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Karachi : Hollande favorable à la levée du secret-défense
Publié le 12.03.2012, 14h51 | Mise à jour : 18h39
François Hollande s'est engagé lundi, s'il est élu, à autoriser la levée du secret défense sur tous les documents concernant l'affaire Karachi et à laisser les juges travailler "en toute indépendance"
François Hollande s'est engagé lundi, s'il est élu, à autoriser la levée du secret-défense sur tous les documents concernant l'affaire Karachi. Le candidat socialiste a reçu à son QG de campagne en milieu de journée les proches des victimes de cet attentat perpétré au Pakistan le 8 mai 2002 contre des employés de la Direction des constructions navales. L'attaque avait fait 15 morts dont 11 salariés français.
«Il s'est engagé formellement sur la levée des documents secret défense pouvant intéresser Karachi à condition que cela ne mette pas en danger la sûreté de l'Etat», a déclaré la porte-parole des familles de victimes, Magali Drouet. «Il s'est engagé à laisser les juges travailler en toute indépendance», a-t-elle ajouté, après cette rencontre sollicitée par les familles.
M. Hollande a également promis d'étendre la protection statutaire des victimes d'attentat à leurs proches, a-t-elle dit, rappelant que les «frais judiciaires sont très lourds».
Les familles refusent de rencontrer Nicolas SarkozyPriée de dire si les familles rencontreraient d'autres candidats, elle a répondu: «il y a des personnes que je refuserai de voir et je ne donnerai pas les noms, sauf pour Nicolas Sarkozy». «Je refuserai catégoriquement de le voir, cela fait trois ans que nous avons demandé à être reçus et à chaque fois il a refusé. Je ne vois pas pourquoi il accepterait si ce n'est pour grappiller un ou deux points dans les sondages», a ajouté Magali Drouet. Les récentes prises de position du chef de l'Etat ont eu le don d'énerver les familles de victimes.
Elle a rappelé que les familles avaient été reçues en avril 2008 par Nicolas Sarkozy «avant que l'affaire Karachi ne devienne une affaire politique». L'attentat de Karachi est l'objet de deux informations judiciaires, l'une sur l'attentat conduite par le juge antiterroriste Marc Trévidic, l'autre confiée à deux juges financiers qui enquêtent sur des soupçons de rétrocommissions en marge de deux contrats d'armement, dont la vente de sous-marins au Pakistan, ayant pu alimenter la campagne d'Edouard Balladur en 1995. En janvier 2011, des archives ont été déclassifiées après un avis favorable de la Commission consultative du secret de la défense nationale (CCSDN
François Hollande «a réaffirmé sur trois sujets les principes sur lesquels il entend manifester son attachement: la question du secret défense, le fonctionnement de la justice et l'indépendance des juges sur les affaires sensibles et la protection statutaire dont doivent pouvoir bénéficier les ayants-droit des victimes des attentats», a déclaré Bernard Cazeneuve, qui fut rapporteur d'une mission d'information parlementaire sur l'attentat de Karachi.
NKM: «Hollande propose de faire exactement la même chose»
« Les déclarations de François Hollande sont extrêmement surprenantes», a réagi dans l'après-midi la porte-parole de Nicolas Sarkozy, Nathalie Kosciusko-Morizet. «Quand François Hollande dit "je rendrai publics tous les documents sauf ceux qui ne sont pas compatibles avec la sûreté de l'Etat", il propose de faire exactement la même chose, ni plus ni moins, que ce qui a été fait par le président de la République», ajoute t-elle, avant de préciser que « les documents ont systématiquement été déclassifiés quand la commission (du secret-défense) donnait son feu vert. Ça a été le cas dans la plupart des cas et les rares fois où la commission ne l'a pas donné, c'est justement au nom de la sûreté de l'Etat.»
La porte-parole du candidat UMP a également critiqué la démarche des familles. «C'est curieux de dénoncer l'éventuelle politisation d'une affaire et en même temps de juger utile, en pleine campagne présidentielle, de se rendre à un rendez-vous avec un candidat qui a manifestement pour objectif de politiser.», juge t-elle.