements, et cela le favorise», confirme Dominique Reynié, directeur général de la Fondation pour l'innovation politique (Fondapol), un think-tank proche de l'UMP. «François Hollande a fait tout ce qu'il fallait, il s'est rendu à Toulouse, a fait preuve de fermeté et de conviction contre le terrorisme, mais il n'a pas été ministre et ne peut bénéficier d'une image forte associée un rôle institutionnel sur les questions de sécurité.»

En revanche, malgré l'illustration du danger de l'islamisme radical qu'a fournie Mohamed Merah, l'épisode meurtrier dans le sud-ouest de la France n'a pas profité au Front national. «Marine Le Pen a tout de suite eu un discours tonitruant et violent, mais qui a finalement renforcé le sentiment d'insécurité, en faisant craindre des règlements de comptes, alors que les Français avaient plutôt envie d'être rassurés», estime Dominique Reynié.

Un coup de filet aux mailles trop large pour les poissons du PS

«L'opération de vendredi matin va permettre à Sarkozy d'aller à la pêche aux électeurs de Marine Le Pen, ceux pour qui les questions d'immigration et de sécurité sont les plus importantes», commente François Kalfon, conseiller régional d'Ile-de-France et spécialiste des études d'opinion au PS. «C'est crucial pour Sarkozy, même pour le second tour, pour lequel il a tout intérêt à limiter au maximum l'abstention des électeurs du Front national. En revanche, ce coup de filet à des mailles trop larges pour attraper des poissons de gauche, et cela ne devrait pas bousculer l'équilibre des forces entre la gauche et la droite.»

Les sondages montrent effectivement que pour la majorité des électeurs, à l'exception de ceux du Front national, les thèmes de l'immigration et de la sécurité arrivent loin derrière l'emploi, l'état de l'économie et les questions sociales dans l'ordre des priorités. «La sécurité n'arrive qu'en cinquième position dans l'ordre des priorités pour les électeurs dans notre dernier sondage», précise Bruno Jeanbart.

Dominique Reynié pense au contraire que Toulouse «change tout dans la campagne présidentielle, même si les effets ne sont pas tout de suite identifiables». «Il s'agit de terrorisme, un type d'événement qui par définition touche profondément la société française, poursuit le directeur de Fondapol. La condition nécessaire avant de prétendre accéder au pouvoir est de montrer que l'on est conscient, déterminé et capable devant ce genre de menace. Des qualités que seuls Hollande et Sarkozy ont montrées à ce jour.»