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Obama veut la paix avec la Corée du Nord
Mis à jour le 26/03/2012 à 06:59 | publié le 25/03/2012 à 16:34 Barack Obama a scruté longuement les lignes nord-coréennes à la jumelle, sur la DMZ, la frontière la plus militarisée au monde, qui court le long du 38e parallèle.
Alors qu'une conférence internationale sur la sécurité atomique s'ouvre à Séoul, le président américain a affirmé que son pays n'avait pas d'intention hostile envers Pyongyang, tout en rejettant les «provocations».
Barack Obama monte au front. Engoncé dans son blouson de Commander in chief, le président américain a scruté longuement les lignes nord-coréennes à la jumelle, sur la DMZ, la frontière la plus militarisée au monde, qui court le long du 38e parallèle. «Vous êtes postés à la frontière de la liberté», a-t-il lancé dimanche aux GI, lors de sa première visite sur ce vestige de la guerre froide décrit par Bill Clinton comme «l'endroit le plus effrayant sur terre». Cette promenade le long des barbelés qui déchirent la péninsule depuis 1953 vise à réaffirmer le soutien sans faille des États-Unis à son allié sud-coréen à l'heure où Pyongyang engage un nouveau bras de fer avec la communauté internationale.
Lundi, lors d'un discours devant des étudiants de Séoul, le président américain, s'adressant «directement aux dirigeants de Pyongyang», leur a lancé: «Les États-Unis n'ont pas d'intention hostile envers votre pays. Nous voulons la paix». «Aujourd'hui, nous disons: Pyongyang, ayez le courage de rechercher la paix et de donner une vie meilleure aux Nord-Coréens», a-t-il dit. Il a aussi prévenu qu'il «n'y aurait pas de récompense pour les provocations», référence à la fusée que la Corée du Nord s'apprête à lancer. «Cette époque est révolue», a martelé Barack Obama.
À la veille du sommet sur la sécurité nucléaire qui s'ouvre lundi à Séoul, la Corée du Nord a déclenché une escalade régionale en annonçant le 16 mars dernier le tir prochain d'une fusée Unha-3 emportant un satellite d'observation terrestre. Ce lancement «aux visées pacifiques»marque le centenaire de la naissance de Kim Il-sung, le fondateur du régime stalinien, le 15 avril prochain, selon Pyongyang, qui clame son droit souverain à l'espace. «C'est une provocation grave», ont immédiatement décrété la Corée du Sud et le Japon avec l'appui des États-Unis, qui estiment que le lancement d'Unha camoufle en réalité le test d'un missile balistique à longue portée, au nez et à la barbe du Conseil de sécurité de l'ONU. La résolution 1874 votée en 2009 interdit en effet tout tir d'engin balistique au Royaume ermite.
Exemple de lancement d'un missile envoyé par la Corée du Nord, en 2009.
La fusée nord-coréenne va dominer les discussions entre les 53 dirigeants de la planète, réunis à Séoul, à 40 km seulement de la DMZ, pour un sommet dédié à la lutte contre le terrorisme nucléaire où la France sera représentée par François Fillon. La Corée du Nord n'est pas invitée à la fête mais a déjà réussi à voler la vedette aux diplomates réunis pour décréter des mesures de lutte contre la prolifération, dans la foulée d'un premier sommet tenu à Prague en 2010 à l'initiative de Barack Obama. Le président américain demandera à ses homologues chinois et russe, Hu Jintao et Dmitri Medvedev, de faire pression sur le jeune Kim Jong-un pour qu'il renonce à son satellite. La menace iranienne sera également à l'ordre du jour de ses entretiens, alors que Pékin et Moscou sont réticents à sanctionner Téhéran.
Exploit technologiqueL'Amérique a récemment suspendu l'aide alimentaire à la Corée du Nord qu'elle avait promise, à la suite d'un accord trouvé avec le régime des Kim en février, en échange d'un moratoire sur le nucléaire. Et elle promet une «réponse forte» si Pyongyang ne renonce pas à son projet. Ce tir serait «une grosse erreur», prévient Gary Samore, conseiller spécial d'Obama sur le nucléaire.
Mais ces menaces n'intimident pas le régime nord-coréen, qui vient d'acheminer l'étage principal de la fusée sur son pas de tir de Dongchang-ri, selon les sources militaires de Séoul. Et Pyongyang a lancé un défi aux dirigeants réunis dans la capitale sud-coréenne en leur interdisant d'évoquer son programme atomique sous peine de représailles. Tout communiqué mentionnant le dossier nucléaire nord-coréen équivaudra à «une déclaration de guerre», a rugi la dictature.
Ces déclarations fracassantes ont déclenché une réaction en chaîne en Asie du Nord-Est. Tokyo va déployer ses destroyers AEGIS équipés de batteries antimissiles afin d'intercepter la fusée qui doit être tirée entre le 12 et le 16 avril. L'Archipel a encore en mémoire le survol au-dessus de son territoire d'un missile balistique nord-coréen en 1998. Le président sud-coréen, Lee Myung-bak, a pour sa part annoncé son intention d'allonger la portée de ses missiles balistiques au-delà de 300 km afin de pouvoir menacer l'ensemble du territoire du nord.
Embarrassée par l'initiative de son petit frère communiste, la Chine ne voit pas d'un bon œil le réarmement des alliés américains dans la région et appelle toutes les parties «au calme». Mais ses moyens d'influence sur Pyongyang sont limités car «la fusée répond d'abord à un objectif essentiel de politique intérieure afin de renforcer l'emprise du jeune Kim», estime Daniel Pinkston, de l'international Crisis Group. Cet exploit technologique permettrait en effet au régime de donner le change à une population appauvrie à qui il a promis l'établissement d'une «nation puissante et prospère» en 2012.