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François Hollande cherche un nouveau souffle
Mis à jour le 22/02/2012 à 22:35 | publié le 22/02/2012 à 20:27
François Hollande en visite au Genopole d'Evry (Essonne), le 22 février 2012.
Le contexte de la campagne du socialiste est bouleversé depuis la candidature de Nicolas Sarkozy.
François Hollande n'a pas encore trouvé la pierre philosophale. Celle qui lui permettra non pas de changer le plomb en or mais de passer du rejet de Nicolas Sarkozy, qui le porte, à l'adhésion à sa personne, qu'il recherche. Le candidat socialiste l'expliquait d'ailleurs ce week-end en Corrèze: la présidentielle s'apparente à un référendum contre le président sortant. Mais il ajoutait: «Le référendum est un rejet et un choix.» Il espère que les Français se tourneront vers lui de manière positive: «Le choix est pour moi.» À l'heure où les deux camps observent l'évolution des sondages, François Hollande poursuit sa campagne sans vouloir s'inquiéter.
Pour l'instant, donc, ça ronronne. Le candidat socialiste décline son projet de manière thématique. Mercredi 22 février, il a rendu visite à l'association AC Le Feu, dans un squat parisien. Dans l'après-midi, il se trouvait dans l'Essonne pour parler de la recherche. Jeudi, il est en Mayenne pour évoquer les questions d'agriculture. La semaine prochaine, il sera au Salon de l'agriculture, puis ira à Londres. Souvent, le même cérémonial se répète, ou presque: entouré d'une nuée de journalistes, il décline ses propositions et éventuellement dit son mot sur la polémique du jour. Puis, parfois, il participe à une table ronde. Et, à la fin de la journée, il tient un meeting.
Sauf que, depuis une semaine, le contexte a changé, avec la candidature de Nicolas Sarkozy. La question se pose d'adapter la campagne socialiste… Officiellement, la réponse est non. «Nous avons notre propre rythme, notre propre temporalité», assure le porte-parole Bernard Cazeneuve. «Nous n'allons pas faire campagne en fonction de celle de Nicolas Sarkozy et de sa stratégie de Dark Vador: musique martiale, on brandit des lances… C'est le bruit, le tohu-bohu, l'agitation et la Guerre des étoiles en permanence.»
Le ton se durcitDans l'équipe Hollande, on assure néanmoins avoir anticipé cette «séquence Sarkozy». On entre dans une nouvelle phase», reconnaît la députée de l'Indre-et-Loire Marisol Touraine. «Après l'installation (à la suite de la primaire), après le lancement de la campagne (en janvier), on entre dans la phase de la confrontation. Il semble que l'on aille vers un match à deux.» C'est ce que pronostiquent les sondages qui placent en tête Hollande et Sarkozy. Le candidat socialiste s'attend-il à un rebond du chef de l'État? «Il va prendre un point avec les ralliements de Christine Boutin et Hervé Morin», relativisait-il, il y a quelques jours, en continuant d'insister, souvenir du 21 avril oblige, sur l'importance du premier tour.
Mais, autour de lui, on évite désormais de se fixer comme objectif d'être en tête le 22 avril et on relativise les conséquences d'une éventuelle inversion des courbes. «On peut être en tête au premier tour et ne pas avoir de réserve de voix pour le second», fait-on remarquer. Il faut tenir encore deux mois. Mais pas question pour l'heure de faire de nouvelles propositions. «Je pourrais en présenter d'autres mais je ne veux pas lasser», a prévenu Hollande mercredi en meeting à Évry, signe que la question est posée. Hormis quelques détails, par exemple, sur la décentralisation en mars, ou pour réagir à l'actualité. «Nous n'allons pas réécrire les 60 propositions, mais il n'est pas exclu qu'à tel ou tel moment de la campagne nous puissions exprimer des idées nouvelles», explique prudemment Cazeneuve. «Une campagne, ce n'est pas l'organisation d'une espèce de bouquet final permanent.»
Si le fond reste le même, le ton se durcit. Maintenant que Hollande a un adversaire qui lui répond, ses critiques en paraissent plus virulentes. Par exemple, la charge sur «l'impartialité de l'État». Avant l'entrée en lice de Sarkozy, il avait déjà envisagé des changements dans l'administration sans avoir beaucoup d'écho. Désormais, ses propos font polémique. Dans
Acteurs publics, il dénonce «les nominations politiques, surtout au ministère de l'Intérieur et à la Chancellerie». Il n'en faut pas plus pour qu'à droite on s'indigne et qu'on l'accuse de vouloir mener «une chasse aux sorcières». Que François Hollande le veuille ou non, le paysage de la présidentielle a changé.