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Sarkozy contre la venue de Youssef Al-Qaradawi
Mis à jour le 26/03/2012 à 12:10 | publié le 26/03/2012 à 11:55 Youssef Al-Qaradawi, 86 ans, célèbre prédicateur sunnite dont les émissions sur la chaîne de télévision al-Jazeera sont très suivies dans le monde musulman.
Le chef de l'État a interdit la venue en France du célèbre télévangéliste sunnite qui était l'invité du congrès de l'Union des organisations islamiques de France.[/b]
Interdit de congrès de l'Union des organisations islamiques de France par Nicolas Sarkozy, cheikh Youssef Al-Qaradawi, 86 ans, est un célèbre prédicateur sunnite dont les émissions sur la chaîne de télévision al-Jezira sont très suivies dans le monde musulman, y compris en France. Mais ce télévangéliste d'origine égyptienne, réfugié au Qatar depuis 41 ans, suscite depuis longtemps la controverse.
Tenant d'un double langage pour ses détracteurs en Occident, «égaré» au contraire par ses propos trop complaisants sur le droit des femmes pour les fondamentalistes, cheikh Al-Qaradawi s'est signalé dernièrement par ses diatribes anti-chiites, et ses appels virulents contre le régime de Bachar el-Assad en Syrie et la minorité alaouite qui le soutient.
Un pion du QatarSes «discours ne sont pas compatibles avec l'idéal républicain», a expliqué Nicolas Sarkozy ce lundi sur France-Info. Le président candidat a précisé qu'il avait pris soin d'indiquer à «l'émir du Qatar lui-même que ce monsieur n'était pas le bienvenu sur le territoire de la République française». Pour son hôte, cheikh Hamad al-Thani, Al-Qaradawi est un pion essentiel dans le sponsoring que son pays exerce désormais sur les islamistes au pouvoir en Égypte et en Tunisie, liés aux Frères musulmans, dont est issu Youssef Al-Qaradawi.
«Vous êtes une protection contre l'extrémisme m'a dit il y a quelques années l'émir», nous avouait dans sa villa de Doha Youssef Al-Qaradawi, dont l'émission hebdomadaire «la charia et la vie» sur al-Jezira est très regardée dans le monde arabe. Le cheikh y aborde les thèmes aussi divers que le crédit, Internet, la musique contemporaine, mais également les conditions pour effectuer «le djihad», la «guerre sainte».
Quand l'émir du Qatar a voulu imposer le droit de vote des femmes à la fin des années 90, contre la volonté d'une majorité de ses sujets, cheikh Hamad a demandé au très populaire prédicateur d'aller plaider dans les mosquées en faveur du vote féminin. De la même manière, lorsque les relations avec l'Algérie se tendent, Doha propose les services de cheikh Al-Qaradawi, qui sera alors acheminé à Alger dans l'avion du président Bouteflika, histoire d'aller prêcher la réconciliation nationale avec les islamistes locaux. En 2004, la France, elle-même, avait sollicité Qaradawi dans la libération d'otages en Irak.
Mais ses prises de position, souvent enflammées -il émit l'an dernier une fatwa appelant au meurtre de Kadhafi- alimentent la polémique et finissent par créer des tensions à l'encontre de la communauté musulmane ou au sein même de celle-ci.