Sarkozy prêt à instaurer la proportionnelle «à la marge»

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Sarkozy prêt à instaurer la proportionnelle «à la marge»

Publié le 19.02.2012, 17h08 | Mise à jour : 20.02.2012, 06h55


Nicolas Sarkozy s'est prononcé dimanche à Marseille en faveur de l'instauration «à la marge» de la proportionnelle dans le mode d'élection des députés.

«Est-il sain que des courants politiques ne soient pas représentés ? C'est certainement une question à laquelle il faudra répondre», s'était-il déjà interrogé fin janvier, au cours de son intervention télévisée. Ce dimanche, il a levé un coin du voile sur ses intentions. «Il reste la question du mode de scrutin qui tient à l'écart du Parlement, de grands courants de notre vie politique et qui pousse en définitive aux manoeuvres d'appareils», a ainsi fait valoir le candidat de l'UMP.

Sarkozy : «Que tous les grands courants politiques puissent avoir des parlementaires»

Pas question pour autant de renier l'action du général de Gaulle et les institutions de la Ve République. Il y a même rendu longuement hommage, insistant notamment : «Je le dis d'emblée : je suis convaincu qu'un mode de scrutin a d'abord pour objectif de dégager une majorité capable de gouverner.» Et d'insister : «C'est pourquoi je suis attaché au scrutin uninominal à deux tours qui a cette vertu.»

Néanmoins, le chef de l'Etat juge «cependant qu'on pourrait le corriger à la marge pour que tous les grands courants politiques puissent avoir des parlementaires». Sans préciser si cette réforme, réclamée notamment par le Front national et François Bayrou, président du MoDem, pouvait intervenir avant les législatives de juin, il a lancé : «La République est plus forte quand tout le monde est représenté en son sein plutôt qu'en excluant systématiquement certains.»

Marine Le Pen pointe une «promesse» déjà faite «en 2006»

Appuyant ainsi sa démonstration, il a brocardé une nouvelle fois l'accord Verts-PS : «Ce qui s'est passé avec le nucléaire c'est tout simple : un courant politique, pour avoir des sièges, négocie avec un autre courant politique sur le tapis vert.»

«Je remercie Nicolas Sarkozy, je viens de perdre cinq ans d'un coup d'un seul», s'est amusé Marine Le Pen. Interrogée sur i-télé, la candidate du FN à la présidentielle a rétorqué : «J'ai l'impression d'être en 2006, puisqu'il avait déjà fait cette promesse en 2006.» Porte-parole du MoDem,Yann Wehrling a lui aussi souligné, sur i-télé, que le président de la République avait déjà évoqué cette question, concluant : «Les promesses n'engagent que ceux qui y croient.»

«Un leurre» pour Bayrou

«C'est un nouveau leurre», a assuré François Bayrou à l'AFP. Selon le candidat MoDem, «l'idée de proportionnelle» est «incompatible avec l'expression à la marge» avant d'ironiser «la charité de quelques sièges, merci beaucoup». Il a fini par qualifier l'annonce du chef de l'Etat «sans consistance, sans fondement et sans sincérité».

François Hollande, le candidat du PS, a pour sa part indiqué sur BFM TV que le chef de l'Etat «a fait voter une réforme constitutionnelle (...) où il a écarté la proportionnelle». «Je pense que c'est nécessaire pour le pluralisme», a par ailleurs ajouté François Hollande qui a souligné que lui «ne fait pas cette proposition pour donner des signes» au MoDem ou au Front national.

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Le mode de scrutin en question

Mis à jour le 19/02/2012 à 21:28 | publié le 19/02/2012 à 20:26


Nicolas Sarkozy, dimanche, lors de son premier grand meeting, à Marseille.

Moins d'élus et l'introduction d'une dose de proportionnelle, c'est la potion amère que propose Nicolas Sarkozy à ses troupes de l'UMP.

Il avait annoncé une surprise par jour de campagne. Voici celle de Marseille. À la fin de son discours, Nicolas Sarkozy a affirmé son souhait, «dans un souci de renforcement de notre représentation démocratique», de «corriger à la marge» le mode de scrutin des législatives «pour que tous les grands courants politiques puissent avoir des députés à l'Assemblée nationale».

Le président-candidat a proposé dans la foulée d'«engager sans tarder avec toutes les formations politiques, un dialogue pour arriver à réduire le nombre de parlementaires de façon consensuelle et républicaine».

