WEB - GOOGLE - Présidentielle 2012 > Nicolas Sarkozy
A Villepinte, Sarkozy veut réinstaller son autorité
Publié le 10.03.12 | 14h31
Meeting de Nicolas Sarkozy à Bordeaux, samedi 3 mars.
A la veille de son grand discours de Villepinte (Seine-Saint-Denis), dimanche 11 mars, Nicolas Sarkozy a un rêve : réitérer le lancement de sa campagne victorieuse, le 14 janvier 2007 à la porte de Versailles. Cependant, le président sortant a une ambition plus réaliste : repartir à la poursuite de François Hollande et l'égaler dans les sondages le 19 mars, lorsque débutera l'égalité de temps de parole entre candidats à la télévision.
Le champion de l'UMP a préparé une démonstration de force, en conviant les militants par dizaines de milliers et en faisant défiler à la tribune toute la droite républicaine. M. Sarkozy exposera ensuite sa vision de la "France forte" censée protéger les Français. La "France forte" se veut un projet aux antipodes de celui de François Hollande. Cette "France forte" aurait besoin d'un "président fort", Nicolas Sarkozy, en dépit des procès en illégitimité qui lui sont faits. Voilà pour le canevas. Puis le candidat UMP retrouvera ses rivaux au Stade de France pour le match de rugby France-Angleterre.
REPRENDRE L'ASCENDANT SUR SES TROUPESAvec Villepinte, le chef de l'Etat espère surtout mettre un terme à deux contestations, l'une sur son autorité, la seconde sur sa dérive droitière. Mardi, l'émission de France 2, même si son audience a été moins spectaculaire qu'espéré, a permis au président de reprendre l'ascendant sur ses troupes. Elle a mis fin à une semaine de dévissage initiée par la proposition de François Hollande de taxer à 75 % les revenus supérieurs à un million d'euros.
"L'émission a fait taire le début de zizanie, affirme un ministre.
Il peut y avoir des doutes dans les têtes, mais les gens se disent aussi : "Attention, il est foutu de gagner !"" Le lendemain, en conseil des ministres, François Fillon l'a félicité pour son émission. Le président a alors tancé ceux de ses ministres qu'il voyait bien peu en campagne. Il les a conviés à Villepinte avec leurs épouses.
Beaucoup pensent à l'après, et M. Sarkozy n'y est pas pour rien. En déclarant publiquement qu'il quitterait la politique s'il échouait à la présidentielle, M. Sarkozy a ouvert la voie à tous ceux qui briguent le leadership de la droite.
Vendredi, Alain Juppé a semé le trouble en annonçant au
Figaro un congrès de l'UMP à l'automne. Le ministre des affaires étrangères explique qu'il fera
"tout" pour
"maintenir l'unité" du parti dont il est l'un des fondateurs. Unité a priori menacée dans l'hypothèse d'une défaite de Nicolas Sarkozy. Manière en tout cas pour M. Juppé de signifier à François Fillon et à Jean-François Copé, secrétaire général de l'UMP, qui se déchirent déjà en coulisses pour préempter le leadership de la droite, qu'il faudra compter sur lui.
RASSEMBLER LA DROITELa seconde contestation porte sur la dérive droitière ostensible du candidat. Pas question de revenir sur telle ou telle proposition, mais le ton devrait être au rassemblement. C'est une condition posée par Jean-Louis Borloo, éphémère candidat à la présidentielle, qui devrait normalement s'exprimer à Villepinte. Le président du Parti radical attend la fin du congrès de son parti samedi 10 mars pour rallier M. Sarkozy. La grogne a monté toute la semaine dans la famille centriste.
"Je n'aime pas trop le débat sur l'immigration", a glissé jeudi Jean-Pierre Raffarin à Saint-Amand-Montrond (Cher). Deux jours après que le candidat a dit qu'il y avait
"trop d'étrangers" en France, M. Raffarin a martelé :
"L'immigré, c'est un frère, sa dignité d'homme s'impose à nous." Le ministre de la recherche, Laurent Wauquiez, a souhaité que la campagne se recadre sur les thèmes économiques et sociaux. Les sénateurs Jean-Claude Gaudin et Gérard Larcher ont fait savoir qu'ils jugeaient la polémique sur la viande halal inopportune, appelant à une
"recentralisation" du débat.
Résultat, M. Sarkozy a jugé
"excessif" le lien fait par son ministre Claude Guéant entre vote des étrangers aux élections et nourriture halal dans les cantines scolaires.
"L'affaire halal aurait été parfaite sans Marine Le Pen", confie un responsable du parti présidentiel.
____________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________
MULTIPLIER LES INTERVENTIONS RADIO-TÉLÉVISÉESVillepinte n'est pas tout. Le candidat multipliera les interventions radio-télévisées (TF1, Europe 1, M6) afin de profiter à fond des derniers jours avant la répartition officielle des temps de parole. Ensuite devrait s'ouvrir une séquence "écrite", avec des entretiens à la presse écrite, une présence accrue sur Internet et la publication du livre de M. Sarkozy.
L'Elysée attire l'attention sur le baromètre IFOP, qui accordait vendredi 9 mars à M. Hollande une avance réduite à deux points sur M. Sarkozy. Son conseiller Patrick Buisson estime qu'à moyen terme le coup de la taxation à 75 % pourrait profiter plus à Jean-Luc Mélenchon, qui progresse dans les sondages, qu'à M. Hollande :
"Les électeurs préféreront l'original à la copie", glisse-t-il. Le politologue estime que les sondages du deuxième tour partent du principe qu'une grande partie des électeurs de Marine Le Pen et François Bayrou n'ira pas voter. Il n'y croit pas.
"Rien n'est joué, renchérit Guillaume Peltier, membre de la cellule riposte de l'UMP.
L'enjeu est d'arriver en tête au premier tour. Le second tour ne bougera pas avant le premier." Historiquement, les sondages du soir du premier tour donnent le résultat du second tour.