Ouest-Tribune Le Premier Quotidien de l'Oranie Ils tentent de fédérer leurs mouvements :
Les Salafistes d’Afrique du Nord veulent le pouvoir
L’objectif final serait de fédérer toutes les forces intégristes radicales, de la région, autour d’un seul texte doctrinal, à même de constituer une sorte de programme électoral commun à tous les pays concernés par la montée du salafisme en Afrique du nord.
Des informations, en provenance des milieux intégristes algériens, font état de tentatives de connexion entre les mouvements salafistes des pays du Maghreb, ainsi que ceux d’Egypte. C’est justement le succès électoral de ces derniers qui a fait germer l’idée de la création d’une organisation politico-religieuse transnationale et résolument tournée vers une participation directe à la vie politique dans les cinq pays du Maghreb plus l’Egypte. La récente tentative de marche à Alger, les multiples «démonstrations de force» en Tunisie et un activisme entreprenant au Maroc, à l’ombre de la nouvelle équipe gouvernementale, sont, disent nos sources, autant de manifestations que l’on voudrait assez visibles pour accréditer la thèse d’une présence effective du courant salafiste, au sein de toute l’Afrique du Nord.
L’objectif final serait de fédérer toutes les forces intégristes radicales de la région, autour d’un seul texte doctrinal, à même de constituer une sorte de programme électoral commun à tous les pays concernés par la montée du salafisme en Afrique du nord et ailleurs.
L’on parle à ce propos de contact «extra-région», en direction de nombreuses communautés politico-religieuses susceptibles de partager les mêmes idées. En un mot, il serait question de la création d’une nouvelle Internationale islamiste qui ne prônerait pas la violence pour parvenir au pouvoir, mais franchement positionnée dans une logique islamiste dure qui, à terme, devrait s’imposer à toutes les sociétés.
Le document de référence censé constituer «la charte» de la nouvelle mouvance intégriste radicale n’est pas encore finalisé, mais l’on devine aisément les principales orientations misogynes et dans certains de ses aspects, carrément liberticides.
Les promoteurs de ce projet estiment que la victoire des salafistes égyptiens et l’influence grandissante de leurs compères en Tunisie, au Maroc et en Mauritanie est un appel clair de la société à une «radicalisation» de l’acte politique et religieux.
De fait, selon ces mêmes promoteurs, il devient urgent de fédérer tous les salafistes de la planète en général et d’Afrique du nord en particulier, pour que chacun dans son pays recrée son «Etat islamiste», dans l’attente de la proclamation de la «dawla islamya» d’Afrique du nord.
On affirme de même source que le projet, quoi que peu réaliste aux dires de certains, soit tout de même réalisable à moyen terme. Ils en veulent pour preuve que tous les pays concernés par ce projet sont en transition et il semble exclu une reprise en main de la situation selon le modèle algérien de 1991.
C’est là, estime-t-on, une opportunité pour lancer les troupes à l’assaut des parlements de ces pays aux prochaines élections législatives qui auront lieu entre 2014 et 2018. D’ici là, les chaînes de télévision dédiées à l’idéologie salafistes auront fait une bonne partie du travail.
Smaïl Daoudi