Moins d'élus et l'introduction - vraisemblable même s'il ne prononce jamais le mot - d'une dose de proportionnelle. C'est la potion amère que s'apprête à administrer Nicolas Sarkozy à ses troupes de l'UMP, qui sont les plus réticentes sur ces questions. Les Verts et le MoDem, qui disposent en tout de 7 élus au Palais Bourbon, défendent depuis longtemps l'introduction d'une dose de proportionnelle aux législatives. Le FN, qui n'a pas d'élus à l'Assemblée, y est également favorable. Même le PS a inscrit la mesure à son programme.

Sortir des blocages

Mais à l'UMP, parti de tradition majoritaire héritier du RPR, c'est une autre paire de manches. Le secrétaire général Jean-François Copé, à qui Nicolas Sarkozy s'est directement adressé dimanche, a à plusieurs reprises fait connaître son opposition à la proportionnelle.

Face aux corps intermédiaires, et la classe politique en est un, Sarkozy a annoncé qu'il consulterait le peuple par référendum pour sortir des blocages. Vendredi, alors qu'on soumettait à Copé l'idée d'un référendum sur une double réforme (modification du mode de scrutin et réduction du nombre de parlementaires), il a répondu en comparant une telle manœuvre à un «référendum commun sur la légalisation de la drogue et le rétablissement de la peine de mort».

«Montrer l'exemple»

À la sortie du meeting, le président de l'Assemblée, Bernard Accoyer, s'est félicité que le candidat ait «lancé l'idée d'une réflexion sur la représentation parlementaire», en rappelant que l'augmentation du nombre de députés en 1986 avait coûté «2 milliards d'euros» en vingt-six ans. Nous devons montrer l'exemple», souligne la députée Valérie Rosso-Debord. Depuis la réforme constitutionnelle de 2008, voulue par Nicolas Sarkozy, le nombre de députés «ne peut excéder 577». Reste à connaître exactement les modalités et le calendrier proposé par le président-candidat. Pour un proche de Sarkozy, tout cela serait possible dès les législatives de juin, avec une Assemblée réduite à 300 élus. Parmi les pistes, celle d'un mode de scrutin proche de celui des municipales où la liste arrivée en tête obtient la majorité des sièges, le reste étant distribué à la proportionnelle.

Les propositions de Nicolas Sarkozy risquent bien d'animer la campagne et forcer chacun à se positionner. «Si cela pouvait mettre François Bayrou dans de meilleures dispositions à notre égard», espère un cadre UMP. En revanche, elles pourraient perturber un peu plus le travail législatif d'ici à la fin du mandat, et notamment l'adoption de la TVA sociale encore en cours d'examen.

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Vers 10 % de proportionnelle aux législatives ?

Publié le 20.02.2012, 15h11


Nicolas Sarkozy s'est prononcé dimanche à Marseille en faveur de l'instauration «à la marge» de la proportionnelle dans le mode d'élection des députés.

Nicolas Sarkozy a tranché. Malgré l’hostilité d’une majorité de l’UMP, le candidat s’est engagé hier à « corriger à la marge » le mode de scrutin majoritaire des législatives en instillant une dose de proportionnelle. Un engagement également pris par François Hollande. Interrogé par notre journal, Sarkozy a précisé que cette dose serait de 10%. « On va en discuter », a-t-il ajouté. Son objectif : « Que tous les grands courants politiques puissent avoir des représentants », car « la République est plus forte lorsque chacun s’exprime à l’intérieur ». Le président-candidat n’a pas précisé si cette mesure pourrait s’appliquer dès le scrutin de juin. L’usage veut toutefois qu’on ne modifie pas les règles à moins d’un an d’une élection.

Le tacle de Bayrou

Serpent de mer de la vie politique, la proportionnelle est une revendication de François Bayrou et de Marine Le Pen. C’est aussi une des conditions posées par Jean-Louis Borloo à son ralliement. A l’UMP, Jean-François Copé mais aussi François Fillon y sont hostiles. De nombreux élus de droite rappellent que la proportionnelle intégrale, instituée par François Mitterrand en 1986, avait fait entrer 35 députés du FN à l’Assemblée. « Je suis attaché au scrutin uninominal à deux tours, ce scrutin doit rester la règle », les a rassurés Sarkozy, qui a par ailleurs proposé de réduire le nombre d’élus au Parlement et a invité tous les partis politiques à « engager sans tarder un dialogue consensuel et républicain ».

Coïncidence? C’est aussi une proposition phare du MoDem de Bayrou. Lequel a réagi hier soir sèchement à tous ces clins d’œil : « C’est un nouveau leurre. Parce que l’idée de proportionnelle, c’est-à-dire d’un scrutin juste, qui respecte équitablement tous les grands courants de la vie politique, est incompatible avec l’expression à la marge. La charité de quelques sièges, merci beaucoup », a déclaré le candidat du MoDem.